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32 ans après la mort d’Amirou Thiombiano : Soumane Touré pleure toujours

Publié le mardi 3 avril 2007 à 09h03min

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Des militants du Parti africain de l’Indépendance (PAI), avec à leur tête le secrétaire général de ladite formation politique, Soumane Touré, sont allés rendre hommage à Amirou Adjima Thiombiano, le fondateur du parti, disparu en 1975. C’était le 30 mars 2007 à Fada N’Gourma, province du Goulmou, dans l’Est du Burkina Faso. L’émotion était forte.

"Amirou Thiombiano, pour nous, est le fondateur du Parti africain de l’Indépendance. Il était parmi les premiers cadres de notre pays. C’est celui-là qui a été le premier directeur général des Douanes dans notre pays quand les Européens sont partis.

C’est le militant syndical, c’est l’ancien responsable du mouvement étudiant. Pour tout dire, les gens lui faisaient confiance. L’Union générale des étudiants voltaïque (UGV) l’avait choisi comme président d’honneur. Pour nous, c’est un grand frère ; il nous a fait faire nos premiers pas en politique.

Nous essayons de suivre son exemple". C’est à cet homme, ainsi brièvement présenté par Soumane Touré, secrétaire général du PAI et un de ses héritiers politiques, que des militants du Parti africain de l’Indépendance ont rendu hommage, le 30 mars dernier, date anniversaire de la naissance de l’illustre disparu.

Soumane Touré et ses camarades, parmi lesquels les députés Théodule Da et Bakary Séré, ont, à l’occasion, sacrifié à une tradition : "Nous voilà donc réuni, ce jour pour renouveler l’engagement pris au nom de tous les militants du PAI, le 13 mars 1975 (NDLR : au décès du fondateur du PAI, Amirou Thiombiano) par Ali Pascal Zoungrana".

La journée du souvenir, organisée à Fada N’Gourma, province du Goulmou dans l’Est du Burkina, s’est déroulée au secteur 10 de ladite ville.

La cérémonie, somme toute sobre, a été marquée par un témoignage funèbre, lu par le docteur Jean Sanou, premier adjoint au secrétaire général du PAI, et un discours historicopolitique, prononcé bien entendu par un Soumane Touré que l’émotion a secoué jusqu’aux larmes. Morceaux choisi : "La situation des peuples dans le monde et particulièrement en Afrique se caractérise par une grande pauvreté matérielle, morale et psychologique. Cette situation leur impose la lutte comme seule issue.

Amirou Thiombiano avait donc vu juste de choisir le Marxisme-Léninisme comme réponse idéologique et comme fondement du parti (...). Les mises en garde que notre camarade a faites après le 3 janvier 1966 et en 1974 contre les dictatures militaires et le Bonapartisme restent pertinentes (...).

C’est le style d’analyse et de travail que tu nous as laissé que nous avons tenté de préserver, tout en nous battant pour préserver le parti (...)". "Nous croyons avoir réussi à imposer le parti sur l’échiquier national...".

Par moments, le S.G. du PAI, en lisant les derniers passages de son speetch, réprimait difficilement quelques larmes. Mais passé l’émotion, Soumane Touré trouvera son souffle pour lâcher avec sa verve de syndicaliste, que dis-je, d’homme politique : "Il n’est plus de ce monde, mais, nous, qui sommes ses amis et ses camarades, avons décidé de ramener son parti à la maison ; d’abord, pour faire connaître ce fils du Goulmou à ses parents, à ses frères, à ses enfants ; et pour dire qu’aujourd’hui au Burkina Faso, le PAI est le seul parti qui n’ait pas été créé pour l’intérêt d’un individu.

Le PAI n’est pas né de la scission d’un autre parti, parce que des dirigeants se sont bagarrés, et que chacun est parti de son côté avec un morceau... Nous nous engageons, pour la prochaine fois, à mieux organiser cette célébration pour faire connaître Amirou Thiombiano à toute l’Afrique. Notre parti est engagé dans les législatives à venir, et notre souhait le plus ardent, c’est que les fils du Goulmou qui sont venus au PAI entrent à l’Assemblée nationale avec le soutien des populations du Goulmou...

Ainsi, peut-être que chez nous, diminuera le sentiment qu’Amirou nous a tout donné, mais, qu’en retour, nous n’avons rien pu donner à ses parents".. Fait notoire à cette journée du souvenir d’Amirou Thiombiano, l’absence de certains militants et non des moindres. Et Soumane Touré d’expliquer cela par le fait que le parti a mal à sa direction, au militantisme : "Vous le savez, depuis 1998, avec la fameuse affaire PAI, nous en sommes encore là aujourd’hui ; ils ne sont pas là, c’est un constat".

La quasi-absence aussi des membres de la famille s’est fait sentir, même si un monsieur répondant au nom de Bapougni Nassouri, neveu d’Amirou Thiombiano, était à la cérémonie.

Pour SoumaneTouré, il y a des raisons au fait que les gens de la famille n’ont pas fait le déplacement à Fada : "La famille à l’habitude de demander des messes en la mémoire du défunt. Chez nous, c’est une manifestation politique. Il n’y a jamais eu de problème entre nous et les parents d’Amirou Thiombiano".

Après le cérémonial d’hommage à l’homme, la délégation de Ouagadougou et des militants venus d’autres localités se sont rendus au domicile de l’illustre disparu, où celui-ci repose, pour s’incliner sur sa tombe.

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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