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Femmes et politiques : "La nature est faite selon une logique de parité"

Publié le jeudi 15 février 2007 à 08h06min

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La question de la participation politique des femmes au Faso est plus que d’actualité, surtout à la veille des élections législatives. Pour l’auteur qui s’invite au débat, l’effectivité de cette participation passe par un juste et équitable partage, aussi bien du pouvoir, du savoir que de l’avoir.

Face au débat qui a cours autour de la participation politique des femmes, nous nous en voudrions de ne pas nous y inviter. Loin de nous l’intention de nous constituer en avocat défendeur ou demandeur des femmes ; mais en tant que citoyen, c’est un devoir de nous sentir interpellé, car la question du genre relève bien plus du bon sens, de la morale et de l’éthique humaine que de toute autre considération politico-juridique.

La caricature et l’image comme supports pédagogiques du débat !

Nous est-il déjà arrivé de concevoir, dans l’imaginaire certes, un monde où il n’y a que des hommes ou exclusivement des femmes ? La vie y serait monotone, incolore, inodore et sans saveur. Bien plus, un tel monde ne pourrait résister au temps, faute de ne pouvoir remplir l’une des conditions essentielles pour la pérennité de l’espèce humaine : la reproduction sexuée !

Considérons également notre corps ; il est construit suivant une certaine symétrie qui lui procure harmonie et stabilité. Que dirions-nous alors d’une personne dont une partie latérale serait inexistante ? Un impotent, voire un monstre horrible ! Supposons encore les deux plateaux d’une balance ou les deux pôles d’une pile.

L’équilibre des plateaux n’est possible que si les poids utilisés sont de même valeur ; de même, le courant n’est produit que si les pôles sont de signes contraires. Nous constatons donc que la nature est faite selon une logique de parité : la terre et le ciel, la lune et le soleil, le jour et la nuit, le matin et le soir, le bien et le mal, la vie et la mort, le noir et le blanc, le mâle et la femelle, etc.

C’est ce contraste de couleurs, de goûts, d’odeurs, de faits et d’actes qui fait le monde. La nature a toujours été parfaite ; c’est la culture qui la déforme, l’agresse et transgresse sa loi.

Les dangers d’une vision à dominante phallocratique de la politique

Le domaine politique ne va jamais ressembler à ce monde, à cette personne, à cette balance ou à cette pile tant que la majorité du genre humain que constituent les femmes n’auront pas accédé au pouvoir politique et décisionnel dans des proportions justes et équitables avec les hommes.

Du reste, une vision quasiment monolithique et phallocratique du monde et de la politique manque de vertu, viole les principes fondamentaux de la nature humaine, vide les notions d’Etat de droit et de démocratie de leur essence première, contrarie les efforts de développement.

Les points de vue doivent être croisés et non à sens unique pour permettre la contradiction et le dynamisme dans les projets de société. Et la meilleure contradiction qui vaille est d’abord naturelle avant d’être idéologique, culturelle ou philosophique : un monde, deux visions spécifiques et complémentaires en fonction des sexes !

Le cri du cœur est venu du Liberia, nos sommités en prennent conscience

En tout cas, la Présidente libérienne n’a pas manqué de le dire lors du sommet de la CEDEAO tenu en janvier 2007 à Ouagadougou. Et contrairement à ce que certains commentateurs pensent, elle n’a pas du tout joué à l’humoriste ; son observation est d’autant plus profonde que l’on puisse l’imaginer, car, au-delà de l’humour ou de l’ironie, c’est l’expression ferme d’une femme qui plaide en faveur du genre en politique.

Non seulement elle ressent une certaine solitude, voire une certaine gêne au milieu de ses pairs (tous de sexe masculin !), mais elle invite aussi et surtout à une prise de conscience quant aux dangers qui guettent nos démocraties en réalité sélectives et même exclusives.

Bien que l’histoire politique des deux pays ne soit pas identique, "le malaise" de la Présidente libérienne est largement partagé au Burkina Faso en ces mois bénis de début d’année où les cérémonies de présentation de vœux ont donné l’occasion de faire des déclarations et d’émettre des intentions généreuses en faveur de la gent féminine.

