LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Nouvelles elections municipales à Pô : Beaucoup d’affluence, quelques tentatives de fraude

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h28min

PARTAGER :                          

Les électeurs de la commune urbaine de Pô sont allés ce 18 février aux urnes, dans le cadre de la reprise des élections du 23 avril dernier, pour désigner les futurs membres ( 63 au total) de leur conseil municipal.

Dans la ville de Pô, ils étaient nombreux à prendre, très tôt, d’assaut les bureaux de vote sous le regard d’éléments des forces de sécurité, d’observateurs nationaux, et de responsables de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), dont Moussa Michel Tapsoba. A part quelques difficultés matérielles, tout s’est bien passé, du moins jusqu’au moment où nous tracions ces lignes.

A 6 h du matin, la mobilisation des électeurs était déjà remarquable devant les bureaux de vote que nous avons visités dans quelques secteurs de la ville de Pô. Mais ces matinaux étaient vite confrontés à un obstacle, l’obscurité. Ce qui, du coup, rendait difficile le travail des uns et des autres : forces de sécurité, membres de bureaux de vote, etc.

Le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), Moussa Michel Tapsoba, qui s’y est, lui aussi, rendu très tôt, aux environs de 6 h, a, du reste, été témoin du problème. Et il le mentionnera d’ailleurs lors de son bref entretien avec la presse. Qu’à cela ne tienne, l’affluence des électeurs est restée de mise jusqu’ à 11 h dans certains bureaux comme ceux du secteur 6 à l’école A.

La même mobilisation a été observée dans les villages environnants de Pô comme Songo, Tiakané et Phiyiri, visités entre 9 h et 10 h. Mais tous les bureaux visités ne sont pas logés à la même enseigne. C’est le cas de l’un des bureaux du secteur 6, sis au lycée communal qui, jusqu’à 12 h 30, n’avait enregistré que le tiers des votants. Mais selon le président du bureau de vote en question, cela s’explique par le fait que la plupart des inscrits sont des commerçants. Ces derniers ne viennent le plus souvent voter qu’entre 14 h et 18 h.

Toutefois, la situation est plus critique à Dakola, localité située à 18 km de Pô, où, jusqu’à 15 h, l’on n’enregistrait que 2 votants dans un bureau de vote de 62 inscrits. Mais, globalement, le scrutin s’est déroulé dans des conditions acceptables.

Si dans l’ensemble les choses se sont bien passées, du moins jusqu’au moment où nous tracions les présentes lignes, l’on relevait quand même quelques irrégularités. Au bureau de vote n°2 du secteur 5 par exemple, une vieille, environ la soixantaine, a été désagréablement surprise de ne pas retrouver son nom sur les listes électorales alors qu’elle disait avoir voté aux dernières municipales et présidentielle. Toujours dans le même secteur, mais cette fois au bureau n°1, une autre vieille qui tenait à peine sur ses jambes s’est intégralement fait assister dans l’accomplissement de son devoir civique par une proche. Celle-ci l’a pratiquement remplacée dans toutes les étapes du vote.

Par ailleurs, le maire déchu, Henri Koubizara, qui ne cache pas son optimisme quant à la victoire de son camp à ce scrutin, dit avoir été saisi pour des cas de tentatives de fraude dans le village de Badongo, dans la circonscription électorale de Kampala, localité fortement courtisée par les acteurs politiques en compétition.

Du côté des observateurs, l’on notait la présence de réprésentants du Mouvement burkinabè des droits de l’homme et des peuples (MBDHP), du Mouvement burkinabè pour l’émergence de la justice sociale (MBEJUS), du Conseil d’Etat, etc.


Réaction de Moussa Michel Tapsoba, président de la CENI

"Nous avons pu visiter un certain nombre de bureaux de vote aussi bien à l’intérieur de la commune que dans les villages, surtout les plus reculés. Nous avons pu constater 2 choses qui vont nous enseigner à faire des suggestions aux législateurs et au gouvernement. Car, quand le scrutin se passe entre le mois de février et celui juin, il faut certainement changer l’heure du début. Car à 6h, on ne voyait rien. Et nous n’avions pas prévu qu’on allumerait les lampes le matin, mais on a dû le faire. Ensuite, j’ai été surpris des queues à 6h du matin devant les bureaux de vote. Cela augure une bonne participation des électeurs de la commune de Pô. Aussi, nous avons été satisfait de constater une bonne maîtrise de la tenue des bureaux de vote au niveau des agents électoraux. Je dois dire que les choses se passent bien. Et je suis content de voir qu’il y a une mobilisation importante de la presse autour de ce scrutin parce que nous sommes justement là pour montrer que le scrutin municipale de Pô, même s’il est circonscrit, reste un scrutin et mérite la même attention. Et je suis heureux de constater que la presse a réservé la même attention que nous à ce scrutin...

