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Halidou Ouédraogo : "Le Collectif ne peut pas mourrir"

Publié le vendredi 16 mars 2007 à 08h58min

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Halidou Ouédraogo

L’homme que nous avons rencontré ce 13 mars 2007 sur la terrasse de sa résidence n’a rien perdu de sa combativité. Cet activiste des droits de l’homme qui est omniprésent dans l’espace public et médiatique de notre pays depuis plusieurs décennies a pris cependant un coup de vieux.

Affaibli physiquement par la maladie qui l’a terrassé un 28 février 2006, l’homme rend grâce à Dieu de lui avoir conservé intacte sa mémoire. C’est de cette riche mémoire qu’il puise son énergie aujourd’hui pour nous conter sa trajectoire. La maladie a fait changer son regard sur les hommes, mais les convictions du patron du MBDHP et de l’UIDH sont intactes.

Au moment où il est en train de passer la main à d’autres pour continuer le combat, Halidou Ouédraogo nous a parlé de sa maladie, du dossier Norbert Zongo, du Collectif qu’il dirige et de son nouveau métier d’avocat. Comme à son habitude, sans détours, il a répondu aux questions.

Comment se porte Halidou Ouédraogo après son second séjour en France ?

J’y étais pour un contrôle et un complément de soins. Un contrôle, parce que j’ai été évacué dans des conditions que vous savez, paralysé et pas forcément conscient. J’ai fait trois mois de rééducation, ce qui m’a permis de retrouver l’usage de mes membres. Au cours de la rééducation, j’ai été victime d’une chute et il a fallu tout recommencer. Et c’est contre cela que je suis revenu à Ouagadougou. Je n’avais pas admis cela et d’autres maux s’y sont greffés. Je rejetais systématiquement ce que j’avalais.

Quand je suis revenu à Ouaga, l’équipe de professeurs qui me suit (Kaboré, Lingani, Daniel Ilboudo, et Pr Seydou Koné) ont diagnostiqué le mal : j’avais un problème de siège. Comme j’étais paralysé, l’estomac l’était également. L’accumulation provoquait des rejets et j’avais la nausée. L’équipe m’a donc traité et soumis à des exercices appropriés. C’est passé, et il fallait donc contrôler cela.

J’avais également des problèmes oculaires, je devais faire vérifier la prétendue tension que j’avais, parce que je ne l’avais pas avant ma maladie. C’est pour toutes ces raisons que je suis retourné en France. Pour mes problèmes oculaires, le mal a été résorbé et ça, c’est un miracle. La deuxième chose , c’est que je ne rejette plus, mon système digestif fonctionne normalement comme toute personne normale. Le troisième aspect, j’ai pu compléter la fabrication et la mise en place de quelques dents (NDLR : Ces dents ont été perdues lors d’une chute pendant sa première convalescence).

Je reste cependant handicapé de la main gauche et du pied droit. Actuellement, je peux rester debout et m’asseoir. Il a fallu réapprendre tous ces gestes.

Je suis rentré en juillet, j’ai poursuivi la rééducation chez le professeur Koné. Au mois de février, je suis donc retourné en France pour le contrôle qui m’a pris deux mois.

Je pense que j’ai eu beaucoup de chance, parce que je n’ai pas subi de coma, je n’ai pas perdu la mémoire. Et j’ai tenté de reprendre mes activités d’avocat, comme vous avez pu le constater avec l’affaire des 50 millions .Hier encore (le 12 mars 2007), j’étais au palais de justice pour défendre un dossier foncier. Le premier constat agréable , c’est que je peux rester quatre heures assis, sans problème. En plus de mon handicap , c’est un problème de nerf que nous avons travaillé à résorber.

Peut-on dire aujourd’hui que Halidou Ouédraogo est à nouveau d’attaque ? Qu’il a repris toutes ses activités, et qu’on ne sent pas trop son handicap ?

Si, on sent le handicap. Je peux me déplacer sans ma canne, faire deux ou trois cents mètres. Mais, par prudence, je sors avec ma canne. Cela a même été à l’origine d’un congrès de l’UIDH. Des sections avaient appris que j’étais malade et voulaient en finir et tenir un congrès. J’ai dit non. Cela fait 15 ans que nous avons mis en place cette institution et au dernier congrès, j’ai dit que je céderai le fauteuil, mais pas de cette façon. Je suis le seul à pouvoir convoquer le congrès. Pour le faire sans moi, il faut les 2/3 des sections.

Y a-t-il une chance que vous récupériez l’usage des membres touchés ?

La rééducation se poursuit, cela prendra le temps qu’il faut. Mais vous savez que la personne humaine n’est pas standard ; ça dépend des gens. En ce qui me concerne , il y a l’âge. J’ai 61 ans et pas 30. Il a fallu avoir des abdominaux pour être au stade d’aujourd’hui et je les ai eus. Même si les médecins sont pessimistes, moi , j’ai la foi que je récupérerai l’usage de mes membres.

Le président du "pays réel" que vous êtes a traversé une épreuve difficile ; vous êtes-vous senti seul à un moment donné ?

Au risque d’offenser beaucoup de personnes, c’était vraiment le président du "pays réel" qui était malade. Toutes les tendances confondues (au plan politique, social, institutionnel, spirituel et coutumier) m’ont assisté. Je ne peux pas parler de ce que je n’ai pas vu. On m’a dit que le jour où je suis tombé , à l’hôpital, il y avait presque tout le monde. A Paris, ce fut le même accueil. Je ne me suis jamais senti seul. Et je crois que c’est cela qui a contribué à me remettre sur pied. Et je suis maintenant conscient qu’il faut relativiser les choses.

J’ai été éduqué dans le sens de prendre en considération toute personne humaine. Même le fou, le handicapé qui est arrêté au feu rouge, je fais attention à lui. Parce qu’il fut un moment où je vivais dans la clandestinité dans ce pays. Ils me voyaient passer dans la ville, ils pouvaient me dénoncer. J’avais déjà cette considération. Avec ma maladie, je me défends de juger négativement la personne humaine quel que soit son bord, surtout politique. Parce que c’est le B.A-BA de la démocratie, où on peut être différent et se consacrer à l’essentiel.

