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Réconciliation nationale en Côte d’Ivoire : Soro en première ligne !

Publié le mardi 27 mars 2007 à 07h39min

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Guillaume Soro

L’heure a donc sonné pour l’ex-étudiant frondeur et tribun redoutable, rentré en politique par effraction et qui a rendez-vous avec un destin de grand homme. On a beau ne pas aimer Guillaume Soro, qu’on ne saurait lui dénier cette qualité qui forge les grands destins.

Le jeune patron des Forces nouvelles (il vient de dépasser à peine le cap de la trentaine) a toujours su ce qu’il voulait. Jeune leader de la Fédération estudiantine de Côte d’Ivoire (FESCI), il a dédaigné les honneurs et les commodités qu’offraient le poste dans la Côte d’Ivoire d’Houphouët-Boigny, pour se ranger sous la bannière du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo. Cela au nom de l’idéal démocratique qu’incarnait alors ce dernier.

Pour autant, Soro faisait déjà montre à l’époque d’une indépendance d’esprit marquée vis-à-vis de son mentor politique, en élargissant son discours à la quête d’une Côte d’Ivoire plus citoyenne où les différentes cultures auraient droit de cité.

Déjà, le "rebelle" du 19 septembre 2002, pointait sous le manteau de l’étudiant dialecticien qui maîtrisait ses classiques sur le bout des doigts.

Toute chose qui faisait un peu désordre sous le règne paternaliste du Bélier de Yamoussoukro, ce qui vaudra à Soro d’être martyrisé et le poussera dans la clandestinité. Il vivra l’intermède Konan Bédié dans cette situation mi-figue, mi-raisain, passera l’épisode Guéi en faisant le dos rond et en révisant ses classiques avant de résurgir sur le devant de la scène le 19 septembre 2002, alors même que son "patron" Laurent Gbagbo était aux affaires. Pour Soro et ses hommes, le déficit démocratique et la fracture sociale et citoyenne étaient devenus tels, que seule la rébellion pouvait permettre de recoudre le tissu social et politique.

Cinq ans plus tard, celui qui était déjà en charge du programme de la reconstruction et de la réinsertion dans le gouvernement Gbagbo se retrouve en première ligne pour régler les questions essentielles restées en suspens. Au rang de celles-ci, ainsi que les ont répertoriés l’Accord politique interivoiriens de Ouagadougou, l’identification, le démantèlement des milices progouvernementales, l’engagement du processus de démobilisation, désarmement, réinsertion, la restauration de l’autorité de l’Etat et l’organisation d’élections véritablement démocratiques. Une tâche immense dans la pratique, au point que certains ont vu dans cet espoir de paix que constitue l’Accord de Ouagadougou, un catalogue de bonnes intentions. Et si Soro a beaucoup hésité, ce n’est pas tant pour cela, que du fait que Laurent Gbagbo de son côté hésite à lui confier un véritable pouvoir de décision. C’est dire que les blessures du passé ne sont pas totalement cicatrisées, mais les deux hommes qui se connaissent bien, s’entendent sur l’essentiel.

L’un comme l’autre sont pour le départ des troupes étrangères de Côte d’Ivoire, et, Gbagbo a sorti l’épine de la réinsertion des "soldat-rebelles" du pied du futur Premier ministre en projetant la création d’un service civique pour 40 000 jeunes Ivoiriens. L’intégration des vrais soldats (les "bahoufoués" et les "zinzins" qui avaient pris les armes en 2002) dans l’armée régulière est aussi au programme avec le centre de commandement intégré qui se met progressivement en place.

Sur le plan économique, les deux hommes se sont toujours réclamés du socialisme, "rédempteur" pour l’Afrique. Concordance de vue politique, économique et militaire, le danger pourrait venir des extrémistes des deux camps, constitués de tous ces rentiers de la déliquescence de l’Etat, qui n’auraient plus leurs prébendes si celui-ci "renaissait".

Cela ne devrait pas pour autant freiner l’ardeur de Soro, sans lequel l’Accord de Ouagadougou ne peut marcher. Et même si certains prétendent que les armes ne "confèrent pas la légitimité", Guillaume Soro a rendez-vous avec son destin.

S’inscrira-t-il dans la lignée des plus grands ? Wait and see.

Boubakar SY

Sidwaya

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