Le panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) 2007, c’est fini. On pense au prochain festival programmé aussi pour la dernière semaine de février 2009 tout en dressant le bilan.
Dans la catégorie des prix spéciaux, le Faso s’en tire mieux, avec 10 prix sur une trentaine. On note même des doublés pour Adama Roumba (Humanitaire), Valérie Kaboré (Ina) et Tahirou Tasséré Ouédraogo (Djanta). Au total, les Burkinabé ont engrangé plus de 22,5 millions sur un total de 65 millions.

La proclamation des prix spéciaux a eu lieu le vendredi 2 mars. Vu le comportement des Burkinabé, on se disait que le lendemain, jour de la proclamation des prix du jury officiel, le champagne allait couler comme un ru.

Mais lorsque Bassek Ba Koddhio a fini de lire le fruit des délibérations du jury qu’il présidait, les Burkinabé sont restés interloqués. La moisson de leurs Etalons a été la plus maigre possible dans le palmarès officiel.

Deux prix dont un spécial dans la catégorie COMPETITION TV- VIDEO. Il s’agit d’un Prix spécial du jury pour " Ina " de Valérie KABORE du Burkina Faso et du prix de la meilleure série ou SITCOM pour " Quand les éléphants se battent " de Abdoulaye DAO.

Dans la catégorie CINEMA, zéro pointé dans les courts métrages, zéro pointé dans les longs métrages. Pire, zéro pointé aussi pour les comédiens.
En face de ce genre de situation, on ne doit pas tourner pour dire les choses. La moisson de cette année correspond à une descente aux enfers. Aura-t-on le courage de chercher à savoir pourquoi on en est arrivé à cette situation ?

Les anciens du domaine (Idrissa Ouédraogo, Pierre Yaméogo, Dani Kouyaté, ...) n’ont pas présenté ou ne présentent plus de films. On a, cette fois-ci, présenté de nouveaux visages. Vraisemblablement, ces nouveaux venus n’ont pas pu tenir le flambeau. Sont-ils moins bien préparés ? Et d’ailleurs pourquoi les anciens ne reviennent pas ?

Retenons simplement que les résultats du FESPACO 2007 sont un signal, qu’il y a des choses à faire dans le cinéma burkinabé. C’est vrai qu’on ne l’organise pas pour le gagner toutes les fois. Toutefois, vu ce que l’Etat et les contribuables mettent dedans, on a droit à quelques résultats. Les zero pointés à tous les niveaux sont décevants.

Par Kiemyouré Sawadogo

L’Afrique de l’ouest est trop petite

Il a bien travaillé, le réalisateur nigérian Newton Aduaka. Pour son film Ezra, Etalon d’or de Yennenga au Fespaco, il a réussi une longue approche auprès des enfants soldats de Sierra Leone. Un film sensible et violent inspiré de la guerre civile particulièrement cruelle qui a fait, de 1991 à 2001, quelque 200 000 morts. L’Etalon d’or, assorti d’un chèque de 10 millions de francs CFA (15 245 euros), a été remis à Newton Aduaka par le président Blaise Compaoré.

Le jury a choisi ce film pour son actualité et la pertinence de son propos. Le président du Burkina Faso en sait d’ailleurs quelque chose pour avoir été partie prenante dans ce conflit aux côtés du War Lord Charles Taylor.

" L’Afrique de l’Ouest est toute petite. Ce dont j’essaie de parler concerne tout le monde, c’est un film sur les effets de la guerre" a déclaré le réalisateur. Pour sûr, le Nigérian ne croyait pas si bien dire.
L’ouvrage Noir silence de François Xavier Verschave, rappelle une certaine présence de Blaise Compaoré dans le conflit de Sierra Leone. Cela avait déjà révélée, notamment par la presse sierra-léonaise.

Mais les Burkinabé se souviennent aussi que Charles Taylor et Blaise Compaoré étaient très proches. Le soutien de Compaoré au RUF a été plusieurs fois dénoncé. Un rapport américain précise, en juillet 1992 [Arms and Conflict in Africa] : " Récemment, l’Ukraine a envoyé des armes au Burkina Faso, indiquant sur les certificats de destination que ce pays était l’acheteur. Ouagadougou a ensuite cédé les armes aux combattants du RUF en Sierra Leone ".

Peut-être, comme l’a déclaré le cinéaste nigérian en recevant le prix devant près de 20 000 personnes réunies au stade du 4-Août, " ce film va donner de l’espoir ". Mais l’image d’un réalisateur recevant un prix pour dénoncer la guerre des mains d’un des acteurs pose un problème de fond.

Par R.R

Bendré