La personne humaine n’est rien. Le 28 février 2006 au matin, j’ai quitté ma maison pour aller à l’audience. Je suis entré dans la voiture et j’ai claqué la porte. Arrivé au palais , j’ai porté ma robe et suis monté plaider à l’audience. Ma plaidoirie était même favorable. C’est au moment de la remise des documents que l’accident est survenu. Je me dis que ce type d’accident peut arriver à n’importe qui. Dans le cadre de mes activités, j’ai fait plusieurs fois le tour du pays.

J’ai senti vraiment ce que nous sommes au Burkina Faso, et ce que le mot solidarité veut dire. J’ai également senti ce que sont les gens sur le continent africain et en dehors. Cela m’a fait prendre également conscience de l’importance des institutions que nous animons. Il y a vous les hommes des médias. La société civile, le parlement, le gouvernement, tous sont très importants.

J’ai appris à relativiser beaucoup de choses. Et si j’ai une leçon à me donner moi-même, c’est de m’appliquer à ce niveau pour ne pas froisser les gens. Dire la vérité. L’essentiel, c’est de dire la vérité, de s’efforcer d’être juste et tolérant, en un mot être humain.

Le dites-vous parce que vous avez été surpris du soutien de gens comme Oumarou Kanazoé ou de l’Etat dont vous combattiez les dérives ?

Pas du tout. Au-delà de ces personnes, c’est tout le Burkina qui m’a soutenu. Ces personnes sont apparues en première ligne, et je n’ai jamais combattu Kanazoé et je ne vois pas au nom de quelle idéologie. C’est un monsieur qui est arrivé là où il est par la force du travail. Aujourd’hui, il a 80 ou 82 ans et il continue d’arpenter la brousse à la recherche de terre pour bitumer ses routes, creuser ses barrages. Rare de citoyens africains ont pu arriver là où il est aujourd’hui. C’est un "self made man".

Au-delà de tout, c’est un citoyen comme les autres. J’animais une organisation de masse au service de tout le monde. Et je l’ai montré par la médiation que j’ai conduite au sein de son entreprise quoi qu’on en dise aujourd’hui.

Quant au gouvernement, nous lui avons montré que ce pays nous tient à coeur.
N’oubliez pas que nous étions à l’origine d’un retour à la vie constitutionnelle dans ce pays, en Haute Volta puis au Burkina Faso.

J’ai eu à rédiger le draft de l’actuelle Constitution. C’est moi qui avais été désigné pour le faire quand nous nous sommes réunis. Lisez le titre I de notre Constitution , il est très riche. Tous les rajouts ont été puisés dans les textes fondamentaux du monde entier. Ensuite, nous avons appelé les Burkinabè à la voter, mais nous n’avons pas participé aux élections comme maire ou député, ni au gouvernement. Il est vrai que j’étais conseiller juridique à la Présidence.

Nous avons également montré que nous sommes contre l’injustice à travers ce qui est arrivé à votre confrère Norbert Zongo. Et si cela était arrivé à Blaise Compaoré ou à François Compaoré, nous aurions agi de la même façon, avec la même détermination..

Je ne vois pas où les gens vont chercher les petits rivets pour dire que Halidou est ceci ou est cela.
Vous qui êtes des médias, vous percevez mieux ces réactions. Quand votre éditorial ou un article égratigne quelqu’un, il réagit souvent méchamment. Mais, il oublie que c’est votre métier.

L’affaire entre Oumarou Kanazoé et ses travailleurs refait des vagues. Votre médiation est contestée et le fait que vous soyez le conseil de Oumarou Kanazoé aujourd’hui laisserait croire que vous les avez grugés...

Je relativise encore. Parce qu’avant de commencer cette médiation, j’ai pris à témoin les têtes pensantes de ce pays, les animateurs des institutions, les forces sociales et les mouvements des droits humains. Il a été précisé que la médiation entrait dans le cadre du mouvement des droits de l’homme. OK (Oumarou Kanazoé) a fait une conférence de presse chez lui et a demandé au MBDHP de défendre aussi ses droits. Nous lui avons demandé de nous saisir par écrit.

Avec le comité d’entreprise, nous avons donné un contenu à la médiation. Nous avons écrit au ministre de tutelle pour obtenir des inspecteurs du travail. Et j’ai demandé aux travailleurs et au syndicat de dessaisir la justice s’ils en voulaient de la médiation. Je leur ai demandé s’ ils étaient conscients ? OK lui-même a été invité à venir au MBDHP pour s’expliquer sur la médiation, dans la salle Aimé Nikièma.

Les résultats ont été portés à la connaissance de tous. Tous les travailleurs concernés sont venus émarger et sont entrés en possession de leurs droits. Il y en a qui ont eu 300 000 francs, 200 000 francs ; d’autres 30 000 francs ou 20 000 francs. C’est à l’issue de cet épisode que les travailleurs m’ont demandé de me saisir d’un certain nombre de dossiers complémentaires dont les indemnités de licenciement.

C’est cela qui les agite aujourd’hui. J’ai demandé exceptionnellement à Oumarou Kanazoé d’accepter. Il m’a dit : "Si c’est toi qui me le demande, j’accepte".

Les travailleurs réclamaient environ 3,7 milliards de francs CFA. Ma réaction a été : "Mais vous pensez que OK fabrique de l’argent chez lui ?" Ils sont 300 et demandent 3 milliards. Je leur ai demandé s’ ils voulaient que OK mette la clé sous le paillasson.

On a commencé les négociations. Ils ont ensuite demandé 90 millions pour tout taire. J’étais partant. Mais OK est intervenu en me disant que compte tenu de mes relations avec les travailleurs, de procéder au cas par cas. On a alors entrepris ce travail. Chacun rentre et en fonction de ses états de service émarge. Certains n’avaient aucun document. On a pris des gens parmi eux pour reconstituer leur carrière. Parmi eux , il y a avait des saisonniers embauchés le temps du terrassement d’une voie et des permanents.

