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"Paroles d’honneur"" : Ou quand Simone Gbagbo réécrit l’histoire de la Côte d’ivoire (3)

Publié le vendredi 23 mars 2007 à 07h39min

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Simone Gbagbo

La bête noire de Simone E. Gbagbo s’appelle Alassane Ouattara. En ce qui le concerne, la "Première dame de Côte d’Ivoire" n’hésite pas à réécrire l’Histoire. II est vrai qu’elle a été stalinienne (version "Révolution chinoise") avant d’être social-démocrate (cf. LDD Côte d’Ivoire 0205 et 0206/Mardi 6 et Mercredi 7 mars 2007).

Elle aime les raccourcis et traite en vingt-cinq lignes les quatre années qui s’écoulent de la présidentielle de 1995 au coup de force militaire du 24 décembre 1999. "Après les élections de 1995, la rumeur d’un deal conclu entre Ouattara et Bédié circulait dans tout le pays. Ouattara se retrouvait au FMI grâce à l’intervention de Bédié. En contrepartie, Ouattara libérait le terrain politique en faveur de Bédié. Une paix relative était revenue entre les deux hommes mais pour très peu de temps [...] De son exil parisien, Ouattara déclara qu’il n’attendrait pas la prochaine élection (celle d’octobre 2000) pour être président de la République. Publiquement, il affirma haut et fort que, lorsqu’il frapperait, le pouvoir Bédié tomberait. Il l’a dit et il l’a fait. Et c’est dans un tel contexte que, pour la première fois de son histoire, la Côte d’Ivoire connaîtra un coup d’Etat. C’tait le 24 décembre 1999 ".

S.E.G. expose d’ailleurs clairement son point de vue : "Je ne crois pas, cela étant dit, qu’il [il s’agit du général Robert Gueï qui a pris la tête du Comité national de salut public mis en place au lendemain du coup de force militaire] soit l’auteur direct de ce coup d’Etat. Les événements qui suivirent montrèrent clairement que le véritable instigateur de coup de force était sans conteste Alassane Ouattara". Ouattara est aussi, bien sûr, "l’instigateur de ces coups de force" qui viseront à "éliminer physiquement le général" [Gueï]. C’est à la suite de leur échec (dont l’attentat dit du "Cheval blanc") que les exécutants prendront la fuite pour être "accueillis au Burkina Faso et hébergés dans les villas de la présidence de la République ".

Les militaires ne sont pas la "tasse de thé" de S.E.G (surtout ceux qui, sous les ordres de Gueï, ont réprimé les manifestations des étudiants au début de la décennie 1990). Mais elle note : "C’est grâce à lui [Gueï] qu’un débat véritablement démocratique a pu s’organiser sur les textes fondamentaux de la République ivoirienne [...] Les militaires venaient d’installer la deuxième République. Elle est née avec une possibilité accrue, pour les Ivoiriens, de participer aux débats politiques fondamentaux, d’exprimer leur opinion et d’être effectivement associés aux prises de décisions".

La Constitution du 23 juillet 2000 permettra de faire recaler par la Cour suprême les candidatures PDCI et RDR, notamment celle de Ouattara. Résultat : "La campagne fut une des plus soft en Côte d’Ivoire depuis que nous avons des élections. Il n ’y eut presque aucun incident. Les élections elles-mêmes se déroulèrent le jour du vote dans une ambiance de fête".

Ah, j’allais oublier. Mais avec les multiples digressions de S.E.G. on ne s’y retrouve pas toujours dans la chronologie et les raccourcis historiques qu’emprunté la "Première dame ". Mais avant même d’être "l’instigateur" du coup d’Etat de 1999, Ouattara, qui avait déjà tenté un "hold-up constitutionnel" en 1993, à la mort du "Vieux", est également responsable de la mort de Djeni Kobina, le secrétaire général du RDR. Enfin, presque !

S.E.G. sait distiller l’information. "Petit matin d’octobre 1998, nous sommes réveillés par le médecin personnel de Djeni Kobina. Djeni Kobina, secrétaire général du RDR, est mort pendant la nuit". C’est dire la "proximité" qui existe entre les Gbagbo et Kobina. C’est dire, aussi, que la mort de Kobina est "politique". "En réalité, ajoute S.E.G., Alassane Ouattara est déjà en train d’étendre son hégémonie sur le RDR et Djeni Kobina se sentait de plus en plus à l’étroit dans ce parti qu ’il avait pourtant créé mais qu ’il avait cédé dans un élan idéaliste au directeur général adjoint du FMI [...]. Rapidement, le RDR va devenir un club de soutien, mobilisé principalement pour la cause d’un seul homme, Alassane Ouattara. Ce dernier en use en virtuose, il organise les actions, meetings, marches, campagnes publicitaires à grands frais et tribalise le débat politique à outrance [...] Décidément la duplicité de cet homme était grande [...] Alassane Ouattara s’est avéré un véritable fléau pour notre pays [...]. Il est à l’origine de beaucoup de conflits et des nombreux problèmes que la Côte d’Ivoire rencontre depuis des années. Il est le souci majeur de notre pays. Il est celui qui l’a précipité, il y a des années, dans le tunnel de la crise [...] Dans sa bataille pour le pouvoir, Alassane Ouattara n’hésite pas à brandir l’argument de la religion, dans le seul but d’enraciner son audience dans le milieu musulman [...] Et il ne recule devant aucune manipulation, n’hésite pas à jouer sur la fibre tribale et religieuse, déployant sans cesse démagogie et mensonge politique ". Ce "portrait" de Ouattara tient en cinq pages (199 à 203) dans le chapitre titré : "L’homme de toutes les ombres ".

