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Accord de paix de Ouagadougou : Affi N’Guessan et Blé Goudé bientôt à Bouaké, selon Sidiki Konaté

Publié le mardi 20 mars 2007 à 07h49min

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Soro et Affi

Le sulflureux leader des « Jeunes patriotes » , Charles Blé Goudé et le président du Front populaire ivoirien (FPI) effectueront très bientôt des visites à Bouaké, a déclaré jeudi 15 mars à Ouagadougou, Sidiki Konaté, porte-parole et directeur de cabinet du secrétaire général des FN, Guillaume Soro.

La confiance revient de mieux en mieux entre les anciens ennemis de la Côte d’Ivoire. Petit à petit, l’Accord de paix conclu le 4 mars 2007 à Ouagadougou entre le président Laurent Gbagbo et le leader des FN, Guillaume Soro commence à porter ses fruits.

Du moins, si l’on s’en tient à une sorte de bilan fait par le porte-parole des FN, Sidiki Konaté, deux semaines seulement après la signature de l’Accord, les choses avancent bien sur le terrain. Egrenant un chapelet des « actes concrets » posés par les ex-belligérants au lendemain de l’Accord, le directeur de cabinet de M. Soro au cours d’un entretien le jeudi 15 mars 2007 à Ouagadougou, complété par d’autres échanges épistolaires a révélé que .

Soro a reçu des courriers de M. Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI), le parti présidentiel, dans lequel il le félicite pour la signature de l’Accord. « Le président du Front populaire ivoirien (FPI), M. Pascal Affi N’Guessan a adressé un courrier au SG des FN le félicitant d’avoir signé l’Accord en réaffirmant aussi l’entière adhésion du FPI à cet accord et sa disponibilité à faire en sorte qu’il soit appliqué », a dit M. Konaté. « M. Affi N’Guessan, a-t-il poursuivi, a par ailleurs profité pour demander officiellement une rencontre avec M. Soro à Bouaké afin de consolider les échanges sur comment se donner les moyens pour que cet accord soit appliqué ».

Il a souligné que cette réunion entre M. N’Guessan et Soro aura lieu après les discussions qui se tiennent en ce moment à Ouagadougou avec le président Compaoré. Autre acte de bonne volonté, c’est l’autre courrier qu’aurait adressé le patron des « Jeunes patriotes » qui a aussi souhaité se rendre très prochainement dans le fief des anciens rebelles. « Blé Goudé a aussi adressé un courrier et il s’apprête à venir au Nord. Il s’agit aussi de trouver un temps », a déclaré le porte-parole des FN. Il a expliqué que M. Blé Goudé rencontrera sur place, outre M. Soro, la jeunesse des FN et le monde de la société civile, « comme il est lui-même dans la société civile ».

M. Konaté a également cité la visite effectuée le mercredi 14 mars à Bouaké par le porte-parole de la présidence Désiré Tagro, comme un acte tangible du retour de la confiance entre les ennemis d’hier. « M. Tagro est venu cette fois-ci, sans le ministre Djibrill Bassolé (le ministre de la Sécurité du Burkina, principal assistant du président Compaoré dans la médiation, ndlr) et sans une garde quelconque. Il est venu seul à bord de sa voiture, c’est moi-même qui l’ai accueilli et nous sommes rentrés tranquillement à Bouaké ensemble. Ce sont là, des mesures extrêmes de confiance.

Cela veut dire qu’il est venu chez nous sans se dire qu’il est dans une zone de rebelles où on tue les gens et nous aussi nous l’avons accueilli et nous avons passé de bons moments ensemble », a raconté M. Konaté saluant ainsi l’Accord de Ouagadougou qui a ouvert la porte de la réconciliation entre les Ivoiriens. « Les gens sont prêts à casser le mur de la méfiance. La magie de l’Accord de Ouagadougou, c’est qu’il a cassé les réserves, les gens se préparent à accompagner ce processus. Ce sont des actes majeurs et révolutionnaires qui ont été posés en quelques jours parce que, de tous les accords signés jusque-là, aucun n’a eu cette dynamique », s’est-il félicité.

Les généraux Mangou et Bakayoko chez Gbagbo sur instruction de Soro

Le porte-parole des FN a déclaré que le chef d’Etat-major des Forces armées nationales de Côte d’Ivoire (FANCI), le général Philippe Mangou a rencontré vendredi 16 mars 2007 à Abidjan son homologue des FN, le général Soumaïla Bakayoko pour discuter du Centre de commandement intégré (CCI). Et les deux hommes ont ensuite été reçus par le chef de l’Etat. « Le secrétaire général des Forces nouvelles (FN, Guillaume Soro, ndlr) a instruit le général Soumaïla Bakayoko de rencontrer le général (Philippe) Mangou des FANCI. La rencontre a eu lieu à Abidjan.

Les deux hommes sont ensuite allés voir le chef de l’Etat (le président Laurent Gbagbo, ndlr), toujours à la demande de M. Soro », a déclaré M. Konaté, rappelant qu’au lendemain de la signature de l’Accord, le chef d’Etat-major des FAFN s’est entretenu au téléphone avec son homologue des FANCI sur instructioni toujours de M. Soro. « Nous posons des actes, qui peuvent paraître anodins, mais c’est un signe évident du retour de la confiance ».