C’est alors qu’ils ont dit que maintenant "ils demandent" car cela fait cinq ans qu’ils chôment. Avec leur employeur, j’ai recommandé que dorénavant pour tout emploi offert, qu’il y ait un papier ; que dans l’entreprise, il y ait un local pour les travailleurs afin de faciliter le dialogue. Chacun a signé après et a pris la part qui lui revenait. J’ai le dossier d’un travailleur qui a passé trois mois dans l’entreprise et qui demande 36 millions de FCFA de dommages et intérêts. Et je vous le dis, il y a eu un trop perçu chez certains par rapport au premier dossier, mais Kanazoé n’a pas exigé de remboursement.

Tous ceux qui s’en sont pris à moi dans "L’observateur" au lendemain de mon arrivée doivent à Kanazoé. Ce dernier a laissé tomber. Même ceux qui avaient contracté des prêts, cela a été effacé parce qu’il y avait des cas dramatiques.

Un seule personne a refusé de signer ; elle a préféré la solution judiciaire. Elle s’appelle Dramane Zongo. Mais Zongo est revenu me voir. J’ai refusé d’intercéder . Il a insisté, j’ai accepté. Il réclamait ses états de service au moment du bitumage de la route Ouaga-Ouahigouya en 1983. Il a encaissé 275 000 FCFA. Il a signé une décharge qui met fin au contentieux entre lui et Kanazoé. Mais Zongo était à la Bourse du travail sous une casquette et revendiquait. Il faut être sérieux. Ce n’est plus le syndicat, ce sont des gens qui sont hors de leurs syndicats.

En médiation, on gagne un peu et on perd un peu. S’ils ne sont pas d’accord qu’ils prennent un autre médiateur. J’ai appris qu’ils ont choisi Me Sankara. Qu’il puisse les aider. Ce que nous avons fait a aussi une autorité de la chose jugée depuis un an.

Vous semblez très déçu...

Moi, je les laisse avec leur conscience et avec Dieu. J’ai bonne conscience ; j’ai fait un bon travail. Ce n’est pas pour ça que je relativise mes propos. Il se trouve que quand je suis tombé, un ami, un fondateur d’une organisation dans laquelle je suis membre, OSIWA, a envoyé un avion médicalisé de Genève avec des médecins pour m’évacuer à l’hôpital américain de Paris où j’ai reçu les soins à un coût indéchiffrable.

Pour ma rééducation, Oumarou Kanazoé est intervenu et là aussi c’était inabordable. Il a payé. Je crois qu’ils ont fait leur devoir. Ils se sont conformés à leur philosophie et moi je ne peux que les en remercier. Tout comme vous des médias et la grande masse des anonymes qui, par leurs prières, m’ont soutenu. Chacun m’a aidé conformément à sa philosophie et à sa foi. Moi j’étais malade, je ne pouvais rien demander.

Vous leur êtes redevable d’une certaine façon.

Oui, mais je ne marchande pas mon point de vue politique. J’ai eu l’occasion de le faire, si je voulais être une personnalité(être au gouvernement ou du parlement...) dans ce pays. Cependant, j’ai préféré construire un cadre d’épanouissement de la démocratie, et des droits de l’homme. Nous avons travaillé à élargir les espaces de liberté pour tous ceux qui s’agitent aujourd’hui, qui m’ont réprimé et qui se sont élevés contre le fait qu’on puisse payer mes droits. Aujourd’hui, certains d’ entre eux ont créé des partis politiques et se réclament de l’opposition. On se connaît.
Halidou Ouédraogo, c’est Halidou Ouédraogo. Il faut le laisser comme ça.

Avec le recul, allez-vous mettre fin à vos activités au sein du Collectif ?

En fait, si tout ce qu’on a fait a été possible , c’est parce qu’on n’a jamais travaillé seul. Moi, je suis de ceux qui pensent qu’on peut trouver des gens pour continuer le travail. Le 17 mars au soir, je ne serai plus président de l’UIDH. Je l’ai dit , il y a trois ans. Je serai remplacé par un citoyen africain. Il en va de même pour les autres organisations que je préside. Les activités du Collectif ont été tenues en mon absence pendant plus d’un an. La mobilisation était intacte et ils vont continuer. Si je peux les appuyer intellectuellement ou matériellement, je le ferai. Il n’est pas exclu que lors du congrès du MBDHP, que je passe la main aussi. Je n’ai plus rien à prouver.

N’y a -t-il pas une contradiction dans le fond et dans la forme entre votre rôle de conseil de Oumarou Kanazoé, un bonze du système et le fait que vous dirigiez un Collectif qui l’avait dans son collimateur ?

Dans le fond et la forme, on peut y voir une contradiction. Mais je vous dis tout simplement que les gens qui sont nés en 1983 ont aujourd’hui à peine plus de 20 ans. On a touché des pans de notre histoire que beaucoup ne maîtrisent pas. Mon troisième fils est né en 1984. Il est en Master et inscrit en doctorat de sciences politiques. Ma première fille est née en 1972. Elle est Française et travaille au Tribunal de Nantes. Ma deuxième fille est en cinquième année de médecine. Pour comprendre la situation politique d’un pays, il faut en connaître les grandes étapes et tenir compte de ces événements. Il y en a qui ne les maîtrisent pas ; par contre, il y en a qui suivent le fil conducteur.

En 1963, je militais déjà dans une association des élèves et étudiants du Yatenga. C’était l’époque où Bougouraoua, ministre des TP, a été débarqué du gouvernement et mis en prison au camp Guillaume. Il avait simplement refusé le rattachement administratif du Yatenga au Bulkiemdé et le rattachement de Dori à Ouagadougou. On était sous le régime de Maurice Yaméogo et on ne parlait plus du territoire de Haute Volta. Nous avons fait une délégation pour exiger sa libération. Il y a donc une mémoire. Et Bougouraoua lui-même le dit dans ses Mémoires.

J’ai milité en France autour des années 68 après une certaine réticence avec la FEANF(...). Mais une fois rentré, on a mis sur pied le Syndicat autonome des magistrats du Burkina (SAMAB). Nous avons été la seule organisation à dire que ce n’était pas une bonne chose d’adhérer au FMI et à la Banque mondiale lors de l’assemblée générale du CNR pour statuer sur la position du Burkina par rapport à la mondialisation. Le SAMAB a résisté pendant 10 ans. Il a été cassé. Aujourd’hui , il y a trois syndicats au niveau de la Justice.

