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Soro Premier ministre ivoirien : Compaoré redistribue les cartes

Publié le lundi 2 avril 2007 à 08h14min

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Laurent Gbagbo et Blaise Compaoré

Les choses se sont accélérées au bord de la lagune Ébrié. Le nom du futur Premier ministre de Côte-d’Ivoire est désormais connu depuis lundi dernier. C’est donc Guillaume Soro qui déposera ses bagages à la primature.

En tout cas, le décor était planté depuis la semaine dernière avec le ballet diplomatique observé du côté de Ouaga 2000, où se tiennent les séances de négociations serrées entre les protagonistes de la crise ivoirienne qui ont abouti à sa désignation. Sa nomination officielle par le président Laurent Gbagbo ne saurait tarder, si ce n’est déjà fait.

Charles Konan Banny, qui n’aurait pas été mécontent de se succéder à lui-même, pensait même être l’homme qu’il fallait. Pour ce faire, il avait commencé les grandes manœuvres dont la plus en vue est la marche de soutien que ses partisans ont organisée en fin de semaine dernière à Yamoussoukro, la capitale politique ivoirienne, pour exiger qu’on lui confie à nouveau les rênes du gouvernement.

Avec cette occupation de rue, il a fait une certaine démonstration de force, mais les atouts de ce grand commis de la Banque centrale ouest-africaine ont fondu comme neige au soleil. Son parrain officiel, c’est-à-dire le Conseil de sécurité, n’a pas trouvé à redire à l’intention du président Laurent Gbagbo de le dégommer.

L’ancien gouverneur de la BCEAO a fait son temps et son étoile ne pouvait plus briller. Lui-même en est conscient, et selon certaines indiscrétions, il se battrait pour retrouver son siège à la banque centrale. Sa dernière visite dans la capitale burkinabè devait, semble-t-il, convaincre le médiateur en chef, Blaise Compaoré, de l’aider dans ce sens. Puisqu’il n’était plus dans la course, c’était normal que le boulevard se soit ouvert devant le chef des Forces nouvelles, Guillaume Soro.

En effet, il était devenu quasiment le seul à répondre au profil de chef de gouvernement de Côte-d’Ivoire. Sa nomination n’est donc pas une surprise pour les observateurs avisés de la scène politique ivoirienne. Le RDR et le PDCI ne pouvaient pas avoir la moindre prétention, car c’était justement pour les mettre hors jeu qu’était née l’idée de ce dialogue direct.
Et puisqu’il ne pouvait pas proposer un candidat de ses rangs, l’entourage du président ivoirien a fait contre mauvaise fortune bon cœur pour accepter l’ancien chef rebelle.

La dernière ligne droite ainsi tracée, les principaux leaders accorderont leur violon pour mettre sur pied un gouvernement de consensus afin que la Côte-d’Ivoire reparte du bon pied. Dans ce cheminement vers la paix, les observateurs sont surtout marqués par les rebondissements de cette guerre fratricide.

En effet, Ouagadougou, la pestiférée des années 2002, 2003 et 2004, est devenue la ville incontournable dans la résolution de la crise. Blaise Compaoré, qui était traité en paria par les hommes de main de Laurent Gbagbo, est celui vers lequel tous courent. De la bouche même de certains Ivoiriens, « pour être quelqu’un de respecté en Côte-d’Ivoire dans la situation actuelle, il faut avoir l’onction de l’enfant terrible de Ziniaré ». Ce n’est certainement pas une déclaration en l’air, puisque Ouagadougou peut se targuer d’être devenue la capitale politique de la Côte-d’Ivoire. Tous ceux qui y ont fait le pèlerinage ces jours-ci seront à coup sûr les têtes de proue du prochain exécutif ivoirien.

Mieux, avec la formation d’un nouveau gouvernement, le Burkina Faso et son président joueront un rôle encore plus important. C’est Blaise Compaoré qui sera effectivement celui vers qui les uns et les autres vont se retourner au moindre couac. Voilà qui établit définitivement qu’au-delà des clauses de styles et des formules diplomatiques, le Burkina Faso et la Côte-d’Ivoire sont liés par l’histoire et la géographie.

Adam Igor

Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 2 avril 2007 à 21:31 En réponse à : > Soro Premier ministre ivoirien : Compaoré redistribue les cartes

    Chers internautes,

    Que de temps et de sang perdus dans ce dédale ivoirien où, finalement, la volonté de vivre ensemble l’a remportée sur toutes autres considérations.
    Et dire que le Président du Faso a été traité de tous les noms, sans réagir.
    Moralité de l’histoire, face à des attaques injustifiées, il faut garder son sang froid et la sérénité indispensables. L’essentiel est que les frères ivoiriens vivent définitivement cette paix pour le bonheur et l’expansion du peuple ivoirien.
    Me Kéré, France.

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