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Proche-Orient : La trêve des confiseurs

Publié le vendredi 23 mars 2007 à 07h31min

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Ehud Olmert

Alors que le Hamas et le Fatah sont arrivés à taire leurs divergences après la médiation saoudienne et à mettre sur pied un gouvernement d’union nationale, Israël se refuse toujours à coopérer avec des « terroristes », aidé par les Etats-Unis qui appelle le Hamas à reconnaître l’Etat hébreu.

L’UE, elle, cultive son éternelle ambiguïté, cependant que la Syrie distille ses « ordonnances » pour la paix. Rien à dire, la trève actuelle nous prépare des lendemains chauds dans cette éternelle poudrière.

La paix au Proche-Orient et plus globalement dans la région, qui s’étend au-delà, passe on le sait par la résolution de la question de Jérusalem-Est. Cette partie de la ville Sainte, que le monde arabe ne veut lâcher pour « rien au monde » aux « Juifs » pour des raisons culturelles, est aussi prisée par lesdits Juifs pour les mêmes raisons.

Conflit de religions, conflit éternel, ce qui explique cette quasi-impossibilité de régler le conflit israélo-palestinien sauf, solution extrême et inenvisageable à détruire au sens propre, l’une des deux entités. De Menahem Begin à Ariel Sharon, en passant par « Bibi » Netanyahou, tous les faucons israéliens ont envisagé cette solution extrême, avant de reculer devant l’impossibilité de la tâche et après que nombre de leurs compatriotes ont payé cette audace de leurs vies.

Plus, résolu que ses devanciers, Sharon a tenté de ghettoïser les palestiniens avec la construction du mur de la honte en pure perte, les kamikazes palestiniens arrivant toujours à se glisser entre les interstices dudit mur pour aller « s’exploser » en Israël. Héritier de cette doctrine politico-idéologique extrémiste, Ehud Olmert a tenté de la rendre réalisable en la panachant avec celle des colombes israéliennes, aidé en cela par Shimon Perès, numéro deux de son gouvernement dont chacun connaît les vues pacifistes.

Les deux hommes ont donc tenté de remettre au goût du jour, la « vision » d’Ehoud Barak, ex-Premier ministre israélien qui, à la suite des Accords de Wye Plantation, signés entre Israël et la Palestine sous l’égide de Bill Clinton, voulait accorder aux palestiniens, la souvernaité sur le sol de Jérusalem-Est, le sous-sol devant revenir aux israéliens.

Une solution surréaliste qui avait du reste emporté le général Barak, victime du courroux des extrémistes de son gouvernement (le parti Shaas notamment) qui le mettront en minorité au parlement.

Exit donc Barak, et, Olmert était en passe de subir le même sort, lorsqu’il a concocté son plan de sortie de crise modéré, avec ses scandales politico-juridiques qu’on a fait éclater sur son dos. Au bord de la faillite politique et en passe d’être humilié, Olmert a remisé ses visées pacifistes au placard pour adopter une attitude de faucon digne de son « maître » Sharon.

On l’a ainsi vu entreprendre des travaux sur l’esplanade des mosquées à Jérusalem-Est, ce qui a contenté les politiques et les éditorialistes extrémistes qui ont mis un bémol à leur activité déstabilisatrice du gouvernement Olmert. Mais, le courroux a cru de façon exponentielle en face au point que l’Arabie Saoudite et l’Egypte alliés sûrs des américains et par ricochet des israéliens ont donné de la voix pour appeler à un arrêt des
travaux.

Le Liban, nouvel « abcès de fixation »

Olmert se trouve ainsi pris entre le marteau et l’enclume face à son opinion publique qui ne veut pas transiger sur la question de Jérusalem-Est et des palestiniens qui font preuve de la même résolution. C’est ainsi que le Hamas, malgré l’ouverture en direction du Fatah, soutient mordicus qu’il faut en « finir » avec Israël pour que les palestiniens vivent en paix.

La destruction de l’Etat hébreu figure donc en bonne place dans sa plate-forme programmatique ce qui amène les occidentaux à surseoir leur aide aux palestiniens, déjà exangues par l’étau israélien qui les enserre de plus en plus fort. Appauvris, sous-éduqués et malades, les palestiniens restent toujours débout, aidés par tous ces « extrémistes » du monde arabe qui n’ont de cesse de porter des coups durs aux « sionistes » et à leurs alliés américains.

C’est ainsi que l’échec politique des américains est patent en Irak, avec le chaos qui règne dans ce pays et le renforcement de « l’axe chiite ». Téhéran et Bagdad sont en effet sur la même « longueur d’onde » confessionnelle, ce qui a le don d’irriter Washington qui fait de moins en moins mystère de sa volonté d’en découdre militairement avec les « barbus » iraniens. Pomme de discorde, cette ambition nucléaire des iraniens, « pacifique » selon leurs dires, alors qu’américains et israéliens soutiennent le contraire.

Un dialogue de sourds rendu plus tendu par « l’immixtion » de la Syrie qui réclame par la voix de son président Bachar El Assad l’organisation d’une « conférence nationale irakienne » et « soutient » les ambitions nucléaires de Téhéran, au motif que l’Iran est un pays « important » au Proche-Orient. Mais, le point chaud dans un futur proche, semble être le Liban, en raison de l’enlisement de la crise irakienne, des graves risques de déstabilisation planétaire qu’il y aurait à frapper l’Iran et de la proximité du pays des cèdres du théâtre du conflit israélo-palestinien.

On a eu un aperçu de cette « importance » du Liban avec la guerre livrée à ce pays par Israël l’été dernier, en pure perte, le parti chiite Hezbollah n’ayant pas été anéanti et l’armée israélienne ayant subi d’énormes pertes. C’est que le Liban est devenu la base-arrière de la résistance pan-arabe avec la faiblesse de l’Etat central et les luttes de pouvoir et les rivalités interconfesionnelles qui resurgissent après la mort du charismatique Rafik Hariri. Soutenu par Téhéran, le Hezbollah se structure et se renforce au point que le Sud-Liban est devenu un bastion imprenable.

Avec « l’infiltration » des syriens qui ont été chassés par les occidentaux et le trafic d’armes en tous genres, le Liban constitue en définitive la menace la plus sérieuse et la plus immédiate pour Israël. Une « équation » d’autant plus difficile à résoudre que certains pays occidentaux comme la France y ont des intérêts et verraient d’un mauvais œil une attaque frontale contre ce pays.

Mais, comme Israël a toujours privilégié le risque zéro dans ses rapports avec le monde arabe, on peut prévoir sans être un augure infaillible, que l’accalmie actuelle est trompeuse.
Une sorte de trêve des confiseurs en somme, d’autant plus inquiétante que les foyers de tension sont innombrables. Plus que jamais, Jérusalem est la « mère » de toutes les batailles, comme disait feu Saddam Hussein.

Boubakar SY

Sidwaya

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