En 1989, on a mis en place le MBDHP ; les efforts pour le mettre en place datent de1977. En 1992, nous avons créé l’UIDH.

Je ne suis pas boulimique des regroupements ni des associations. Mais je peux regrouper les femmes et les hommes de ce pays. Je vous le dis aujourd’hui, je peux le faire. Mais , il faut savoir garder son cadre, créer le cadre qu’il faut au moment donné.

Ceux qui disent que je m’accroche à ces postes et structures font fausse route. J’ai côtoyé les grands de ce pays, de Maurice Yaméogo en passant par Gérard Kango, Thomas Sankara, et Blaise Compaoré. J’ai connu des ministres puissants aujourd’hui que j’ai reçus quand ils étaient étudiants, Valère Somé, Basile Guissou, Salif Diallo.

C’est pour dire qu’il y a une constance dans notre choix et notre démarche. Si c’est l’argent , j’en ai vu passer. Mais on ne m’a jamais pris en train de traficoter avec. Pour juger un gars comme Lamizana (ancien chef d’Etat), on vous promet de l’argent. Ceux qui m’ont promis l’argent sont tous partis. Il y a un seul témoin, c’est Blaise Compaoré. J’ai dit non à l’époque. Dans ma maison, Thomas Sankara m’avait démandé mon numéro de compte. Il voulait que je change mes fauteuils qui n’avaient pas du tout bonne mine. J’ai dit non. Il ne faut pas éduquer ces cadres comme ça quand on fait une révolution. Moi je touche un salaire à la fin du mois pour le travail que je fais.

J’ai été lauréat du Prix Kadhafi d’une valeur de 250 000 dollars. La part qui devait me revenir , je l’ai versée dans les comptes de la Fondation Aimé Nikiéma. Mais j’avais pourtant besoin d’argent. Durant tout ce parcours, les propositions de postes ministériels n’ont pas manqué. Moi, j’ai dit non. Il y en a qui ont accepté. Ils sont allés du compromis à la compromission. Ce n’est pas aujourd’hui, à la fin de ma vie que je vais me diminuer. On a même dit que Bédié m’a versé de l’argent. Bédié est toujours vivant ; qu’ils aillent lui demander s’il me connaît. Lui-même a fait publier un communiqué pour dire de me laisser en paix, qu’il ne me connaît pas.

Il y en a qui poussent à dire que je sers le pouvoir. Ils prétendent que comme j’ai déclaré en son temps que Blaise Compaoré pouvait être candidat, je le sers, comme si je suis faiseur de rois. Si c’est vrai, autant me présenter au poste de président.

Otez-nous d’un doute. Au temps fort de la lutte du Collectif, le pouvoir était considéré à un moment comme très affaibli et presque par terre et il semble que vous vous êtes opposé à l’usage de la force par l’aile politique du Collectif pour prendre le pouvoir. Est-ce exact ?

Si le pouvoir était par terre, je ne le savais pas. Mais ce qui est sûr, j’ai refusé que l’on se serve du Collectif pour conquérir le pouvoir. Je l’ai dit officiellement à la Maison du peuple. Le vice-président Tolé Sagnon et les sections ont dit à l’opposition :"On ne vous soutient pas dans votre campagne électorale, dans vos projets pour aller à l’Assemblée nationale. On n’a pas créé le Collectif pour cela. Le Collectif a été créé pour rechercher la vérité et la justice dans le cadre de l’affaire Norbert Zongo un point, un trait."

Pourquoi soutiendrais-je Philippe Ouédraogo et non Me Sankara, pourquoi soutenir Ki-zerbo au lieu de Issa Tiendrébéogo. Ils ne sont même pas unis entre eux. On leur a dit "débrouillez-vous." Je leur ai dit qu’au Burkina , il n’y a pas de place pour 113 partis et je continue de le croire.

Notre devoir, c’est de garder le cap et c’est le cas jusqu’à présent. Il y a eu des frictions au sein du Collectif. Certains sont allés dire à des chancelleries que j’étais un CDR (NDLR : membre du comité de defense de la révolution). Ils ont oublié que ce sont les CDR qui m’ont contraint à la clandestinité dans ce pays. Et ceux qui ont suivi savent que je n’ai jamais été CDR. Il faut être né après 1983 pour le dire. On a combattu Ernest Nongma, ministre de l’intérieur du CNR en son temps. Mais aujourd’hui, on a travaillé ensemble. C’est une évolution. Il n’y a pas de contradiction dans mes actes , je vous le dis franchement et sans complexe.

Avec l’évolution que prend le dossier Norbert Zongo, (clôture du dossier), n’est-ce pas la fin programmée du Collectif.

Non. je ne pense pas. Voyez, chaque fois que le Collectif est sorti, c’est pour rappeler l’urgence de la situation. Le 20 décembre 2006, les militaires ont pris les armes. Pourquoi ? Déficit de communication et manque de considération. Que dit le Collectif ? Des réformes institutionnelles pour mieux impliquer les Burkinabè dans la vie démocratique. Des gens sont sortis manifester pour refuser le port du casque , alors qu’il s’agit de leur sécurité. Des GSP (gardes de sécurité pénitentiaire) sont sortis réclamer leurs droits, les gendarmes également. Nous du Collectif, on a demandé qu’on nous fasse le point de ces retenues sur le salaire des Burkinabé depuis des années, mais on attend toujours. On ne peut pas continuer à résoudre les problèmes en les contournant. Il arrivera un jour où il faut faire face. Ce sont ces choses-là qui ressortent petit à petit.

Pour me résumer, il n’était pas question pour nous d’offrir le Collectif à des gens incapables de s’entendre pour faire de la politique. Regardez les élections passées. Quel est le parti d’opposition qui a tenu un meeting à Ouaga ?. Le Collectif en a organisé combien ? Même si demain on appelle les gens de sortir , ils vont le faire parce que notre plate-forme est intangible. On pose des problèmes, on veut des réponses. En même temps qu’on élargit les espaces de libertés, on a suscité la prise de conscience.

