LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Elections législatives 2007 : Pour plus de pertinence et de légitimité du système

Publié le samedi 17 mars 2007 à 07h42min

PARTAGER :                          

En politique, rien n’est jamais définitivement acquis mais le Burkina a fait le plus dur pour être parvenu à réaliser le consensus de la classe politique sur l’armature institutionnelle qui sous-tend la gestion de l’Etat .Cela nous semble fondamental pour une démocratie en construction.

Le reste, notamment l’animation de la vie politique et la représentativité des différents courants qui s’y manifestent, c’est une question d’organisation des partis et de persuasion des citoyens.

Là, il y’a un hic au Burkina avec le nombre très élevé de formations politiques qui ne favorise pas toujours une bonne lisibilité de l’échiquier. En effet, ce pléthore de partis n’est pas forcément signe d’une vitalité démocratique. Au contraire il peut être un handicap à une expression cohérente des projets politiques à même d’engager véritablement les citoyens à se reconnaître dans leur élite politique.

Le risque quelque peu déjà manifeste, c’est celui de classer tous les partis sur le même registre d’acteurs inopérants, non crédibles et incapables d’identifier les vrais problèmes de gouvernance, occupés qu’ils sont à se combattre pour les strapontins ministériels et les sièges de la représentation nationale.

De fait, pour les élections législatives à venir, pour plus d’une centaine de partis légalement reconnus, moins de la moitié, soit 49 formations politiques, prendront part au scrutin. Pire, sur les 49 partis engagés, seuls 05 présentent des listes sur toute l’étendue du territoire c’est-à-dire dans les 45 provinces.

Il s’agit par ordre alphabétique de l’ADF-RDA, du CDP, du RDEB, de l’UNDD, et de l’UNIR/MS. On pourrait y ajouter le PDS avec des listes dans 37 provinces comme étant les partis qui ont véritablement une assise nationale. On le voit bien, 06 partis sur plus de 100, c’est peu ! Par contre ils sont 10 partis sur les 49 en compétition à n’être présents que dans une seule province.

On peut y ajouter 05 autres partis qui ont une liste dans seulement 02 provinces et 02 formations en compétition dans seulement 03 provinces. Il y’a donc 17 partis qui ont des listes dans moins de 04 provinces sur 45. A chaque lecteur de se faire sa propre idée sur la représentativité de ces partis sur la scène nationale et a contrario, leur cœfficient d’encombrement de l’espace politique si l’on peut ainsi dire.

A l’évidence, il y a quelque chose à faire contre cette poussée de champignons qui ne rend pas service à la démocratie tout comme le nomadisme qui en dénature l’expression. Il est vrai que la liberté du citoyen à changer d’opinion et à se donner les moyens de défendre cette opinion pourrait être entravée par la remise en cause légale du multipartisme intégrale mais n’est-ce pas là un moindre mal pour la démocratie ?

En tout cas, ces législatives annoncées donnent à voir un morcellement par trop excessif du paysage politique, preuve tangible s’il en était encore besoin que l’opposition refuse par elle-même de se donner les moyens d’être plus forte contre le CDP. On ne les plaindra pas pour cela. Mais en vérité ces ambitions individualistes trop poussées, qui expliquent en grande partie cette flopée inopérante des partis politiques, constituent le talon d’Achille du multipartisme au Burkina.

Il faut le redire, il n’y a pas mille ni cent ni même cinquante projets de société pour développer le Burkina. Quand nos hommes politiques l’auront compris, le pays ne battra plus seulement le record des législatures mais aussi et surtout celui de la pertinence du système et de sa légitimité. A bon entendeur ...

Djibril TOURE

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV