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L’information et la communication, facteurs de développement

Publié le lundi 26 mars 2007 à 08h05min

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La communication et l’information sont des leviers du développement. Telle est la vérité rappelée, ces derniers temps, par les universitaires et les chercheurs, en partenariat avec les praticiens de l’information et de la communication ainsi que les décideurs et les acteurs du processus de décentralisation.

Selon les études menées, les médias de masse, à savoir la presse écrite, la radio et la télévision notamment, sont les canaux par lesquels sont diffusés au public, des messages indispensables à la vie sociale. Ils sont le lieu d’échange des idées et des opinions, de contrôle et de critique des pouvoirs, nécessaire à une démocratie véritable. Ils sont par ailleurs, le soutien indispensable de toute activité économique, politique, sociale et culturelle.

Les enquêtes révèlent en outre, que les populations attendent que les médias soient utilisés comme moyens d’éducation, d’acquisition de connaissances et de conseils pratiques. L’importance de la communication pour informer, former et sensibiliser la population à la base n’est donc plus à démontrer.

Les populations en effet, ont plus que jamais besoin des outils et des techniques de communication qui leur permettent :
- d’accéder aux informations et aux savoirs,
- d’entretenir un dialogue et un débat entre elles et avec les décideurs politiques et les partenaires au développement,
- d’échanger leurs idées et leurs expériences, leurs savoir-faire et leurs techniques.

Si les leaders d’opinion interrogés établissent un lien entre l’information et le développement et reconnaissent que les médias jouent un rôle essentiel dans le changement de comportement des populations, ils regrettent cependant que les programmes des médias audiovisuels publics et privés n’accordent pas toujours une grande place aux émissions de développement.

L’accès à l’information publique en tout cas, est un droit pour les populations. En effet, si le droit de communiquer et d’avoir accès à l’information publique revient aux citoyens, le devoir de communiquer revient aux institutions.

Les institutions, les services, les programmes et les projets de développement doivent pour ainsi dire, communiquer sur leur rôle et leurs attributions ainsi que sur leurs activités quotidiennes, non seulement pour se faire connaître et asseoir leur image, mais encore pour fonder leur légitimité sociale, promouvoir et valoriser leurs actions et leurs services, en faciliter l’accès et l’usage. Bref, pour être plus près des citoyens, garantir leur transparence et se bâtir un capital confiance.

Tous les professionnels de la communication et de l’information le savent, une organisation qui ne communique pas est soit une structure hautaine, soit une structure archaïque. En tout état de cause, une organisation qui ne communique pas ou qui ne sait pas communiquer est une structure handicapée. Le développement de l’actualité, ces derniers temps qui nous a donné à voir des scènes d’émeutes ayant occasionné la destruction d’une partie des installations d’une entreprise prospère de la place, montre à quel point le déficit de communication peut entraîner des confusions, des amalgames et des faits regrettables voire irréparables.

Quand tout va bien, la communication accompagne les performances de l’entreprise en donnant de lui l’image d’une structure respectable et citoyenne. Quand survient une crise, la communication permet de surmonter l’épreuve en rassurant, en faisant espérer des lendemains meilleurs.

En tout état de cause, l’entreprise doit asseoir sa légitimité sociale, en entreprenant des actions citoyennes et de générosité envers notamment les couches les plus vulnérables de la nation. La communication en ce qu’elle révêt plusieurs formes et emprunte plusieurs canaux ne doit pas être réduite cependant à son aspect mass-média.

Une bonne politique, un bon programme, un bon projet de développement, devrait comporter un plan de communication budgétisé. Ceux qui ne le savent pas ou qui se refusent encore à l’admettre, l’apprennent toujours à leurs dépens. Car le succès est rarement au rendez-vous, quand les résultats ne sont pas tout simplement médiocres. La communication ne doit pas être considérée comme une dépense, mais comme un investissement.

Dans un contexte de processus démocratique et de décentralisation, l’heure est à la communication sociale, permettant de partager l’information de façon horizontale en vue d’atteindre des consensus menant à l’action qui engage l’ensemble des acteurs à la base.
Les populations ne sauront jouer efficacement leur rôle de citoyens que si elles sont informées, éduquées, sensibilisées.

Pour les leaders d’opinion qui pensent que la formation doit être un des rôles dévolus aux médias, on peut difficilement promouvoir le développement sans communication. Rejetant un développement pensé à la place des populations, ils estiment qu’il faut plutôt les impliquer et les accompagner dans le processus de leur propre développement, les médias servant comme instruments d’éveil des consciences.

Comment mobiliser la population, comment demander sa contribution aux actions de développement si elle n’est ni associée au processus, ni au courant de ce qu’on prétend faire en son nom ? Les programmes ou les projets réalisés, clé en main, rencontrent généralement des difficultés d’appropriation par les populations bénéficiaires.

On se retrouve dans le cas de ce village où un grand projet de développement initié et géré de bout en bout depuis la capitale, a fait creuser par des machines et des marteaux piqueurs, un puits profond de grand diamètre et des caniveaux le long de la grande voie traversant ce village pour évacuer les eaux de pluies.

Trois mois après la fin des travaux, les villageois continuaient à boire l’eau du marigot parce que le projet avait oublié de fournir la corde de la poulie devant servir à attacher la puisette. Pendant ce temps, le caniveau avait été rempli en partie d’ordures ménagères et de matières fécales et les eaux des premières pluies avaient inondé les concessions alentour, à cause des immondices qui bloquaient leur passage.

Conformément aux résultats des études menées, les programmes, au niveau des radios et des télévisions, devraient privilégier non seulement les thèmes relatifs à l’actualité, mais aussi ceux concernant l’éducation, la sensibilisation et le développement.

Facilitateurs et catalyseurs des évolutions sociales, les moyens de communication en effet, peuvent favoriser le changement de comportement et de mentalité indispensable à la prise de conscience et à la participation des populations au processus de développement économique, social et culturel.
Au-delà d’un simple outil permettant la circulation des nouvelles, la presse écrite stimule et prolonge la discussion publique, éclaire l’opinion et consolide l’Etat démocratique.

Selon les enquêtes, un taux de 81,2% du public ne lit pas les journaux, confirmant le caractère élitiste de l’écrit, surtout dans nos pays à tradition orale. Les médias audiovisuels ont par contre, un statut plus populaire que la presse écrite qui est cependant le lieu privilégié de débats d’idées, moteur d’une démocratie vivante.

Sidwaya occupe le premier rang des titres les plus lus dans notre pays. Le journal de tous les Burkinabè entend maintenir et consolider sa position en privilégiant le traitement des thèmes de la vie quotidienne, ainsi que des grands problèmes nationaux et internationaux qui intéressent nos contemporains, en donnant la parole aux institutions et aux spécialistes.

Les activités de la société politique, de la société économique et de la société civile seront couvertes comme par le passé. Un savoir non connu est, dit-on, un savoir inutile. Les spécialistes, les chercheurs, les savants, les enseignants de nos universités, de nos structures d’enseignement et de recherche, sont invités à prendre la parole aussi bien dans nos colonnes que dans les autres médias écrits et audiovisuels.

Tant il est vrai que le développement est créé par le dynamisme des populations dans ses diverses composantes. Et le dynamisme d’une société réside dans la possibilité qu’ont les hommes et les femmes d’échanger leurs idées et leurs expériences afin qu’elles guident leurs actions et transforment qualitativement leur vie.

Par Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya

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