Observez bien, ça et là, l’affaire Norbert Zongo ressort. Nous avons dit qu’il faut travailler à ce que ce dossier soit imprescriptible. Ce qui s’est passé est très grave. Cela ne va pas se résoudre par des lois et des décrets. Il y a eu un non-lieu mais les gens en auront une mauvaise conscience. Lisez ce qui se dit dans les journaux. Qu’ils sortent dire que ce n’est pas vrai et démontrer que ce n’est pas vrai. Tant que ce problème ne sera pas résolu, il serait illusoire de croire qu’on est en démocratie.

Ainsi, vous confirmez qu’il n’est pas exclu que vous passiez la main au niveau du Collectif ?

Au Collectif, ce sont des gens bien éduqués. Ce n’est pas un problème de place. Pour être en première ligne, il faut le faire. Regardez ce que cela a coûté aux Guinéens d’être en première ligne. Lansana Conté a fait envoyer le canon. Blaise Compaoré aurait pu faire envoyer le canon aussi. Seulement, les pays sont différents et les peuples aussi. Parce qu’ici au Burkina, on n’envoie pas le canon gratuitement. J’ai présidé le Collectif pendant 8 ans au risque de ma vie. D’ailleurs ma maladie est due à cette situation. Vous pouvez supporter des choses en tant qu’humain, mais pas votre organisme. Lui, arrivé à un moment, il rompt.
Actuellement , je ne suis que formellement président, sinon le Collectif est dirigé.

Ces derniers temps, l’affaire Norbert Zongo rebondit dans les médias suite au procès contre L’Evénement. Les médias ont l’impression que quelque part quelqu’un ne veut plus qu’on en parle. Qu’en pensez-vous ?

J’ai déjà donné la réponse. On ne résoud pas les problèmes en les contournant. On fait face et on les résoud franchement. Si c’était François Compaoré ou Blaise Compaoré qu’on avait tué ainsi dans la plaine de Sapouy, on se serait mobilisé de la même manière. En tuant, Norbert Zongo et en le réduisant à 5 Kg de cendre, le pouvoir a préparé une bombe de 5 kg de TNT. qui allait lui créer des problèmes et ça n’a pas manqué. On a vu ça en décembre avec la sortie des militaires et avant. Pendant ce temps, on remue les institutions, on prépare les élections comme si de rien n’était.

Il faut définitivement que les gens comprennent que le journaliste est au service de tout un chacun. Même si tu lui donnes à manger, il est la fenêtre des sans-voix. C’est inutile de s’attaquer à lui comme ça.

Je suis celui aussi qui, pour avoir eu à former des journalistes dans le cadre de mon organisation, leur demande de faire preuve de responsabilité. Votre confrère Assane Diop de RFI ,qui est un ami me l’expliquait un jour ; qu’avant de diffuser une information, il la recoupait par au moins trois sources différentes. Et je pense que si les journalistes font cela régulièrement , si vous vérifiez vos informations avant de publier, vous devenez comme un roc. Et rien ne peut vous arriver

Bien sûr, les gens pensent avoir réservé un mauvais sort à Norbert Zongo, ils ont tué un héros, mais on ne tue pas les héros. Ils sont sous terre, mais leurs idées demeurent.

Vous êtes inscrit au barreau. Là, vous reprenez du service. Comment vont les affaires, ça marche ? Le fait d’avoir été ou d’être une personnalité de la vie publique est-il un atout ?

C’est vrai, c’est une fonction lucrative. Je n’ai pas mis 6 mois pour avoir des clients. A peine mon cabinet ouvert, j’ai eu des dossiers. Malheureusement , je suis tombé. Ceux qui m’ont vu hier au palais (le 12 mars), ont pu mesurer ma capacité à défendre mes dossiers. Je ne peux pas tenir un livre de loi et le fouiller devant le tribunal. Cela m’amène à mieux préparer mes dossiers et à faire un travail de mémorisation. Je prépare mes audiences par coeur et comme j’ai été magistrat pendant 28 ans, j’ai vu des avocats faire et on apprend beaucoup.

Le second aspect, c’est de faire face aux dossiers. Quand les gens viennent à vous, il faut les écouter. J’ai été couché pendant un an , je n’ai pas pu traiter des dossiers et ce n’est pas facile. Même du côté des impôts, ce n’est pas facile. Heureusement qu’il y a des arrangements légaux.

Pour moi, le métier d’avocat n’est pas uniquement lucratif. Le 12 mars, j’ai défendu un dossier sans prendre le moindre sou. Mais si j’ai l’occasion d’engranger légalement, je le ferai. Je suis compétent et entouré de gens très compétents. Je suis malin et je n’irai pas seul dans ce métier. Je vais faire une association avec deux ou trois confrères d’ici ou d’ailleurs.

Halidou Ouédraogo se décharge progressivement de certaines de ses charges dans la société civile. Est-il possible que vous fassiez irruption en politique si d’aventure le débat sur les candidatures indépendantes aboutissait ?

J’ai un casier judiciaire vierge et j’ai beaucoup d’idées pour mon pays. Et j’ai une idée sur les hommes de ce pays et ils en ont une sur ma personne. Tant qu’on n’est pas mort , il ne faut rien exclure. Mais dans mon état actuel, je ne pense pas pouvoir le faire ni en première ni en deuxième ligne. Il faut être honnête.

Et puis , en politique, les gens ne viennent pas à vous, c’est à vous de le faire. C’est ce que beaucoup n’ont pas encore compris. Il ne suffit pas de créer son parti, s’asseoir et attendre d’être élu.

Vous quittez l’UIDH, sans avoir réglé le différend avec le gouvernement sur l’accord de siège. C’est peut-être un échec personnel ?

Je ne raisonne pas en terme d’échec. La dénonciation de l’accord de siège a causé un préjudice à l’UIDH. C’est une réalité. Mais l’organisation n’a jamais cessé ses activités. Le siège a toujours été fonctionnel, on a toujours payé, le personnel également a été toujours payé.

