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24e conférence Afrique/France : "Nous allons regretter Chirac"

Publié le lundi 19 février 2007 à 09h08min

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Que retenir de ces deux journées franco-africaines des 15 et 16 février, qui ont réuni au palais des festivals et des congrès cannois plus d’une trentaine de chefs d’Etat et de délégations ?

Sans doute les dossiers du Darfour, de la Guinée et, dans une moindre mesure, de la Côte d’Ivoire ; l’arrimage du partenariat africain avec l’Europe, la problématique du coton et la "der" du sommet de Chirac, même si l’intéressé n’est pas disert sur ce sujet. Un départ que "nous allons regretter", a laché Blaise Compaoré.

Ce n’est qu’un accord, mais il a le mérite d’avoir été l’œuvre des 3 principaux responsables de la situation au Darfour, du moins, ceux de qui en sont concernés au premier chef : Omar El Béchir du Soudan, Idriss Deby Itno du Tchad et François Bozizé de Centrafrique, qui ont décidé d’arrêter d’apporter leur aide aux rebelles qui écument cette région. Un accord obtenu sous l’égide de l’Union africaine. Quant à la Côte d’Ivoire, sans le dire, on reste suspendu aux conclusions du dialogue direct.

En ce qui concerne la Guinée, une résolution a été prise, appelant les autorités guinéennes à dialoguer avec les syndicats pour sortir de l’impasse. Mais est-ce possible dans une Guinée au bord de l’embrasement et, surtout, avec un Lansana Conté qui considère que son pouvoir est d’ordre divin ? En tout cas, les autorités françaises sont prêtes à évacuer leurs ressortissants, de même que les Américains et les Libanais de ce pays où le pire n’est pas loin.

La présence de la blonde Angela Merkel, chancelière de l’Allemagne et présidente en exercice du G8 et l’UE à cette grand-messe est l’un des signes que le centre de gravité de ce qui fut longtemps une chasse-gardée de la France se déplace vers l’ensemble de l’Europe. L’Afrique est donc désormais arrimée à l’Europe. "Il n’y a pas de défis de l’Europe d’un côté et, de l’autre, ceux de l’Afrique", a laissé entendre Angela Merkel à l’ouverture des travaux. Du reste, l’Europe est, depuis un certain temps, aux côtés du continent noir : Louis Michel, le commissaire européen au développement, était présent à ce sommet, de même qu’en 2005 à Bamako ; et il défend actuellement l’Afrique dans le cadre de la négociation du dixième Fonds européen de développement (FED). Assurément donc, c’est la ruée vers l’Afrique, notamment pour le Brésil, l’Inde et surtout la Chine. Et le président gabonais, Omar Bongo, a bien résumé ce qui ressemble à la fin d’un monopole... français ainsi : "C’est la France qui nous a colonisée, mais elle est à présent essoufflée et il nous faut d’autres partenaires".

Entre autres, les subventions au coton, déloyales et "amorales", selon Chirac, doivent cesser. Pour lui, le cycle des négociations de Doha de l’OMC doit prendre en compte cette donne. En tout cas, c’est avec résignation que le chef de l’Etat malien a lâché un proverbe africain au sujet de ce commerce inique du coton : "D’habitude, on ne peut pas raser la tête d’une personne absente, mais dans le cas du coton, c’est bien le cas... on fixe les prix sans demander aux Africains leur avis".

C’est justement pour toujours aider l’Afrique qu’a été lancée l’opération UNITAID, quelques minutes avant la conférence de presse de clôture. A l’occasion, 17 chefs d’Etat se sont retrouvés autour du président français qui ont adhéré à cette initiative, laquelle vise à augmenter l’accès des plus démunis à des médicaments de qualité en particulier ceux contre le paludisme, la tuberculose et le Sida.

Pour 2007, 300 millions d’euros sont requis pour toucher 50 pays. UNITAID devra également bénéficier des retombées des prélèvements sur les billets d’avion, autre action chiraquienne qui "préfigure des changements innovants". Enfin, sans le dire, Chirac a, probablement, fait son Sommet d’adieu. Et Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabè, a affirmé à un confrère français, au sujet de Chirac, que "nous allons le regretter... c’est un personnage qui sera longtemps dans nos cœurs". Certes sur ce sujet, l’intéressé fait toujours dans l’esquive. Est-ce votre dernier sommet ? l’interrogea un confrère. "Oui, pour cette année". Mais quand ses pairs lui ont demandé : "Jacques, on se revoit en Egypte ?" il n’a pas répondu. Ainsi est Chirac.

Le président du Faso, lui, sitôt après la fin du sommet, s’est rendu, le 16 février dans l’après-midi, chez le maire de Cannes, puis, le lendemain, à Vence, ville jumelée à Ouahigouya (lire encadré), et à Nice pour rencontrer les Burkinabè y résidant. En 2009 au Caire, l’Europe, la Chine et le Brésil seront probablement présents pour le 25e sommet, mais problablement sans Jacques Chirac.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana à Cannes

L’Observateur Paalga

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