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Guinée : "Borry bana"

Publié le mardi 27 février 2007 à 08h35min

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Alors que l’on pensait que l’instauration de l’état de siège aurait raison de sa résolution, la société civile guinéenne a décidé de maintenir son mot d’ordre de grève illimitée, amenant du coup les parlementaires jusque-là acquis à la cause du grabataire Conté, à se désolidariser de lui.

La majorité parlementaire a en effet décidé de ne pas prolonger l’état de siège ainsi que le voulait Conté, provoquant la rage folle quoiqu’impuissante du chef d’État-major de l’armée, Kerfala Camara.

Lequel ne cesse de vitupérer à la place de son patron qui, on s’en doute, doit se terrer dans l’un des camps militaires de la capitale, attendant l’issue inéluctable de cette crise politicosociale, à savoir son départ dans la honte et le déshonneur (il a trahi le premier serment militaire, à savoir la défense du peuple) de la présidence. A l’image de l’ancêtre héroïque, Samori Touré qui s’était dressé fier et farouche devant le colonisateur félon, le peuple guinéen a décidé que "la fuite est terminée" (borry bana).

Face à la traîtrise et la félonie de Conté et de ses sbires, le vieux fond culturel guinéen, nourri par la geste de Soumahoro Kanté, roi du Soussou, porté au pinacle par l’Almami Samory Touré, tacticien et général de gueue hors-pair et exalté par le "sylli", Amed Sékou Touré en 1958 refait surface. "Quand l’homme refuse, il dit "non", avait clamé Samori aux "oreilles rouges" qui lui demandaient par le biais d’un émissaire de "collaborer" avec le nouveau soleil (rouge sang) qui se levait sur la Guinée. Et l’Almamy avait utilisé la tactique de la terre brûlée en raison de la disproportion des moyens militaires (il ne pouvait que fuir face à la puissance de feu des Blancs) jusqu’au jour où il opta de faire face à son destin en se dressant, superbe, devant l’envahisseur.

Lequel était venu le vaincre "sans avoir raison" selon la formule historique de Cheick Amidou Kane dans "l’Aventure Ambiguë" Les syndicalistes guinéens en ont fait de même avec ces grèves entrecoupées de négociations jusqu’au moment où, sentant que Conté se jouait d’eux, ils ont décidé d’opter pour la "démarcation" physique et psychique. "Conté, on ne veut plus de toi", voilà l’état d’esprit du peuple que les parlementaires, malgré leurs poches pleines par leur gestion gabégique du pouvoir, ont compris.

Conté et sa clique de militaires sont donc seuls comme nous l’écrivions antérieurement, et le plus dur sera la gestion de la victoire. Plaise à Dieu que des politiciens véreux ou des militaires pouvoiristes ne la lui volent pas, car l’histoire de la Guinée risquera de balbutier en cette occurrence.

Boubacar SY

Sidwaya

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