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Mauritanie : Alliance contre-nature pour duel au sommet

Publié le vendredi 23 mars 2007 à 07h27min

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Ira plus tard reposer au Panthéon des grands analystes politiques disparus celui qui, avant le 25 mars 2007, pourra avec certitude lâcher le nom de celui qui sera le futur président de la Mauritanie. Est-ce l’opposant historique et réformateur Ould Daddah, ou ce technocrate qui faisait partie de l’ancien système, Cheikh Abdallahi ? Difficile de répondre à cette question.

Autant dire à quelqu’un de tenter de retrouver une aiguille sur les grandes dunes de sable du désert mauritanien. Le 11 mars dernier, au premier tour, 19 candidats étaient en lice. Aucun n’ayant remporté plus de 50 % des votes, la tenue d’un second tour s’avérait donc nécessaire. C’est donc dimanche prochain que l’ancien ministre Sidi Ould Cheikh Abdallahi, incarnation de l’ancien parti au pouvoir, qui a obtenu 25 % des voix, sera opposé au vétéran de l’opposition, Ahmed Ould Daddah, qui a recueilli 21 % des votes.

Il s’agira d’un véritable derby politique. D’abord, il y a ce jeu des alliances, qui rend plus d’une personne dubitative sur l’issue du scrutin. Après moult tractations, chaque candidat malheureux a choisi son camp. Ibrahim Sarr (7,95% des voix au 1er tour), les islamistes (7,65%) et Mohammed Ould Maouloud (4,08%) sont allés se jeter dans les bras du président du Rassemblement des forces démocratiques, Ould Daddah.

Deux autres candidats au scrutin du 11 mars 2007, par contre, ne jurent plus que par Cheikh Abdallahi : il s’agit de Zeine Ould Zeitane (15,27%), et de Messaoud Ould Boukheir (9,80%) qui est le prototype même de l’alliance contre-nature ; lui qui a choisi de ramer à contre-courant de ses alliés traditionnels (l’opposition) pour soutenir l’ancien gouverneur de la Banque centrale de Mauritanie.

Même si mathématiquement, Cheikh Abdallahi semble avoir plus de chance, il faut reconnaître qu’à l’image du football, la politique est loin d’être une science exacte, surtout dans un pays où le vote est plus tribal qu’idéologique. Même si ce n’est malheureusement pas le seul cas en Afrique, il faut prendre en considération cet aspect dans une contrée où l’esclavage est toujours pratiqué. Et il n’est d’ailleurs pas évident qu’avec ces alliances contre-nature grossièrement nouées, l’électeur suive les consignes de vote de son candidat. Malgré le mot d’ordre lancé en haut lieu, le votant aura donc toujours le dernier mot.

Et pour tout compliquer, la commission électorale mauritanienne a institué une épreuve, tant redoutée par de nombreux présidentiables : le débat télévisé, au cours duquel les deux candidats confronterons leurs programmes et leurs positions sur les grandes affaires nationales.

Une ultime étape pendant laquelle tous les mots prononcés par les deux candidats seront pesés par les électeurs. C’est comme pendant l’épreuve de la mort subite au football, au cours de laquelle l’équipe compte plus sur son étoile que sur le génie des joueurs qui la composent. Toujours est-il qu’il faudra tout de même un vainqueur et l’urne donnera son verdict.

S’il s’agit de Cheikh Abdallahi, il est clair que sa victoire pourrait être interprétée comme un échec de la transition et, du même coup, un désaveu de ces putschistes venus le 3 août 2005 libérer les Mauritaniens de la férule de Maaouya Ould Taya.

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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