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Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire : Les petits pas de Soro

Publié le jeudi 5 avril 2007 à 09h06min

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Guillaume Soro

Même si le gouvernement de réconciliation nationale n’a pas encore été mis en place, l’accalmie observée sur le front politique ainsi que les intentions que l’on prête au Premier ministre Guillaume Soro, laissent entrevoir que celui-ci est en passe de réussir avec brio, son premier test grandeur nature, à savoir la composition dudit gouvernement.

Science ou art, on ne saurait dire ce qu’est la politique, même s’il est certain qu’elle emprunte à la fois à l’histoire, à la sociologie, à l’anthropologie, à l’alchimie, voire à la « chimie noire » (honni soit qui mal y pense) le tout enrobé dans la bonne dose de tact, de flair pour ne pas dire de « nez ».

Guillaume Soro, malgré son jeune âge a « ingéré » cette donne à la lumière des informations qui filtrent sur la composition du gouvernement chargé de mener la transition politique en Côte d’Ivoire. On retiendra d’abord que Soro n’a pas voulu heurter de front Laurent Gbagbo en octroyant au Front populaire ivoirien (FPI) la part du lion dans ce gouvernement.

Un peu plus de la moitié des strapontins devront revenir audit parti et, même si l’on dit que Soro ne veut pas collaborer avec certains barons (Amani N’Guessan) l’onction de Gbagbo et la caution de son vieil ami, Charles Blé Goudé, patron des Jeunes patriotes sont des signes du climat serein qui règne désormais entre les anciens frères ennemis. « L’esprit de Ouaga les habite toujours », notent les observateurs, surtout que Gbagbo ne cesse de clamer que la guerre est « finie » et invite ses compatriotes à « investir » le Nord du pays, jadis bastion inexpugnable des Forces nouvelles.

Le nouveau ballon d’or africain, Didier Drogba, est allé « faire son farot » à Bouaké, son trophée sous les bras, accompagné à l’occasion de certaines personnes, « indésirables », il n’y a pas longtemps dans le grand Nord. Le « Che » (surnom de Soro sur le campus) prouve sa stature d’homme d’Etat, lui dont le parcours « initiatique » en politique ne présageait pas d’une ascension si fulgurante.

C’est vrai qu’il a toujours été un meneur d’hommes sur le campus et qu’il maîtrise sur le bout des doigts ses classiques révolutionnaires, mais la « faune » politique ivoirienne est si dense et si touffue qu’on ne peut que rester admiratif face à cette nouvelle dimension.

Une dimension qui s’est exprimée de façon plus éclatante dans ses rapports avec ses alliés houphouétistes (le RDR et le PDCI/RDA) qui avaient manifesté quelques inquiétudes de se voir marginaliser du processus de paix, enclenché, le 5 février dernier sous l’égide du président Blaise Compaoré.

En choisissant de leur octroyer plus de la moitié des postes ministériels qui reviennent au G7, Soro calme non seulement leur inquiétude, mais surtout garde intact le « front républicain » qui s’était formé pour faire face aux « dérives » du camp d’en face. L’exigence de veille est plus que jamais d’actualité, le chantier n’ayant pas encore commencé.

Soro s’aménage ainsi une porte de sortie plus large en cas de grippage du processus, les houphouétistes partageant nombre de ses vues, notamment sur la question de l’identification. Soro bénéficie certes de sa maîtrise de la science ou de l’art politique, mais aussi du fait qu’il ne constitue pas une menace pour les barons du landerneau politique, du fait qu’il est exclu de la course à la présidentielle. Bien sûr, il va se bonifier à l’exercice de sa haute fonction et va densifier son réseau relationnel, mais, les « gourous » peuvent voir venir.

La redistribution des cartes politiques n’est donc pas pour demain en Côte d’Ivoire, malgré le « surgissement » de Guillaume Soro.
En attendant que la composition officielle du gouvernement confirme toutes ces impressions, Soro continue donc sa marche en avant sur le sentier de la paix.

Boubakar SY

Sidwaya

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