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Présidentielle sénégalaise : Le Sopi n’a pas eu lieu

Publié le lundi 5 mars 2007 à 08h51min

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Le ciel ne tombera plus sur la tête de Wade. Il a gagné son pari. Celui de remporter les élections dès le premier tour. Ce qu’on croyait comme de simples propos de campagne a fini par se réaliser au grand dam de ses concurrents qui voyaient plutôt à travers cette déclaration, une intention manifeste de tripatouiller les résultats.

Dans tous les cas, les résultats sont là, Abdoulaye Wade est réélu au premier tour avec un score éloquent de 55,86%. Il devance ainsi de loin, ses deux principaux poursuivants, Idrissa Seck et Ousmane Tanor Dieng qui ont requis respectivement 14,93% et 13,57% des suffrages exprimés. Si on se réfère uniquement au taux de participation estimé à 70,77%, on peut dire que Wade a requis une adhésion populaire des Sénégalais malgré les critiques virulentes sur le bilan de son premier mandat.

Cette victoire, il l’a préparée en mettant de son côté toutes les chances. Moyens financiers, matériels, humains, religieux etc., tout a été mis en œuvre pour y parvenir. Malgré son âge, 80 ans, il a parcouru tout le pays pour faire entendre sa voix. Fin stratège, il n’a pas hésité aussi à mener des "alliances souterraines" avec certains leaders. C’est le cas de son rapprochement avec son ex-Premier ministre, Idrissa Seck qu’il avait jeté en prison et avec lequel il avait coupé le pont depuis 2004.

Même si ce dernier ne s’est pas rallié et a préféré être son concurrent sur le terrain, n’empêche que ce rapprochement lui a été bénéfique. Peut-être que s’il n’y avait pas eu ce rapprochement avant les élections, Idrissa Seck, qui a réalisé un bon score (14,93%) il faut le dire, aurait pu adopter un comportement assez hostile à Wade durant la campagne. Toute chose qui aurait peut-être changé le cours des événements. On peut aussi mettre au compte de ce rapprochement la décision d’Idrissa Seck à ne pas déposer un recours au niveau du Conseil constitutionnel sur les "éventuelles" fraudes orchestrées par Wade pour son élection alors que les autres partis de l’opposition sont en voie de le faire.

Les "accords" de ce rapprochement restés jusque-là secrets, vont-ils s’envoler après cette victoire de Wade ? A entendre Wade lui-même, tout laisse à croire qu’il va déterrer la hache de guerre qu’il avait enterrée momentanément. "Je ne ferai pas la chasse aux sorcières", a-t-il assuré, mais il promet de remettre sur le tapis les dossiers de ses concurrents dont Idrissa Seck, qu’il avait suspendus afin de ne pas être accusé de blocage à l’encontre des candidats à la présidentielle. Cette attitude de Wade peut paraître comme un chantage à l’endroit de ses concurrents qui entendent élever la voix pour dénoncer les fraudes qui ont favorisé son élection au premier tour.

Si sa victoire en 2000 sur Abdou Diouf avait offert au Sénégal sa première alternance politique depuis l’indépendance en 1960, à travers des élections propres et peu contestées, celle de 2007 laisse tout de même des zones d’ombre.

En bon démocrate, il devrait se plier au jeu et permettre à ses adversaires d’apporter les preuves de leurs allégations en toute liberté quitte à démontrer le contraire.

Le "Sopi" de l’alternance n’a certes pas eu lieu, mais qu’il permette au "Sopi" du changement de se réaliser. Changement de mentalité, changement de méthode. En un mot, l’expression des libertés et l’enracinement de la démocratie.

Par Zakaria YEYE

Sidwaya

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