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Journée nationale de Pardon : Pardonner, c’est savoir vivre ensemble

Publié le samedi 31 mars 2007 à 09h42min

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Monument aux martyrs à Ouaga 2000

Ce 30 mars, le Burkina vit au rythme d’un anniversaire pas comme les autres. Celui de la Journée nationale de Pardon. Célébré pour la première fois en 2001, l ’événement, quoiqu’on dise ses détracteurs est d’importance majeure dans l’histoire nationale par sa signification et la volonté politiques qui a prévalu à son institution.

C’est une journée d’introspection et d’interrogation en vue de mesurer les erreurs du passé, d’envisager le futur dans le pardon et la réconciliation. Comme le dit Hamadou Hampaté Bâ : « La grandeur d’un homme se mesure à sa capacité à prononcer et à vivre ce mot pardon ».

Lorsqu’on est en mauvais terme avec une personne, la meilleure solution pour résoudre le malentendu est d’aller vers elle pour une réconciliation. Même si on croit avoir raison. Cette attitude, on vous le dira à tort, est réservée aux lâches. Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir cette capacité de pardonner pour accepter son prochain. Surtout si on a perdu un proche parent, ou qu’on a été victime. Les rancoeurs ne sont pas toujours faciles à gommer même si on a la volonté de le faire.

Si bien que certaines victimes, on les comprend, ne sont pas encore disposées à pardonner. Il est certain que c’est douloureux de perdre un membre de sa famille, mais le pardon est nécessaire pour les générations futures.

En 2001 la société burkinabè avait certainement besoin d’un électrochoc pour enfin sortir de la logique de surenchère dans laquelle sa classe politique semblait vouloir la maintenir. Le 30 mars fut un arrêt pour un repentir collectif. Cette journée n’était pas tout simplement symbolique.

Elle était un réel moment d’une grande portée politique. Elle joue un grand rôle dans l’ancrage d’une culture du dépassement de soi et de la tolérance. Si en quelques années, la violence en politique a pu causer autant de dégâts à la société burkinabè, c’est que comme l’a dit Blaise Compaoré « sous les Ière , IIe et IIIe République des clans se sont formés et se sont affrontés.

Des séquelles et des fractures se sont constituées... » sous les régimes d’exceptions, les clivages idéologiques, ont atteint leur paroxysme exacerbant la lutte entre les diverses composantes de la société, consacrant une vision manichéenne de la société.

Durant des décennies donc, les rapports politiques sont restés, les otages de cette logique d’affrontement, les débats ont rarement pris de la hauteur pour transcender les carcans idéologiques individuels et la propension forte à recourir trop souvent aux règlements de compte sommaires. C’est à ce niveau que la journée de pardon prend toute sa valeur, et s’inscrit résolument dans l’avenir et dans la promotion d’un nouvel art de vivre ensemble.

Le pardon est un chemin d’or

Le pardon est la clé de voûte des plus grandes religions du monde tels le bouddhisme, l’islam et le christianisme, etc. Il est la base de la charpente de l’enseignement des plus grands prophètes de nos religions révélées par le Christ et Mohamet. Lorsque nous examinons une société comme la nôtre, les maux graves qu’elle vit découlent du manque de pardon. De même qu’il n’est pas demandé de même il n’est pas accordé. Le pardon, c’est la réconciliation, c’est la miséricorde. Pardonner, c’est vivre... tous les 365 jours de l’année qui doivent de ce fait être des journées de pardon.

Jésus enseignait à ses disciples de pardonner 70 x 7 fois par jour. C’est dire que le pardon doit être au centre de la vie pour toujours réconcilier les cœurs et rétablir la joie de vivre. Un monde sans pardon est un monde sans vie, parce qu’il serait pratiquement impossible d’y séjourner. La paix brillerait par son absence et la violence serait reine. Dans notre vie de tous les jours, on peut faire la différence entre ceux qui aiment le pardon et ceux qui le détestent. La vie de ceux qui l’aiment est quotidiennement animée par une joie de vivre, sans reproche, faisant d’eux des hommes aimés par les autres. C’est par le pardon qu’on connaît la valeur de l’homme.

Tout est possible pour celui qui pardonne

Grâce à cette journée de pardon, le Burkina a retrouvé sa santé de fer qui lui a permis de connaître une stabilité, gage d’un développement durable. Avec cette paix des cœurs qui a été célébrée le 30 Mars 2001, les institutions républicaines fonctionnent bien. Les engagements pris lors de la première journée ont été presqu’en totalité exécutés. Toutes choses qui prouvent que le gouvernement avait eu raison d’organiser la journée de pardon. Aujourd’hui toutes les familles qui pourtant étaient malheureuses ont commencé à avoir espoir depuis qu’elles ont reçu le réconfort moral nécessaire du Comité technique d’appui au gouvernement.

Des fondements solides sont donc posés pour que la réconciliation soit effective au Burkina. L’an VI de la Journée nationale de Pardon sera certainement l’occasion de méditer ensemble et profondément les propros de Mgr Anselme Titiama Sanon selon lesquels la réconciliation nationale au Burkina est un mythe c’est-à-dire que le sursaut dont tous les citoyens ont besoin, reste à faire.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 31 mars 2007 à 16:31, par Le Gonze En réponse à : > Journée nationale de Pardon : Pardonner, c’est savoir vivre ensemble

    Pardonner, c’est renoncer à son droit légitime de se venger, et donc d’installer les relations sociales dans une spirale de violences sans fin. Ce n’est nullement oublier. Par contre, pour que ce pardon se consolide, il lui faut être éclairé par une démarche de vérité et de clarté, car sinon, ce pardon sera vite rattrappé par le sentiment d’injustice qui le mine depuis le départ. Des bases sont certes jettées, mais sans vérité sur les faits, notre processus restera incomplet. Ki-Zerbo, ce grand homme que nous avons perdu, et clair sur cette question du "Pardon" que l’on tente d’arracher à tout prix pour couvrir dans un vacarme assourdissant les faits les plus abjects...

    On pardonne mieux ce dont on connait à ceux qu’on connait.

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