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Afrique : Les clés toujours introuvables du développement

Publié le jeudi 1er mars 2007 à 07h59min

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Voir l’écart entre pays riches et pauvres se réduire, même à long terme. Pour la majeure partie des populations africaines, notamment subsahariennes, cela pourrait se présenter, pour longtemps encore, comme une ligne d’horizon, tellement le rythme imprimé par bon nombre de pays africains pour combler leur retard est lent.

Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) avait, à ce propos, tiré la sonnette d’alarme : au rythme où va l’Afrique, elle devra attendre 2147 pour réduire de moitié la pauvreté extrême. Autrement dit, beaucoup de pays africains sont très loin du compte, quant au pari d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) d’ici à 2015.

Si le constat selon lequel les OMD sont irréalisables dans de nombreux pays ne fait plus de doute à ce jour, on est en droit de se demander si les dirigeants à la tête de ces pays qui traînent toujours les pieds sont, dans le fond, prêts à accepter à la fois le développement et les exigences qu’il impose. A commencer par des exigences de démocratie, de bonne gouvernance, de justice et d’équité, de respect des droits de l’homme, etc. Pour les pays développés, évidemment, la question de savoir si leurs dirigeants sont prêts à faire face à de telles exigences ne se pose pas. Bien au contraire, ce sont des principes si ancrés qu’on dirait que l’Occident est très loin devant, comparativement à la majorité des pays du Sud. Si loin qu’aucun gouvernant occidental ne se permettrait n’importe quoi, sous peine de se voir jeter en pâture à la presse, à la Justice, ou d’être l’objet de contestations de ses gouvernés, qui pourraient ainsi entamer sa cote de popularité. C’est dire combien la conscience citoyenne est, en Occident, très forte. Si forte que qui nourrirait des ambitions de gouverner ou qui gouverne sait qu’il n’a pas droit à l’erreur.

Est-ce toujours le cas en Afrique, où les dirigeants peuvent multiplier les manquements sans pour autant être inquiétés ? Combien sont-ils à souhaiter avoir en face d’eux des peuples dotés d’une claire conscience citoyenne, très bien imprégnés de leurs devoirs et de leurs droits, et prêts à revendiquer ces droits ? En tout cas, ce serait trop demander au président guinéen, Lansana Conté, lui qui, c’est encore frais dans les mémoires, n’a pas hésité à réprimer dans le sang des foules de manifestants qui, excédés, avaient fini par réclamer son départ. Les exigences démocratiques supposent également l’équité et la transparence dans les élections. A dire vrai, peu de dirigeants des pays africains ont intérêt à ce que les élections se tiennent dans des conditions qui épousent les normes occidentales, même si leur pays était doté de tous les moyens nécessaires.

De même, peu de dirigeants semblent avoir fait leurs les exigences de bonne gouvernance économique, et s’être vraiment donné les moyens courageux d’y parvenir. La corruption, le clientélisme, le favoritisme, l’accaparement illicite des biens et des richesses, le train de vie scandaleux de certains Etats, voilà autant de vieilles hardes dont bien des pays pauvres n’ont pas été, jusque-là, capables de se débarrasser. Et comme si cela ne suffisait pas, la justice, autre exigence d’une nation véritablement démocratique, peine à trouver ses marques sur l’ensemble du continent.

Et si l’Afrique ne souhaitait pas réellement son développement ? Et si elle se complaisait dans sa situation de pauvreté et d’éternelle assistée ? Des questions qui ne paraissent pas saugrenues dans la mesure où l’Afrique ne cesse de puiser ses financements dans les profondeurs de... la pauvreté, une pauvreté qu’elle expose et vend à l’extérieur. On est d’autant plus tenté de répondre à ces deux précédentes questions par l’affirmative que le Gabon, petit pays d’Afrique centrale, aux potentialités immenses, qui a pourtant tout pour se hisser au sommet du développement, a bataillé ferme pour être parmi les pays éligibles aux fonds PPTE.

Aujourd’hui, pour la Chine, l’objectif relatif à la pauvreté est presqu’atteint grâce aux rapides progrès qu’elle a accomplis. Et pourtant, il y a seulement quelques décennies, elle pataugeait dans les profonds marécages du sous-développement. Il n’ y a pas de secret. Seul le travail paye. Mais comment combler le retard qui existe entre l’Afrique noire et la Chine, entre cette Afrique et l’Occident, quand les Africains eux-mêmes ne sont pas réputés être des bourreaux du travail ? Certes, il y a le contexte international marqué par les effets pervers du libéralisme sauvage, de nature à accentuer le retard des pays pauvres. Mais avouons que ce retard est aussi la conséquence d’ un manque de volonté politique. Il n’est pas certain, en effet, que tous ces chefs d’Etat des pays pauvres aient intérêt à ce que leur peuple soit propulsé à un certain niveau de développement qui implique de nombreuses contraintes pour eux. Apparemment, certains dirigeants préfèrent régner sur une masse silencieuse, sans qu’il leur soit fait obligation de rendre compte de leur gestion des deniers publics. La vie est bien plus facile ainsi !

Le Pays

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