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Le collectif et le 30 mars : "Tout, sauf une Journée de pardon véritable"

Publié le jeudi 15 mars 2007 à 09h05min

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Le Collectif des organisations démocratiques de masse et de partis politiques a annoncé lors de son meeting du 3 février 2007 une série de mesures dans le sens de la poursuite de la lutte pour la satisfaction de sa plate-forme d’action.

A travers cette lettre circulaire que nous vous proposons, le Collectif précise les modalités d’application desdites mesures et dénonce la Journée nationale de pardon parce qu’il estime que les étapes indispensables de la vérité et de la justice ont été escamotées.

• Aux organisations démocratiques de masse et de partis politiques membres ;
• Aux Collectifs provinciaux, départementaux et de zones ;
• Aux militant(e)s et sympathisant(e)s du pays réel.

Ensemble et à travers tout le pays, nous avons commémoré avec succès, le 13 décembre 2006, le 8e anniversaire du drame de Sapouy. Nous avons également organisé avec succès les meetings marches du 03 février 2007, conformément aux orientations de la Coordination nationale.

Dans son message aux militant(e)s du pays réel à l’occasion du meeting du 3 février dernier à Ouagadougou, la Coordination nationale indiquait : « Ainsi donc, le Collectif et l’ensemble du pays réel doivent comprendre que pour le pouvoir de la IVe République et ses procureurs et juges de service, il n’y aura jamais de "faits nouveaux" !

Cependant, le Collectif est confiant en la capacité de notre peuple à se mobiliser et à se battre pour imposer ces faits nouveaux et aboutir à la vérité et à la justice pour Norbert Zongo et ses compagnons et pour toutes les victimes des crimes impunis.

C’est pourquoi le Collectif lance un appel vibrant : à ses militantes et militants, à ses sympathisants, aux démocrates et progressistes de notre pays, aux élèves et étudiants, aux travailleurs des secteurs public et privé, aux commerçants et autres travailleurs de l’économie informelle, à la vaillante jeunesse du Burkina Faso dans toute sa diversité, aux populations du pays réel, à se mobiliser encore et encore et à demeurer déterminés et fermes avec lui :

pour exiger du pouvoir de la IVe République la réouverture du dossier Norbert Zongo et de ses trois compagnons ;

pour la poursuite de la lutte pour la satisfaction de sa plate-forme d’action, contre l’impunité des crimes économiques et de sang ; pour les libertés démocratiques ; contre la vie chère et pour une justice sociale véritable au Burkina Faso.

En conséquence, la Coordination nationale décide de ce qui suit :

1) l’ouverture d’une souscription en direction des militantes et militants du pays réel, des démocrates et progressistes, des organisations membres ou soutenant la lutte du Collectif, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, à partir de ce jour 3 février 2007 sur une période de six mois, afin de doter le Collectif de moyens matériels et financiers pour la tenue de sa 5e AGN et la poursuite de sa lutte ;

2) l’organisation de conférences éducatives sur des thèmes en rapport avec sa plate-forme d’action, et ce, à partir de ce mois de février en vue de ses prochaines descentes dans les rues du Burkina Faso ;

3) la préparation et la tenue d’autres marches meetings dès le mois de mars prochain si d’ici là le dossier Norbert Zongo demeure en l’état au greffe du Tribunal de Grande Instance ».

Par la présente Lettre circulaire directive, la Coordination nationale voudrait préciser la mise en œuvre des points suivants :

1) A propos de la souscription : • La Coordination nationale a élaboré une fiche de souscription signée par le Bureau à chaque organisation membre du Collectif, et il est affecté un numéro de fiche de souscription qu’elle doit respecter ;

• la souscription s’adresse aux militantes et militants du pays réel, aux démocrates et progressistes, soutenant la lutte du Collectif, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays ;

• chaque organisation membre organise la souscription sur tout le territoire national comme suit :

Seule la fiche de souscription signée du Bureau de la Coordination nationale du Collectif, visée par l’organisation membre, est valable pour solliciter la souscription au nom du Collectif ;

La souscription est ouverte aux sièges de certaines organisations membres.

A Ouagadougou, par exemple, il s’agira précisément des sièges du MBDHP, de la CGT-B à la Bourse du travail ; du PAI pour le G 14. Par ailleurs, des militant(e)s devront être désigné(e)s pour la collecte de la souscription auprès des militant(e)s et sympathisant(e)s.

Ils (elles) seront alors dûment mandaté(e)s par la direction d’une des structures membres du Collectif. Ils ou elles doivent être courtois(e)s et capables d’expliquer la nécessité et l’utilisation de la souscription.

• Un premier point sera fait dès le jeudi 15 mars 2007, puis à la lin de chaque mois pendant la période de souscription. Une directive viendra en son temps suspendre ou arrêter la souscription.

2°) A propos de l’organisation de conférences éducatives : La Coordination nationale du Collectif a arrêté les quatre (4) thématiques suivantes : impunité, indépendance de la magistrature, libertés, vie chère. Les structures du Collectif ainsi que les organisations membres devront s’inspirer de ces thématiques pour formuler les thèmes de leurs conférences.

Afin de faciliter au mieux l’organisation et la réussite de ces conférences, le Bureau de Coordination met à la disposition des structures qui le désirent des personnes ressources pour l’animation. En conséquence, les conférences éducatives seront programmées en fonction des moyens et de la demande des organisations membres ou des Collectifs provinciaux ou de zones.