Qu’il s’agisse du Chef de l’Etat burkinabè ou de la Première Dame, du ministre de la Promotion de la femme ou du ministre de la Promotion des droits humains, tous ont insisté sur la nécessité et l’urgence qu’il y a de permettre aux femmes de participer aux processus et instances de décision et de gouvernance.

Ils ont tous donné raison à la première femme africaine qui a accédé à la magistrature suprême de son pays : il faut créer les conditions nécessaires pour que les femmes participent effectivement à la gestion de la cité ! Mais comment ? Par un partage juste et équitable aussi bien du pouvoir, du savoir que de l’avoir, inclusivement et cumulativement ! C’est un impératif !

Entre l’intention et l’action, il y a la volonté comme distance à parcourir

Dans Un monde flammes de Billy GRAHAM, le Sénateur américain Hubert HUMPHEREY, à propos des droits civiques, fait noter que « ...la loi seule ne peut y arriver, il faut que la solution vienne du cœur ». En tout état de cause, nous suggérons à travers nos Femmes et pouvoir politique au Burkina Faso des solutions que nous pouvons regrouper comme suit :

Des solutions à court terme :
l’adoption de nouveaux systèmes électoraux comme les quotas, la candidature indépendante, le vote préférentiel ;

des facilités fiscales et financières telles que : l’exonération des candidatures féminines de toute caution, la répartition de la subvention de l’Etat au prorata du nombre de femmes en listes et en fonction de leur positionnement :

l’humanisation du terrain politique (culture de la morale, de la non-violence et de l’éthique politiques) ;

l’investissement massif du terrain politique par les femmes en vue de toutes les consultations électorales (présidentielles, législatives et communales).

Des solutions à moyen et long terme :
L’autonomisation des femmes au plan économique par la diversification, la vulgarisation et la promotion des domaines de production porteurs ;

le renforcement du capital humain féminin (scolarisation, alphabétisation, formation de l’élite féminine, promotion de l’expertise féminine, éducation à la citoyenneté, etc.) ;

la reconversion et la reconsidération des mentalités et comportements rétrogrades (éradication des complexes d’infériorité ou d’incapacité vécus par les femmes elles-mêmes, élimination des préjugés et autres pesanteurs socioculturelles par la société tout entière).

Ni féministe, ni féminisé, ni efféminé ! Juste pour la cause juste de la femme !

Dassablaga Sawadogo
Tél bureau : 50 32 48 74
Tél cellulaire : 70 29 59 34

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 15 février 2007 à 12:27 En réponse à : > Femmes et politiques : "La nature est faite selon une logique de parité"

    la parité pour la parité, c’est du nivellement vers le bas. Si beaucoup de femmes ne font pas la politique, comment voulez-vous kil y’ai parité ?épargnez-nous des phénomènes de mode.

    • Le 16 février 2007 à 13:18 En réponse à : > Femmes et politiques : "La nature est faite selon une logique de parité"

      En effet, c’est la mode de GENRE, car les bailleurs de fond et autres organisme on dit que le developpement passait par les femmes !
      J’ai meme vu une conference "GENRE et TIC"

      C’est du n’importe quoi !

      Dans les pays riches, les femmes ont des salires moins élevés pour un meme poste qu’un homme.
      En politique c’est la meme chose : moins de femme.

      Pour les salires on est tous d’accord que pour le meme boulot il faut etre payé de la meme facon, qu’on soir femme ou homme, blanc ou noir.

      Mais pour la politique, peut etre que les femmes ont autre chose a faire... peut etre que le fait que ça soit un monde d’hypocrites, et de mechants, les femme ne veulent pas rentrer dedans...

  • Le 19 février 2007 à 11:23 En réponse à : > Femmes et politiques : "La nature est faite selon une logique de parité"

    Vous êtes tout simplement un être supérieur / Je note le renforcement qualitatif du capital humain féminin - l’autonomisation des femmes au plan économique - et surtout l’humanisation du terrain politique. Bravo et merci M. SAWADOGO.

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