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Dialogue direct inter-ivoirien : Au-delà d’un éventuel accord

Publié le vendredi 23 février 2007 à 07h20min

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Compaoré et Gbagbo hier à Bobo

La probabilité de la signature d’un accord à l’issue du dialogue direct interivoirien est grande. Le médiateur, le président Blaise Compaoré, s’est entouré d’un maximum de précautions pour qu’il en soit ainsi.Depuis le premier jour jusqu’à l’étape actuelle, la discrétion et la rigueur qui entourent les travaux leur enlèvent tout folklorisme auquel nous ont habitués certains négociateurs, par le passé.

Cette originalité de la méthode confère à la médiation Compaoré beaucoup de chances de succès, comme les protagonistes eux-mêmes, mis ainsi en confiance, l’ont reconnu.

Mais en plus des précautions de type organisationnel, le médiateur s’active à s’entourer d’autres garanties pour la réussite de sa mission. Il s’agit de l’élargissement du champ de ses consultations. Après avoir bouclé les négociations directes avec ceux qui détiennent les armes et constituent le vrai obstacle à la normalisation de la situation, l’heure est à l’écoute des différentes composantes de la nation ivoirienne.

Le défilé chez le médiateur a commencé avec l’ONUCI et la force Licorne dont on connaît le rôle de tampon entre les armées des Forces nouvelles et de Laurent Gbagbo à travers la zone de confiance. Ces forces seront appelées certainement à jouer également un rôle prépondérant dans le processus DDR (démobilisation-désarmement-réinsertion) qui risque d’être l’un des points majeurs de l’accord.

Ensuite vinrent les politiques, à commencer par l’opposition houphouétiste. Au cœur de la vie politique ivoirienne depuis belle lurette et ayant exercé le pouvoir d’Etat depuis l’indépendance jusqu’en 1999 avec le coup d’Etat du général Gueï, les partisans et héritiers de Houphouët ne pouvaient rester à l’écart d’une étape qui se veut cruciale pour la Côte d’Ivoire. Il est donc sage de requérir leur avis à la veille de la signature éventuelle d’un accord entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro.

D’autres acteurs de la scène sociopolitique ivoirienne défileront encore peut-être chez le médiateur qui semble désormais vouloir prendre tout le temps qu’il faut pour arriver à un travail de qualité. Toutes ces concertations, on le sait, visent à donner toutes les chances de succès à l’accord, mais aussi à prémunir le médiateur d’un éventuel échec. On ne pourra pas dire qu’il n’a pas associé tout le monde au dialogue, fût-il direct.

Ce système de négociation évolutif à l’entonnoir, au début resserré aux deux seuls protagonistes, puis au finish élargi (à titre consultatif) à d’autres acteurs, prédispose donc à l’optimisme. Encore que là aussi, des voix commencent à s’élever du côté d’Abidjan pour dénier à l’opposition non armée tout droit de se prononcer sur le dialogue en cours. Pourtant, la formule qui consiste à tenir les autres acteurs informés est la plus appropriée.

Mais admettons qu’un accord soit signé. Le plus dur, comme ce fut toujours le cas, concerne surtout son respect. Pour ce faire, rien n’est de trop, connaissant le sujet ivoirien, de sécuriser au maximum l’accord. Aucune porte de sortie ne doit être laissée aux signataires pour créer de la diversion et faire capoter les engagements pris de commun accord.

C’est le laxisme dans l’élaboration et le verrouillage des différents accords précédents qui ont fait leur échec. Cette fois-ci, il ne serait pas superflu que des clauses soient prévues pour les "tueurs" d’accord. Car en la matière, Laurent Gbagbo n’a pas toujours fait preuve de bonne foi. Sa spécialité, enterrer politiquement les "présidents en exercice" de telle ou telle institution, qui s’érigent en messieurs bons offices.

Il les a toujours rangés au placard. Blaise Compaoré, qui connaît bien la faune politique ivoirienne et qui est rompu à l’art des négociations, prendra sans doute au sérieux ce paramètre des pièges qui pourraient ternir son double mandat de président en exercice de l’UEMOA et de la CEDEAO. La longévité exceptionnelle au pouvoir de Gbagbo est la preuve qu’il a toujours su jouer et gagner. S’il devait son maintien au pouvoir par le choix libre des électeurs, on n’aurait rien trouvé à redire.

Mais c’est à force de pirouettes diverses, y compris les menaces de reprise des hostilités, la chasse aux étrangers, la répression de l’opposition, que l’homme fort d’Abidjan est toujours là. Habituées à de telles méthodes propres à un Etat d’exception, les autorités en place sont-elles prêtes à se soumettre au test des urnes ? Par ailleurs, le mutisme du Front populaire ivoirien dont on sait qu’il regorge de faucons tels Affi N’Guessan, Mamadou Coulibaly et Simone Gbagbo, et des "Jeunes patriotes » de Charles Blé Goudé, ne présage rien de bon.

Le président Gbagbo et tous ses inconditionnels accepteront-ils de lâcher le pouvoir s’ils sont battus ? Bref, l’après-accord comporte de nombreuses incertitudes de nature à renforcer le camp des "ivoiro-pessimistes". Mais, pour une fois qu’il est à l’initiative d’un processus de négociation, Laurent Gbagbo s’avisera-t-il à le saborder ? Tout est possible sur les bords de la lagune Ebrié où le reniement de la parole donnée est l’exercice favori de certains.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 23 février 2007 à 17:46, par Don king En réponse à : > Dialogue direct inter-ivoirien : Au-delà d’un éventuel accord

    burkinabé là ! renseignent-toi depuis l’avenèment de Gbagbo au pouvoir 2000-2002 avant la guerre y a t-il combien d’étrangers qui ont été chassés ? Et puis c’est dans l’intéret de soro le rebelle et des populations vivant en cote d’ivoire d’oeuvrer pour que Gbagbo reste au pouvoir au moins 15ans pour que, le pardon,l’oubli et la stabilité soit Sinon,imagine- toi que ou soro ou alassane ou bédie prends le pouvoir maintenant...éhii !l’odeur qui va sentir là,le burkina va "encaisseeeer..."nul n’a le monopole de la violences.on n’a pas besoin d’aller a l’université pour faire une rebellion ; demande à sherif ousmane,tuo fosié, koné zakaria,mobio,kass ect...ils vont te donner le son.

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