On semble aller à une solution suite à la question orale du député Ram Ouédraogo. Cette situation et d’autres me font dire que le problème sera résolu incessamment . Une délégation de cinq pays africains membres de l’UIDH a rencontré le directeur de cabinet du président du Faso à ce sujet. C’est plutôt une question de temps.
Et puis si c’était une question de personne, moi je pars. En principe, il n’y a plus de problème.

Qu’avez-vous à dire à tous ceux qui n’ont pas compris le sens de votre combat ?

Ils ne sont pas si nombreux que ça. Vous avez vu la misère, la santé, l’éducation ? Dans tous les domaines, il y a des problèmes. Il y a un site à côté de chez moi où les femmes concassent le granit toute la journée pour gagner leur pain. Des gens n’ont pas à manger et ils ne sont pas satisfaits moralement et spirituellement. Ceux-ci cherchent l’expression pouvant mieux traduire leurs préoccupations. Il appartient aux responsables d’aller de l’avant et de donner les réponses qu’il faut à ces préoccupations.

Un membre de l’UIDH a été arrêté à Djibouti, un responsable de l’opposition, Morgan Tsvangirai est entre la vie et la mort au Zimbabwe. C’est un problème qui nous préoccupe tous. A nous de savoir comment le poser.

Il revient aux Burkinabè de trouver les voies et les moyens de mieux poser leurs problèmes pour en trouver les solutions. Les idées que nous avons essaimées sont vivantes. Les réformes à l’Union africaine, à la Commission africaine des droits de l’homme, nous y avions contribué. Il en est de même pour les tribunaux ad hoc de Arusha et de la Bosnie. Les défenseurs des droits de l’homme ont une place au sein de la société civile burkinabè et africaine.

Les rebelles touaregs ont encore déposé leurs armes à Kidal. Nous étions là au début du processus de paix. Aujourd’hui, nous nous réjouissons des accords de paix de Ouaga sur le Togo et la Côte d’ivoire.

Au total, je me dois de remercier Dieu de garder la mémoire parce que j’aurais pu la perdre.

Propos recueillis par Abdoulaye TAO et Séni DABO

Le Pays

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  • Le 16 mars 2007 à 11:14, par Chercheur En réponse à : > Halidou Ouédraogo : "Le Collectif ne peut pas mourrir"

    L’Afrique, la France et le chiracosaure

    Dans le dictionnaire fictif du marigot politique, franco-africain qui se nourrit de turpitudes, de spoliations et de forfaitures diverses, nous avons retrouvé deux mots qui ont particulièrement retenus notre attention, il s’agit : de << Chiracosaure >> et de << dictatosaure >>, ce sera ici notre modeste contribution au rayonnement de la langue française et à la francophonie sans tête ni queue qu’on veut nous servir comme menu du jour.

    Le Chiracosaure est un animal politique, qui tue ses amitiés politiques pour survivre, c’est un prédateur froid et sans état d’âme qu’on trouve dans la vie politique française, il a les formes de son congénère d’Afrique et d’Amérique latine, le Dictatosaure .

    Le Chiracosaure à cependant l’avantage de vivre sur la terre ferme et dans les eaux douces de la démocratie ce qui limite sa capacité de nuisance. Mais ne vous y trompez pas. Il est foncièrement carnivore, Il se nourrit de mensonges, de trahisons, de haines, de fausses promesses, et autres dissimulations, il traîne de nombreuses casseroles derrière lui, c’est un illusionniste et un gesticulateur pathétique qui a utilisé l’appareil d’Etat pour son confort personnel. Il a laisser de nombreux cadavres sur son chemin.

    Au final il a dégoûté ses propres amis et ses partisans qui se sont détourné de la créature sans imaginations qu’il est. Esseulé au milieu des ors de la République, il donnait hier encore des conseils que lui même n’a jamais mis en application. C’est un dangereux prédateur, qui quitte sa tanière en y laissant ses œufs, dont l’éclosion donnera à la vie politique française d’autres reptiles de la famille des sauropsidés. Jacques Chirac incarne bien cette définition.

    Le << dictatosaure >> lui, est un prédateur plus dangereux car il ne vie pas en démocratie, il vie sur les terres fermes et dans les eaux tièdes d’Afrique et d’Amérique latine, il est sanguinaire, kleptomane, et se nourrit du bien public et d’assassinats sans état d’âme. Sa capacité de nuisance est telle qu’il peut transformer un pays immense et riche en une terre de misère et de non droit.

    Il hait la démocratie et ne supporte pas la moindre contestation. Il tue et humilie ses propres compatriotes pour plaire à son congénère français le Chiracosaure. Mobutu et Bokassa, qui furent des amis de Jacques Chirac représentent parfaitement la meilleure illustration de cette définition.

    La politique en définitive, est un domaine d’activité, dans lequel les grands hommes étalent à la lumière du jour leur intelligence et leur sens du devoir. Quand aux piètres hommes, ils nous permettent de découvrir leur insuffisance et leur nullité en politique. Jacques Chirac apparaît dans ce sens comme l’incarnation véritable du mal français.

    Dans le royaume Adjafon de Porto-Novo, dans le Bénin actuel et dans la confédération Ashanti de Kumasi, dans le Ghana d’aujourd’hui on demande toujours à ceux qui veulent s’engager dans la vie publique d’inscrire la vérité dans leurs actes, d’être juste et surtout de s’éloigner de la honte et de l’humiliation, pour eux même et pour leur peuple.

    Des voix s’élèvent aujourd’hui en France et dans le monde entier pour critiquer de façons sévère le règne calamiteux du Président Français Jacques Chirac, qualifié de versatile et d’homme sans scrupule par les uns et les autres. Le << chiracosaure >> à faillit à sa mission, il n’est plus que l’ombre de lui même.

    Pour nous les africains l’heure n’est pas aux tires sur un matamore. Mais La France s’étant toujours autorisée depuis les indépendances à se mêler de nos affaires, à décider pour nous sans notre avis, à nous donner des leçons de gouvernance et parfois même a choisir au nom de ses intérêts égoïstes et mesquins, qui doit diriger nos pays africains.