Cette digression étant faite, S.E.G. peut reprendre le fil de son propos. Nous sommes le mardi 24 octobre 2000 et le général Robert Gueï tente de "voler sa victoire au candidat Laurent Gbagbo ". Mais face à la mobilisation des militants du FPI et de la population, Gueï doit s’enfuir "précipitamment" du palais présidentiel et se réfugier à Toukouzou-Hozalem (fief du "prophète" Dieu Papa Nouveau).

Gueï parti, Gbagbo n’est pas, pour autant, sorti des problèmes. Le 25 octobre, il doit affronter les "partisans d’Alassane Ouattara qui, répondant à leur tour à son appel, descendaient dans la rue. En effet, ce dernier venait de décider que le pouvoir était dans la rue et qu ’il pouvait tenter de le récupérer". En vain. Pendant ce temps, la CNE décomptait les voix de la présidentielle 2000. "Le candidat Laurent Gbagbo était le vainqueur, écrit S.E.G. dans un de ces raccourcis qu’elle affectionne. Alassane Ouattara fera sortir à nouveau ses partisans, au moment de la cérémonie d’investiture du tout nouveau président élu, Laurent Gbagbo. Il essuiera une nouvelle défaite. Mais un certain vrai-faux charnier se préparait... ". Mais avant que S.E.G. n’aborde l’histoire du "vrai-faux charnier", nouvelles digressions.

S.E.G. va dresser le bilan de l’action de Gbagbo au plan politique, social et économique. La Côte d’Ivoire va ainsi passer d’un "budget sécurisé" en 2001 à un "budget d’assainissement" en 2002, puis à un "budget de sauvetage " en 2003 et à un "budget de normalisation " en 2004 pour aboutir à un "budget de relance " en 2005 (tout cela tient en une page). Résultat : "Tous les défis sont relevés et les objectifs atteints dans leur globalité". Au passage, S.E.G. rend hommage à Marcel Gossio, le directeur général du Port autonome d’Abidjan (mis en cause dans "l’affaire du Probo Koala") qui "en améliorera les performances et l’équipement".

Pourtant le contexte n’est pas facile. "Depuis que la crise ivoirienne est ouverte, souligne S.E.G., Laurent se bat pour que notre pays ne soit pas englouti, happé par les prédateurs. Il se dresse au péril de sa vie et de celle des siens, contre tous les envahisseurs, tous les assaillants, tous les agresseurs mus par un orgueil malsain et des ambitions d’hégémonies insensées. Il défend de toutes ses forces notre Constitution, pendant que d’autres s’acharnent à prêter main-forte aux forces extérieures, pour l’enchaînement total de notre pays.

Laurent s’est inscrit résolument dans la bataille de la sauvegarde de la souveraineté de la Côte d’Ivoire". Et ça marche parce que, "pour être un bon dirigeant politique, il faut être profondément habité par la crainte de Dieu ". Citant "le Roi David dans le psaume 133 " (" Voici, ô ! qu ’il est agréable, qu’il est doux. Pour des frères de demeurer ensemble !", etc.), S.E.G. nous rassure : "Laurent a cru ferme à cette Parole ".

A suivre

Jean-Pierre BEJOT
La Dépêche Diplomatique

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Vos commentaires

  • Le 26 mars 2007 à 14:20, par koeuko En réponse à : > "Paroles d’honneur"" : Ou quand Simone Gbagbo réécrit l’histoire de la Côte d’ivoire (3)

    a bien lire cet ou a priori ce livre je suis ètonné de voir que la première dite dame se fourvoie.on ne peut pas réécrire l’histoire de la cote d’ivoire comme si on allait acheter de l’attiéké ou de l’alloco sur la place du marché.l’histoire de quelqu’un ou d’un peuple s’écrit par des personnes bien avisées après vérification de certains aspects.ici on travesti l’histoire on l’écorche mème.on en veut aux autres parce qu’on veut créer de toute pièce une bourgeoisie toute faite.nous nous n’allons pas réécrire l’histoire mais nous allons la continuer car un pays c’est la continuité un pays c’est vivre avec les autres mème s’ils sont opposés à notre facon de voir.merci

  • Le 13 mai 2007 à 12:56, par CogitoErgoSum En réponse à : > "Paroles d’honneur"" : Ou quand Simone Gbagbo réécrit l’histoire de la Côte d’ivoire (3)

    Je Voudrais tout simplement demander à l’auteur de cet article d’etre plus clair.
    Car, en tant qu’ivoirien ayant vécu ces événements, je puis clamer haut et fort que rien de l’écrit de Mme Gbagbo ne souffre d’une malhonneteté intellectuelle.
    Que l’auteur nous dise en quoi 25 lignes retraçant les faits marquants de l’Histoire
    de la Cote d’Ivoire en cette période constituent-elle une "masturbation" de cette meme Histoire. Mme Gbagbo n’a fait que dire ce qui est Vrai ; mais pas ce qui est vrai !

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