Pour la période du FESPACO, la Coordination nationale du Collectif a retenu la projection du film "BORY BANA" suivie de débats sur le thème : « Impunité au Burkina Faso, le non-lieu dans le dossier Norbert Zongo » avec comme animateurs le Bureau du Collectif et le Collectif avocats (membre du bureau). Cette manifestation a eu lieu, le vendredi 2 mars 2007 à 18h, au Centre national de presse Norbert Zongo avec une forte participation du public.

3°) A propos de l’organisation d’autres manifestations publiques :

Le 30 mars 2001 a été décrété "Journée nationale de pardon" par le pouvoir de la IVe République. Ce jour-là, le Président Compaoré a, dit-on, demandé pardon au nom de la République. Le Collectif note que six ans après ce pardon et sur les assassinats de Sapouy, la mère, l’épouse, les enfants, les frères et sœurs, les confrères, les parents et amis de Norbert Zongo et de ses compagnons, le Collectif de lutte contre l’impunité, les démocrates et progressistes dans notre pays et à travers le monde, le peuple burkinabé, attendent toujours la vérité et la justice sur cette barbarie de Sapouy.

Pour mémoire, la Coordination voudrait rappeler un extrait du contenu de sa Circulaire directive n°24 du 7 mars 2001 : « Compagnons de lutte ! A propos de la Journée nationale de pardon que le pouvoir a unilatéralement programmée pour le 30 mars 2001, l’AGN (Assemblée générale nationale du Collectif, ajouté par nous) a retenu que par principe, le Collectif n’est pas contre le pardon et la réconciliation.

Mais il maintient fermement que le pardon ne saurait se faire dans un contexte de répression des libertés, en muselant une partie du peuple et en escamotant les étapes indispensables de la vérité et de la justice. En d’autres termes, on ne peut pardonner sans savoir à qui et pourquoi.

Les victimes de la répression et des violences, les ayants droit des personnes disparues, leurs parents et amis, le peuple burkinabé, ont le droit de connaître la vérité, d’accéder à la justice. La Journée dite de pardon ne saurait être une Journée de quitus pour les auteurs de crimes économiques et de crimes de sang ! (...)

Des centaines de crimes de sang et des crimes économiques ont été commis dans notre pays, principalement par les animateurs de l’Etat ou sur leurs instigations. Ces crimes, à ce jour, restent non élucidés.

Les auteurs, commanditaires ou complices de ces crimes continuent de circuler librement, certains sont toujours au pouvoir ou dans les arcanes du pouvoir. Les victimes et les ayants droit sont toujours frappés d’anathèmes. Ils n’ont ni le droit de savoir, ni le droit à la mémoire, ni l’accès à la justice.

Et ils doivent pardonner. Ils doivent pardonner le 30 mars 2001 à leurs bourreaux. Cela n’est pas possible. On constate par ailleurs que le "chef du Pardon", Monsieur Ram Ouédraogo, et ses amis ne parlent que de tombes. Que devient alors la centaine de crimes économiques recensées par les différentes commissions mises en place par le chef de l’Etat lui-même ?

Le pardon et la réconciliation qu’ils vont décréter le 30 mars 2001 concernent-t-ils ces crimes ? Dans nos traditions, dans les religions révélées, le pardon se mérite. Il est un acte où l’auteur du mal reconnaît son tort, dit pourquoi et dans quelles circonstances il a commis son forfait, dit son intention au repentir et sa disposition à réparer. Les victimes et les ayants droit, au terme d’une introspection profonde, peuvent pardonner. Pour le Collectif, le 30 mars 2001 sera tout, sauf une Journée de pardon véritable ».

Ces propos du Collectif sont plus que d’actualité, comme en témoigne le traitement du dossier Norbert Zongo après cette journée. C’est pourquoi la Coordination nationale, réunie le 22 février 2007, a arrêté ce qui suit : • Marquer un arrêt sur cette journée nationale de pardon, le vendredi 30 mars 2007, par des assemblées générales - débats sur l’ensemble du territoire national, basées sur des éléments - bilan de ladite journée, éléments qui seront produits par la Coordination nationale.

Meetings-marches sur toute l’étendue du territoire national, le samedi 21 avril 2007, autour du thème suivant : « Quel pardon sans vérité ni justice ? Mobilisation et lutte pour la réouverture du dossier Norbert Zongo, contre l’impunité des crimes, contre la vie chère, pour les franchises scolaires et académiques, pour les libertés et la justice sociale".

Compagnons de lutte,

Nous l’avons déjà dit, c’est la lutte du Collectif qui a contraint le pouvoir de la IVe République à des concessions et à des réformes politiques importantes. C’est lorsque la pression du Collectif a baissé que le pouvoir et sa justice aux ordres ont cru le moment venu de tenter un enterrement du dossier Norbert Zongo en décidant d’un non-lieu pour Marcel Kafando et pour X.

* Non au Non-lieu, Réouverture et instruction sérieuse du dossier Norbert Zongo ! * Vérité et Justice pour Norbert Zongo et pour toutes les autres victimes de crimes impunis !

NAN LAARA, AN SAARA !

Ouagadougou, le 6 mars 2007

Pour la Coordination nationale, le Bureau :

Le président du Collectif

P/O Henri Compaoré

MBDHP

Vice-président :

Tolé Sagnon

Collectif CGT-B

Vice-président :

Issa Tiendrébéogo

Groupe du 14-Février

Rapporteurs

Jean-Claude Méda

AJB

R. Ernest Traoré

UGEB

Me Bénéwendé Sankara

Collectif /Avocats

Observateur Paalga

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