Quant aux électeurs qui ne retrouvent pas leur nom dans des bureaux de vote, je ne suis pas surpris, car, les listes qui servent à l’élection de Pô sont les même qui ont servi aux municipales. Donc nous ne sommes pas étonné que le même problème se soit reproduit. Mais ce sont des problèmes qui ne vont pas perdurer parce que nous travaillons en ce moment sur le fichier par rapport à ces questions. Nous avons remis dans les bureaux de vote des fiches qui permettront à nos démembrements de relever tous les aspects qui vont gêner la participation des électeurs au moment des municipales afin que des corrections soient faites pour que tous ceux qui avaient connu ce désagrément ne les connaissent plus au moment des législatives."


Propos du maire déchu, Henri Kombizara

"Je suis très satisfait de la sérénité qui prévaut dans la commune parce que vous savez qu’après cette annulation injuste et antidémocratique, la passion était montée d’un cran, mais nous avons pu avec les uns et les autres expliquer à nos militants, à la population, qu’il fallait rester serein. Mais, pour ce qui est des élections, nous sommes tout à fait confiant quant à la victoire. Pour le moment, au niveau de mon bureau de vote au secteur 2, tout se passait sereinement. J’ai visité quelques bureaux où j’ai pu me rendre compte que les choses se passaient aussi bien. Dans l’ensemble, nous comptons faire le plein de voix dans les secteur de Pô. Soit, dans cette affaire on ne peut pas dire qu’on est à 100% sûr de gagner, surtout que vous savez que nos adversaires sont doués dans la fraude électorale. Mais, en tout cas, dans presque la moitié des 25 villages, nous pensons faire le plein de voix..."


Retour sur une campagne électorale bon enfant

Lancée le 27 janvier dernier, la campagne pour la reprise des municipales du 18 février à Pô a pris fin le 16 février, sans incident majeur. Débutée de façon morose, c’est au cours des 3 derniers jours de la campagne que l’on a plus ou moins senti qu’il y avait élection à Pô. En effet, c’est entre le 14 et le 16 février que la capitale du Nahouri a connu une ambiance particulière avec respectivement les meetings de l’UNIR/MS, du PAI et du CDP à la place Némaro, cadre de déroulement des grands événements, lieu par excellence pour les uns et les autres de mesurer leurs forces et faiblesses. A l’issue de cette campagne, il est ressorti que 2 forces se disputent le siège tant convoité de maire de Pô : le PAI du maire déchu et le CDP du président Compaoré.

Depuis le top de départ de la campagne électorale jusqu’à son apothéose, on a vu un déferlement de responsables politiques de la place vers des villages pour y battre campagne. Sur les 63 sièges à pourvoir, 50 sont à répartir dans l’ensemble des 25 villages, et seulement 13 dans les 6 secteurs de la ville de Pô. On comprend dès lors pourquoi cette course effrénée à la recherche de l’électorat des villages. Mais, Pô étant la capitale de la province, abritant d’ailleurs le siège de cette mairie que se disputent, d’une part, le CDP, et l’opposition réunie d’autre part, il fallait y passer afin de mesurer sa capacité de mobilisation et se faire une idée de la suite des événements.

Et l’ADF-RDA dans tout ça ? se demandaient certains qui pensent que ce parti pourrait jouer les trouble-fêtes dans cette compétition électorale, au regard de sa position de 2e parti au plan national. Quoi qu’on dise, l’ADF-RDA, bien qu’il ne se soit pas beaucoup fait entendre durant la campagne, a son mot à dire dans cette élection, car le parti avait obtenu 9 conseillers contre 13 pour le PAI dans le Conseil dissous.

Ainsi, l’on susurre que le bureau politique national de ce parti reçoit des pressions de la part du CDP pour le faire gagner haut la main à cette élection. Dans la mesure où le parti avait soutenu Blaise Compaoré lors du scrutin présidentiel. Mais, à entendre les responsables et autres militants du parti de l’Eléphant à Pô, il n’est pas question de trahir dans le cadre de la coalition de l’opposition qui soutient la candidature du maire déchu.


"Des données du scrutin"

- Partis en lice : 6
- Inscrits : 16 613
- Bureaux de vote : 46
- Sièges à pourvoir : 63

Par Grégoire B. BAZIE (Envoyé spécial) et Nouffou ZONGA (Collaborateur)

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique