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Elections législatives : Les femmes en mauvaise posture

Publié le jeudi 22 mars 2007 à 08h54min

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Assita Sidibé (ADF-RDA)

Les aspirants à l’occupation d’une place à l’hémicycle pour la législature 2007-2012 sont connus. Une cinquantaine de partis a fait un tour à la Commission nationale électorale indépendante (CENI) pour avoir le droit de solliciter le suffrage des électeurs.

Les femmes qui depuis un certain temps bataillent pour que la question du genre soit prise en compte et qu’elles aient une meilleure représentation dans la sphère de décision, devront encore redoubler d’efforts car le chemin reste long. En effet, au vu de leur positionnement sur les listes, la réussite ne viendra pas de ces élections-ci.

Pour des raisons de disponibilité des listes notre réflexion prendra en compte les partis qui ont présenté des listes dans les 45 provinces plus la liste nationale. Ils sont d’ailleurs les plus représentatifs et sans jouer au charlatan 90, voire 95% des futurs élus viendront de leurs rangs. Le CDP, l’ADF/RDA, le RDEB et l’UNIR/MS ont inscrit 52 femmes titulaires sur 444 candidatures possibles soit 11,70%.

Un nombre trop faible pour espérer une émergence de la femme lors des prochaines législatives, même si leurs partis constituent des machines électorales. D’ailleurs, une autre faiblesse de ces candidatures est leur mauvaise position sur les listes qui ne le donnent pas beaucoup de chance de succès. Voyons au cas par cas la position des femmes dans ces partis.

L’ADF/RDA

Le parti de Me Gilbert Noël OUEDRAOGO est celui qui a présenté le moins de femmes. On peut même dire que l’éléphant ne conjugue pas au féminin. Seulement sept femmes ont été retenues sur les listes de l’ADF/RDA.
AWAMBE K. Florence qui figure sur la liste nationale est placée 8e sur 15. Même sur le dos d’un pachyderme avec un tel rang autant reporter le port de l’écharpe de député à la prochaine fois.

Cinq provinces sur les 45 ont présenté des candidatures de femmes à l’ADF/RDA. Dans les Banwa, Aïssata SIDIBE dite Maman gentille est tête de liste pour les deux postes à pourvoir. Idem pour Korotimi SERE dans le Mouhoun. Françoise M.T OUEDRAOGO est deuxième sur quatre places dans le Sanématenga. Le Kourwéogo a fait confiance à Marie Victorine KABORE pour le seul siège à prendre.

Dans la province du Kadiogo où se présentent pratiquement tous les partis, l’ADF/RDA a placé Ouampoko Jeanne C. YAMEOGO quatrième et Mariam SAWADOGO sur la liste de neuf députés à élire. Il ne sera pas surprenant qu’au soir du 6 mai, l’ADF/RDA se retrouve avec zéro femme élue à l’Assemblée.

Le CDP

Le parti majoritaire par le nombre est celui qui a fait le plus la part belle à l’autre moitié du ciel. Elles sont vingt sur 111 à avoir l’investiture pour les prochaines législatives. On remarque rapidement des têtes fortes comme Fatoumata DIENDERE tête de liste dans le Passoré, Aline Koumbi KOALA placée troisième sur la liste du Bulkiemdé. Pascaline TAMINI/BIHOUN, est le porte drapeau pour le seul siège du Tuy. Séraphine Solange OUEDRAOGO, actuel maire de Boulmiougou occupe la 5e place sur 9 dans le Kadiogo, alors que sa collègue Zoénabo DRABO/OUEDRAOGO de la commune de Bogodogo est 2e sur 4 dans son Sanmentenga natal. Mariam Marie Gisèle GUIGMA a été retenue pour le seu

l poste de la Sissili. Dans le Ioba Pauline Winkoun HIEN, gouverneur de la région du Centre Sud est deuxième sur deux. Les députés sortants Marie Blandine SAWADOGO, Cécile TIBO BELOUM, Adèle KYEMTORE se représentent respectivement dans le Kadiogo (4e /9), le Yatenga (2e/4) et le Poni (2e/2). La province du Nahouri qui semble échapper au contrôle du CDP verra son suffrage sollicité par une revenante, Maria Goretti AGALOUE/DICKO. Les résultats des municipales partielles de Pô montrent que la tâche sera ardue pour arracher l’unique fauteuil.

C’est peut-être pour ça que le CDP a fait confiance à celle qui est présentée comme une battante. Au Mouhoun, la liste sera conduite par Korotimi Abou /KOTE, mais à la Gnagna, Marie reine LOUGUE/LANKOANDE est 3e/3, au Gourma Lamoussa THIOMBIANO/SAWADOGO est 2e/2, au Kouritenga Franceline NARE/OUBDA est 2e/2.

Sur la liste nationale, les deux femmes retenues occupent des rangs où leur chance d’élection est assez mince. Abibata COULIBALY est 12e et Reine Bertille SAKANDE/BENAO est 14e /15. Quoi qu’on dise, le CDP offre plus de chance aux femmes de conquérir des sièges à l’hémicycle.

Le RDEB

Le parti de Ram OUEDRAOGO a fait confiance à 12 femmes pour la prochaine bataille des législatives. Mais elles sont mieux placées que partout ailleurs. Elles sont six à être tête de liste. Ce sont : Isabelle/ Fanta/ Wassa/Nimi dans les Balés pour le seul poste à pourvoir, Aminata DIALLO dans le Bam, Odette NONGUIERMA au Bazéga, Célestine KANSOLE dans la Bougouriba, Yvette ZONGO au Bulkiemdé et Blandine TAPSOBA dans le Passoré.
Dans le Houet, Minata TRAORE est 2/6, Bibata Arjouma NIMI est 2/9 au Kadiogo, Jacqueline W. OUEDRAOGO occupe la 4e place sur 15 sur la liste nationale RDEB.

L’UNIR/MS

Quatorze femmes figurent sur la liste du parti de Me. Bénéwendé SANKARA. Seulement leur positionnement est loin d’être idéal. Elles sont seulement deux, tête de liste : Sakinatou BANDE pour le seul poste de l’Oudalan et Clarisse OUEDRAOGO dans le Ioba où elle conduit la liste de deux. Les autres sont loin dans les classements comme Mariam OUEDRAOGO placée 7e /15 sur la liste nationale. Dans le Kadiogo, les 4 femmes Edwige BESSIN (2e/9), Awa DABRE (4e /9), Sophie KABDAOGO (5e /9) et Caroline ZOUMA (6e /9) ont de faibles chances de passer.

Fatimata SAWADOGO (2e /2) dans le Nanmentenga, Safiatou KONFE (2e/2) au Soum, Martine SOME ( 2e/2) dans le Poni devront batailler dur pour se faire respecter. Comme on le voit, la représentation des femmes à l’hémicycle pourrait ne pas s’améliorer par rapport à la législature sortante.

Les fruits de la lutte pour l’effacement de la disparité sinon la « ségrégation » au niveau du genre tardent à venir. En tout cas pour les toutes prochaines législatives, les partis politiques dans leur ensemble viennent de montrer avec leurs listes de candidatures que les choses ne sont pas si faciles et que certaines réalités objectives et subjectives prennent le pas sur les bonnes intentions et autres professions de foi.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

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