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USA-IRAK : Le mensonge qui démobilise

Publié le mardi 27 avril 2004 à 07h00min

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Sans l’aval de l’ONU et seul contre presque tous, le président
américain George Bush a lancé ses soldats à l’assaut de l’Irak
pour soi-disant apporter liberté et démocratie au peuple irakien.

Malgré une opinion publique mondiale particulièrement bruyante
et hostile à l’idée d’une guerre préventive contre ce pays, qui
tenait mordicus à ce que des preuves formelles soient
apportées à la capacité de nuisance du président irakien, la
détermination guerrière de George Bush n’a pas pris la moindre
ride. Bien au contraire.

Dans sa croisade contre le terrorisme,
Bush Junior a entraîné bien des Etats qui se demandent
aujourd’hui, et à juste titre, si une telle guerre valait la peine
d’être menée. Et ce, d’autant plus que le président américain est
accablé de toutes parts. Il lui est en effet reproché d’avoir menti
sur toute la ligne pour arriver à ses fins, c’est-à-dire mettre un
terme au régime irakien.

La dernière révélation à propos de ce
mensonge, a été apportée par Robert Woodward, ce journaliste
d’investigation rendu célèbre pour l’enquête sur le scandale du
Watergate qui avait emporté l’ex-président Richard Nixon. Il vient
en effet de déclarer que la volonté de Bush d’en découdre avec
Saddam Hussein est antérieure aux investigations de l’Agence
Internationale de l’Energie Atomique (AIEA).

C’est dire si le plan
du dirigeant américain pour gagner sa guerre contre le
terrorisme n’était, en fait, que du toc destiné à berner tous les
pays exposés et par conséquent sensibles à la menace
terroriste. Comment, dès lors, ne pas comprendre la
désillusion de certaines forces de la coalition empêtrées dans
les sables mouvants en Irak ? Comment ne pas comprendre
leurs intentions de quitter au plus vite le "merdier" irakien
empuanti, qui ne cesse d’engloutir au quotidien les cadavres
des occupants irakiens ? Assurément, le mensonge démobilise
en Irak.

George Bush va-t-il, à ce point, tout seul, "finir le travail" qu’il avait
entamé en envoyant sur le champ de bataille, des soldats, la
fleur au fusil ? Tout concourt à le croire, dans la mesure où, avec
la dégradation de la situation de ces derniers mois, et
notamment avec la multiplication des attentats et des prises
d’otages, les partisans de l’intervention armée contre le régime
de Saddam Hussein n’entendent plus rester dans l’enfer irakien
jusqu’au 30 juin, date prévue pour le transfert de la souveraineté
à une administration irakienne.

Alors que le mensonge de
George Bush a éclaté au grand jour, alors qu’aucun espoir de
règlement militaire de la crise ne se profile guère à l’horizon et
alors que les actes terroristes ne cessent de se suivre et de se
ressembler, entraînant chaque jour leurs lots de victimes
innocentes et de frustrés, pourquoi continuer le chemin de croix,
doivent se demander les alliés de George Bush ? En tout cas,
l’Espagne vient d’annoncer son départ. Le Honduras en a fait de
même. Idem pour la République dominicaine et la Thaïlande.
Et Dieu seul sait si l’exemple ne sera pas suivi, dans les tout
prochains jours.

D’aucuns estiment que Bush ne pouvait guère renoncer à la
guerre, après tant d’engagement et de moyens déployés, au
risque de se déjuger et porter atteinte à l’image de son pays.
A-t-il mesuré toutes les conséquences de son entêtement ? En
attendant probablement que son allié inconditionnel, la
Grande-Bretagne, ne fasse elle aussi défection, c’est un
George Bush de plus en plus isolé qu’il est donné de voir.

Si
c’était à refaire, il n’aurait pas envahi l’Irak, avait affirmé Hans
Blix, un des inspecteurs en désarmement de l’Irak. A coup sûr,
cette guerre aura des conséquences sur les consultations
électorales à venir. Et les activistes en sont conscients, eux qui
continuent de multiplier les attentats. Mais plus grave, la liste
macabre continuera de s’allonger parce que les moyens
investis en Irak sont si énormes que les dirigeants américains
ne seront pas prêts de retirer aussi facilement leurs troupes,
quel que soit le prochain locataire de la Maison-Blanche.

Bush
créé là un précédent fâcheux.
Dans sa croisade contre le terrorisme, pourquoi l’Amérique se
livre-t-elle à cette politique du deux poids deux mesures. Si la
lutte contre ce fléau doit passer par l’Irak ou l’Afghanistan, et par
l’Axe du mal en général, pourquoi ne passerait-elle pas aussi
par Israël ? On enregistre là-bas des assassinats ciblés contre
des Palestiniens. Israël semble dénier à ce peuple le droit
de disposer d’un Etat souverain. Et face à toutes ces injustices,
les Etats-Unis n’élèvent pas la voix.

A chaque fois qu’il a été
question de voter une résolution condamnant Israël pour ses
nombreuses atteintes aux droits de l’homme, les Etats-Unis ont
toujours été prompts à brandir leur veto. Et si tout cela n’émeut
pas outre mesure la communauté internationale, c’est à cause
de l’omnipuissance américaine et sans doute à cause des
lobbies juifs qui dictent leur loi au-delà même des frontières
américaines. Touchez aux intérêts de ces derniers et tout de
suite, vous serez taxés d’antisémites.

Mais tous ces
manquements au droit international auraient pu être évités ou, à
tout le moins attenués, si l’Europe n’avait pas la peur constante
de la fessée américaine.

Le Pays

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