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Programme Africa Cinéma : Les experts constatent l’échec du soutien au film africain

Publié le jeudi 1er mars 2007 à 08h05min

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Le programme Africa Cinéma a échoué. C’est du moins ce qui ressort
du rapport des experts commis pour une évaluation à mi-parcours de
ce programme conçu à l’origine pour soutenir l’exploitation et la diffusion des films en Afrique subsaharienne.

L’Union européenne jette l’éponge. L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) hésite, quant au ministère français des Affaires étrangères, il maintient le cap. La France poursuivra donc, seule pour l’instant, le soutien à l’exploitation et à la diffusion des films dans les pays d’Afrique subsaharienne.

Conçu en 2001 et mis en œuvre à partir de juillet 2003, le programme Africa, cinéma avait pour ambition de soutenir les salles d’exploitation en Afrique qui avaient commencé à disparaître dans la plupart des pays.
Africa Cinéma devrait donc aider à la réviovation et l’équipement de certaines salles.

Outre les salles, Africa Cinéma se proposait d’aider à la diffusion des films en Afrique par l’acquisition des films.
Mais hélas, deux ans après son démarrage, le constat est amer et la nouvelle est tombée comme un coup de massue sur la tête de la plupart des exploitants privés de salles de cinéma en Afrique.

La “chose” qui a été conçue pour les aider à sortir de l’ornière n’a pas marché. Les causes sont multiples. Le rapport d’expertise commis par les bailleurs eux-mêmes dénonce pêle-mêle, la manière dont le programme a été mis en œuvre, des conflits d’intérêt entre Europe Cinéma, la structure à laquelle on a confié la gestion du programme.
En plus, il y avait un manque de transparence, de l’avis des experts et les pouvoirs publics dans les pays bénéficiaires ont été royalement ignorés. Par ailleurs, le rapport d’expertise a déploré qu’un programme conçu pour l’Afrique qui doit s’exécuter en Afrique ait installéses bureaux à Paris, loin
des réalités du terrain.

Conséquence, les dépenses de fonctionnement ont culminé à plus de 500 mille euros quand les investissements totaux ont atteint 1,5 million d’euro.
Au total, le programme Africa Cinéma a aidé à la formation des exploitants de salle, il a déboursé 450 mille euros pour l’équipement de salles, aider à la diffusion de dix-sept films, etc.

Pour tous ces succès, le ministère des Affaires étrangères français a décidé de poursuivre seul l’accompagnement. Mais il a amputé plusieurs volets qui figuraient dans le programme initial. Plus question d’équiper des salles, ont martelé les fonctionnaires du Quai d’Orsay.
Ils ne pouront soutenir que les salles existantes et ils mettront l’accès aussi sur la diffusion.
Cette décision de poursuivre l’accent satisfait les “bons élèves” comme le directeur général du cinéma Neerwaya, Rodrigue Kaboré, président des associations des exploitants de salles du Burkina.

Pour les Sénégalais, les exploitants des salles sont des businnessmen et il faut les considérer comme tels en évitant de trop bureaucratiser les programmes de soutien en les coupant des réalités du terrain.
Le Quai d’Orsay promet d’être plus “sage” à l’avenir pour le bonheur des exploitants et des diffuseurs africains mais aussi et surtout, pour le plaisir des cinéphiles du continent noir.

Romaric Ollo HIEN

Sidwaya

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