    Le départ de Chirac nous donne donc aujourd’hui un droit d’inventaire
    Le droit pour nous aussi de jeter un regard sans complaisance sur la vie politique des gaulois. Pour que les Français sachent réellement ce que nous pensons de leur classe politique et du système de gouvernement qu’ils viennent de connaître chez eux depuis douze ans.

    Ceux qui ont approché Jacques Chirac disent de lui que c’est un homme superficiel, qui manque de courage politique pour proposer à ses compatriotes un projet novateur porteur de certitude pour l’avenir de son pays, le journal Belge, « le soir » va plus loin en nous disant que nous venons d’assister à << l’adieu émouvant d’un piètre président >>.

    La vérité selon nous est beaucoup plus simple, car en définitive, à force de fréquenter, de côtoyer et de tutoyer les dictateurs africains, Chirac a fini par les ressembler. Ses amitiés avec Gnassingbé Eyadéma du Togo, Mobutu du Zaire, Idriss Debi Itno du Tchad, El Hadj Omar Abert Bernard Bongo Odimba du Gabon, Blaise Compaoré du Burkina Faso, Denis Sassou Nguesso du Congo, Paul Biya du Cameroun et consorts. ont fini par déteindre sur le président français.

    Et justement comme eux, il n’a jamais su utiliser le pouvoir pour améliorer le sort de son pays et de ses compatriotes. Il voulait avoir les honneurs et les avantages du pouvoir dans les ors de la République, il n’avait pas dès le départ une vrais ambition pour son pays. Voilà pourquoi Il ne reste pas grand chose de lui à l’heure du bilan.

    Sans être << chiracophobe >> nous pouvons nous permettre ici quelques remarques de fond, n’en déplaise à la << chiraquie>>. Et relever les nombreuses occasions manquées et les illusions qu’elle a entretenues dans le corps social du peuple français. en faisant du clanisme un système de gouvernement dans le courant de son second mandat, Mr Chirac à sans le savoir privatiser l’Etat à son profit.

    La nomination à Matignon d’un homme comme Dominique de Villepin, qui n’a jamais connu le suffrage universel, dont le seul mérite est la fidélité au président de la République est une erreur politique comparable à la nomination du Général Likulia Bolongo au poste de premier ministre dans le Zaïre de Mobutu.

    De La crise des banlieues, à la crise du CPE, l’échec retentissant du référendum sur la constitution Européenne et l’affaire Clearstream, ont montré les limites de ce genre de choix à l’emporte pièce qui tient plus compte des petits intérêts mesquins que du sens de l’Etat et du sort du peuple français.

    L’histoire humaine nous enseigne que les courtisans, cherchent toujours à satisfaire leur maîtres pour exister à la cour, le sort du peuple n’a jamais été leurs préoccupations et en cela, Dominique De Villepin, a merveilleusement illustré son rôle de valet au service du roi.

    La situation actuelle de la France ressemble curieusement à une débâcle, économique et sociale. Plusieurs millions de chômeurs de longue durée, des millions de Français dans la misère et la précarité, un déficit budgétaire de plus de 1000 milliards d’euros, une discrimination qui ressemble curieusement à un apartheid entre français de souche et français originaires des dom-tom, du Maghreb et de l’Afrique noire.

    L’ensemble de tous ces éléments font dire à l’observateur attentif de la société française que nous sommes que la France n’est plus une grande puissance, c’est une ancienne puissance qui occupe aujourd’hui une position moyenne dans les relations internationales.

    Elle finira par être in signifiante sur la scène mondiale comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal. La débâcle de ce pays aujourd’hui, comme en mai 1940, est due à des causes internes et non externes.

    Il est clairement établi que la problématique de la France relève d’abord de la définition d’un projet de société claire du peuple français, de l’élaboration des méthodes de travail, de l’inventaire des moyens, de la mobilisation des ressources humaines et matérielles et enfin de la sélection des individus prêts à offrir leur contribution à la réussite d’un projet global et globalisant ayant pour objectif le bien être du peuple français dans tous ses composants.

    On appelle cela en France, les Etats généraux. Est-ce qu’un tel schéma plus ou moins semblable a été élaboré ? La volonté de mettre en place des structures pour y parvenir est-elle apparue un seul instant ? A-t-on conçu des méthodes d’approche ou une autre stratégie traduisant une véritable préoccupation des dirigeants d’aboutir à du positif ? la mobilisation des ressources que nous avons évoquée plus haut a-t-elle été effectuée ?

    À cette série de questions, les réponses sont toutes négatives. Dès lors, se pose la nécessité de répondre à la toute dernière : << qu’à-t-on fait au juste >> pendant trente trois ans de Valery Giscard Estaing à Jacques Chirac en Passant par François Mitterrand ? qu’est ce qui a manqué pendant toutes ces années ? le temps, l’argent ? la mobilisation ? un plan ? la volonté ?

    Notre analyse retient ici que seule la volonté de construire le vivre ensemble dans le respect de tous, dans l’amour et la justice à fait défaut à la France, à sa classe politique qui couché à plat ventre devant les milieux d’affaires, à favorisé les petits intérêts mesquins des classes prédatrices.

    La France a renoncer progressivement sans s’en rendre compte à sa vocation de pays des lumières pour se vautrer comme un cochon dans la marre boueuse des Républiques bananières des tropiques avec ses quartiers paumés, ses divisions ethniques, sa phobie sécuritaire anti-noire et anti- arabes, son déficit budgétaire, son chômage et sa jeunesse durablement sans horizon. La France doit aujourd’hui apprendre à balayer devant sa propre porte, si elle veut être crédible dans la marche du monde.

    En ce qui concerne ses relations avec l’Afrique, l’échec à été plus que patent pour Chirac et son pays. Le soutien inconditionnel aux dictatures sordides, de Juvénal Habyarimana au Rwanda, de Sassou Nguesso au Congo à Gnassingbé Eyadema au Togo, a complètement décrédibilisé la France sur le continent Africain. Aujourd’hui un vent de Francophobie souffle d’Abidjan à Kigali, de Lomé à Douala et de Brazzaville à Libreville.

