LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Députation : Voir l’hémicycle et se nourrir

Publié le lundi 2 avril 2007 à 08h47min

PARTAGER :                          

Les partants officiels pour les élections législatives du 6 mai 2007 sont désormais connus. Que ce soit du côté des partis ou des hommes politiques, les dés sont jetés. Il ne reste plus qu’à affronter la canicule et à savoir quoi raconter aux masses laborieuses qui décideront de choisir qui va les représenter à l’Assemblée nationale.

L’engouement qu’a suscité le dépôt des candidatures dans toutes les chapelles politiques prouve que les politiciens burkinabè ont pris goût, sinon à la fonction de représentation, du moins à celle d’agent d’une certaine fonction publique parlementaire qui ne dit pas son nom. Ils ne sont pas nombreux, il faut l’avouer, ceux et celles qui ont vocation d’aller parlementer. La majorité d’entre eux va simplement pour palper. Demander aujourd’hui à quoi sert un député pourrait attirer les foudres sur celui qui oserait poser cette question.

Pourtant, au regard du fonctionnement des législatures passées, on est en droit de se poser la question sur la nécessité d’une représentation par province ou par région, quand on sait qu’une fois dans l’hémicycle c’est la fibre partisane, celle du parti politique, qui fait plus agir les députés plutôt que les questions liées à leur terroir d’origine.

Sinon, il n’y a pas de raison qu’une fois dans cette tour dorée les élus ressortissants d’une même province ou d’une même région se regardent en chiens de faïence alors qu’ils sont censés défendre les intérêts d’une même population.

D’ailleurs, le mode même de constitution des groupes parlementaires prouve qu’une fois les écharpes arborées, les terroirs on s’en fout, c’est le parti ou l’odeur idéologique qui prime. Même quand viennent les moments de descentes aux villages aux frais du contribuable, ce n’est point pour se donner la main pour arranger, mais c’est pour se glisser des peaux de bananes et jouer aux singes : les uns construisent, les autres détruisent et vice et versa.

A y réfléchir, il n’y a pas lieu de jeter la pierre sur les honorables de la République. Leurs attributions sont clairement définies : voter la loi, consentir l’impôt et contrôler l’action gouvernementale. Un député qui déciderait de rester à Ouagadougou, siège du Parlement, durant tout son mandat le remplirait correctement sans se soucier des funérailles, baptêmes, mariages ou autres mauvais états des routes.

Au fond, même les crédits-subventions (plutôt subventions) de trois briques, destinés à des micro-projets sont en fait source de corvées dont un élu pourrait bien se passer s’il n’a pas vocation de rempiler pour un autre mandat. Sur ce plan d’ailleurs, ils sont nombreux, ceux qui n’ont pas encore décidé publiquement de faire le bilan de leur mandat.

C’est connu, c’est plus commode de se réfugier derrière le bilan du parti. Alors, si le village, le département, la province ou la région ne comptent que pour du beurre dans les votes de lois, le consentement des impôts et les contrôles des actions gouvernementales, pourquoi ne pas se contenter de listes nationales ?

Bref, il faudra tout de même réduire le hiatus entre les promesses électorales des candidats à la députation et leur travail au quotidien sur le terrain (autre que l’agitation politique) durant leur mandat, surtout qu’il y a de la concurrence dans l’air avec les conseillers municipaux qui ont le devoir d’être plus concrets dans leurs actions.

Journal du jeudi

PARTAGER :                              
 LeFaso TV