Le porte-parole des FN a surtout noté la célébration à Korhogo en zone sous contrôle des ex-rebelles de la Journée internationale de la femme, le jeudi 8 mars comme le signe « parfait » que des actes de retour de la confiance se posent au Sud comme au Nord après Ouagadougou. « C’est la première fois que cela arrive. Il y a deux ans, la Journée devrait avoir lieu à Bouaké mais finalement elle a été annulée », rappelle-t-il avant de se réjouir de la présence à cette manifestation de mesdames Bro Gbrébé et Danielle Bony Clavery, deux femmes qui ont toujours contesté les FN. « Elles étaient présentes au défilé, elles ont félicité le secrétaire général des FN pour la signature de l’Accord. Je crois qu’il y a une nouvelle dynamique qui est en marche pour la paix ». M. Konaté a aussi rappelé que les FN ont tenu du 10 au 12 mars à Bouaké un conseil général au cours duquel « l’Accord de Ouagadougou a été expliqué et discuté dans tous ses détails avec tous les mouvements des FN ». « Tous y ont adhéré sans réserve », a-t-il assuré.

D’après lui, la population ivoirienne est pour la paix même si elle est encore traversée par une brume de méfiance eu égard à l’échec des précédents accords. « La population fonde un réel espoir sur cet accord même si pour le moment elle est un peu sceptique sur la volonté des acteurs parce qu’elle se dit que si un accord signé entre les deux belligérants ne s’appliquait pas, ce sera la catastrophe. Elle se dit que tout est fini si cet accord signé entre les deux belligérants autour du président du Burkina Faso n’est pas appliqué.

On ne peut plus rien pour le pays », a-t-il analysé. « Pour les FN, ce sont les actes concrets qui seront posés sur le terrain à tous les niveaux qui vont ramener la confiance au sein des Ivoiriens. La population a eu tellement d’expériences qu’elle est dans l’attente. Mais elle est tout à fait disponible pour la paix. Si les deux parties se donnent les moyens de poser des actes concrets chaque jour, je pense que cela va ramener l’espoir à une population qui n’attend que ça ».

Des personnalités ont émis des réserves sur l’Accord

Tout n’est pas rose. Certaines personnalités, politiques notamment, ont émis des réserves sur l’Accord, a affirmé le porte-parole des FN. M. Konaté a déploré l’attitude actuelle de l’ancien président Henri Konan Bédié qui, selon lui, « rampe à contre-courant de l’Accord pour le moment ». Il a soutenu que hormis M. Bédié, le G7 et toute la classe politique ivoirienne ont salué l’Accord. « C’est la seule personnalité qui n’y a pas totalement adhéré mais la base ne comprend pas en réalité l’attitude du président Bédié qui s’en prend ouvertement aux FN alors que tout a été fait pour l’associer pleinement à cet accord », a-t-il expliqué. Il a rappelé que l’ancien président a été consulté par les FN avant de venir à Ouaga.

« Pendant qu’on était ici (à Ouaga, ndlr), les membres du G7 ont été invités par le médiateur. Et, un jour avant la signature de l’Accord, le secrétaire général s’est rendu à Abidjan pour expliquer l’Accord et c’est avec sa caution et celle des autres qu’il est revenu et l’a signé le 4 mars », a soutenu M. Konaté avant de poursuivre : « Si M. Bédié avait des réserves, il se devait de le dire soit au médiateur soit aux FN », a-t-il martelé, regrettant que le président du PDCI/RDA ne fasse aucune proposition. « ... Il prend tout le temps d’attaquer l’Accord dans ces différents points à travers la presse.

Il ne nous propose pas d’autres voies. Il ne nous donne pas d’autres moyens au plan que des gens croient que c’est une volonté de casser l’accord même si nous, nous sommes en train de nous interroger sur ces véritables motivations », a-t-il dit. « Est-ce, parce que l’accord a été signé à Ouaga que cela dérange M. Bédié ou est-ce, c’est parce que l’accord donne un statut aux FN que M. Bédié est dérangé ? », s’est interrogé le directeur de cabinet de M. Soro, qualifiant les accusations du président Bédié d’ »infondées ». « Les Africains saluent cet accord, la communauté internationale salue cet accord, les deux factions qui sont en guerre saluent cet accord.

D’où vient alors que celui qui n’est pas en guerre, qui n’attend que la création de conditions optimales pour aller à des élections ait un problème avec l’accord ? », s’est-il enfin demandé, sans fournir de réponse à cette interrogation. Les Ivoiriens semblent désormais disposés pour la paix. Le président Gbagbo a appelé ses compatriotes à « s’approprier » l’Accord de Ouaga et les FN posent des « actes concrets ». Du côté du médiateur, on ne dort pas sur ses lauriers, le plus difficile ayant commencé au lendemain de la conclusion de l’Accord.

En effet, moins de deux semaines après le paraphe, les deux délégations ont été à nouveau convoquées pour une séance de travail le vendredi 16 mars 2007 à Ouagadougou. Les discussions portent notamment sur le cadre institutionnel qui doit permettre la mise en œuvre de l’Accord. Les mêmes équipes qui ont réussi avec brio les négociations ont été reconduites pour ce second round consacré aux modalités d’application.

Ainsi, du côté des FN, outre M. Konaté, la délégation comprend Alain Lobognon (chargé de la communication), Me. Chakhy Koné (expert juridique des FN), le ministre de la Justice, Mamadou Koné et le ministre de la Solidarité et des Victimes de guerre et secrétaire général adjoint des FN, André Louis Dacoury-Tabley.

Ils sont tous arrivés le mercredi 14 mars 2007 à Ouagadougou. Du côté de la présidence ivoirienne, c’est le conseiller du président Gbagbo et porte-parole à la présidence, Désiré Tagro qui a dirigé la mission. Elle comprend l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire aux Nations unies, Alcide Djédjé et le président de l’Union des jeunes du FPI, Navigué Konaté ainsi que deux experts en droit.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya

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