    Chirac y est considéré comme une incarnation du mauvais génie, celui qui porte en lui le mal français. Le rapatriement en catastrophe de 8000 français au milieu des émeutes anti-françaises provoqués par la stupide décision du président Chirac de détruire l’aviation ivoirienne au sol, Demeure aujourd’hui un cas d’école pour toute l’Afrique.

    Dans la crise ivoirienne, le gouvernement Français et son président ont complètement disjoncté. Car si leur volonté était de contribuer au rétablissement de la paix en Côte d’Ivoire, la solution la plus simple et la moins coûteuse était d’aider le gouvernement ivoirien a repousser la rébellion et d’engager des négociation directes permettant l’avènement d’une paix juste et durable en Eburnie.

    Finalement, l’accumulations des maladresses et l’incompétence du gouvernement français à cimenté le nationalisme ivoiriens au tour de Laurent Gbagbo, qui au lieu de Cinq ans est aujourd’hui dans sa septième année d’exercice du pouvoir dans un pays divisée et ravagé par une rébellion dans une guerre stupide et insensée que la France porte à bout de bras.

    Les manœuvres de la diplomatie française à l’ONU visant à suspendre la constitution ivoirienne pour enlever au président Laurent Gbagbo, le dernier lambeau de légitimité qui lui reste, est pour nous tous un chef d’œuvre de cécité politique, intellectuelle et morale de la chiraquie finissante. C’est ce genre d’aveuglement qui a conduit le président chirac à dissoudre le parlement dans lequel il détenait une large majorité en 1997.

    Voir loin, suppose d’abord et avant tout de voir aussi ce qu’on a devant soit. Comment l’Etat français sous l’administration chiraquienne a-t-il pu penser un seul instant que les ivoiriens allaient accepter les bras croisés au triomphe de la barbouzerie, et du gangstérisme d’Etat dans leur pays.

    Et cela au profit des intérêts sordides et mesquins de la France en Côte d’Ivoire ? C’est une des grandes énigmes du règne de Chirac. Nous ne sommes pas tous des tifosis de Laurent Gbagbo, mais il est vraiment honnête de reconnaître que les méthodes qui ont été utilisées contre lui et son pays relèvent piteusement du banditisme et de la racaille, une expression chère à la galaxie Sarkozy.

    Dans la crise Rwandaise la France avait soutenu l’armée mono-ethnique Hutu de son ami le dictatosaure, Juvénal Habyarimana, l’opération turquoise fut une occasion d’exfiltrer les génocidaires, de ravitailler l’armée Hutu en fuite au nom d’une francophonie aujourd’hui obsolète qui ne s’inscrit plus dans les préoccupations des africains.

    Le mépris et L’arrogance française devant un peuple qui n’a pas encore fini de penser ses plaies a exaspéré et agacé le Président, Paul Kagamé, au point qu’il a pris l’initiative de rompre les relations diplomatiques de son pays avec la France.

    Il faut faire ici très attention, l’éthologie nous enseigne que dans la jungle quand un animal s’attaque à son prédateur, c’est qu’il a développé durablement les anti-corps qui lui permettront de survivre aux assauts du dit prédateur.

    La France ne fait plus peur aux africains, c’est un tigre en papier, Chirac et De Villepin par leur mépris et leurs incohérences ont rendu un grand service à l’Afrique en poussant les africains à diversifier leur relations économiques et commerciales avec la Chine et d’autres pays émergeants.

    Bref en allant chercher ailleurs ce qu’ils n’ont jamais trouvé auprès de la France, c’est-à-dire l’amitié et la coopération dans un partenariat utile et confiant au bénéfice réciproque des partenaires. Cette démarche ouvre un horizon nouveau, la France n’est plus et ne peut plus à l’heure de la mondialisation d’être le partenaire exclusif de nos pays africains.

    Les français sous le règne de Jacques Chirac, ont connu la frustration à travers une caste politique au pouvoir, et ont eu un avant goût de ce qu’est un gouvernement à court d’imagination et un chef d’Etat, spectateur de l’histoire de son pays au lieu d’en être un acteur incontournable et un animateur infatigable du destin national.

    En douze ans, le Chiraquisme nous a enseigné comme le Mobutisme, que les gesticulations et les mots, ne font pas avancer un pays. Les peuples ne se nourrissent pas de rhétoriques et de bonnes intentions. Les français après cette expérience douloureuse du chiraquisme suicidaire et abracadabrantesque, comprendront mieux le sens des luttes sincères des démocrates africains.

    Et surtout le manque d’horizon que les dictatures soutenus par la France ont laissé en héritage à nos peuples et à la jeunesse africaine dont une bonne partie a choisi le chemin difficile et humiliant de l’exil à l’étranger.
    C’est un choix de désespoir comme celui qu’ils ont connu chez eux en envoyant Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle d’Avril 2002.

    À l’espèce en voie de disparition qu’est le << chiracosaure >>, nous rappelons cette phrase célèbre prononcer en 1973 par le dictatosaure Joseph Désiré Mobutu, à la tribune de l’assemblée générale de l’ONU, contre le régime raciste et criminel blanc d’Afrique du sud :

    << un fruit ne tombe que quand il est mûr. Mais devant l’ouragan ou la tempête, il tombe quand même. >>
    Adieu Jaques Chirac, merci d’avoir permis aus français de goutter aux fruits amer du monisme en politique.

    Dr SERGE-NICOLAS NZI
    Chercheur en communication
    Directeur du centre Africain d’études stratégiques
    CP.66 Vezia-LUGANO
    CH-6943 SUISSE
    Tel. 004179.246.53.53
    E-mail : nzinicolas@yahoo.fr

  • Le 16 mars 2007 à 19:50 En réponse à : > Halidou Ouédraogo : "Le Collectif ne peut pas mourrir"

    c`est bon ,franc et honette. pardon mr le president meme si il arrivait que tu ne soit plus de ce monde , tu aurais jouer ta partition . maximum de respect et reconnaissance pour vous .
    toute mes excuse pour mes fautes , car je suis anglophone , thenk u

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