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Sommet France/Afrique : La dernière messe « noire » de Chirac

Publié le jeudi 15 février 2007 à 08h04min

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Jacques Chirac

« L’Afrique et l’équilibre du monde ». C’est sous ce thème que débute, ce matin dans la ville de Cannes, le 24e sommet France/Afrique. A l’invitation du grand chef blanc Jacques Chirac, la majorité des princes africains prennent part à ce rendez-vous biennal.

Autour de Chirac, il y a les amis traditionnels, qui répondent toujours présent comme Omar Bongo, Blaise Compaoré, Idriss Deby, Denis Sassou N’Guesso, Abdoulaye Wade, François Bozizé... Sur les 53 pays que compte le « Berceau de l’humanité », une bonne quarantaine est ainsi représentée au plus haut niveau.

Dans le lot des absents, on avance des noms de leaders comme Thabo Mbeki de l’Afrique du Sud, Moammar Kadhafi de la Libye, Robert Mugabe du Zimbabwe, Paul Kagame du Rwanda, Lansana Conté de la Guinée. Devraient être, en principe, absents à Cannes les présidents Joseph Kabila de la RD Congo et Laurent Koudou Gbagbo de la Côte d’Ivoire.

Ce 24e sommet à Cannes est tout un symbole. Pas à cause de la ville qui l’abrite- Cannes est un haut lieu de rencontre des stars du 7e art- mais parce qu’il y a des indices concordants qui font penser qu’il s’agit bien du dernier grand rendez-vous de Chirac avec ses pairs africains. Après 12 années passées au palais de l’Elysée, il devrait quitter les lieux, après avoir passé la main à un nouveau président courant mai 2007.

Un sommet d’adieux donc pour un homme qui, à force de plaider pour l’Afrique lors des rencontres internationales, a réussi à se faire passer pour l’ami des Africains. Si, pour nombre d’observateurs, cela est discutable, car la France au nom de laquelle il prêche « n’a pas d’amis, mais des intérêts », une chose est tout de même sûre : Chirac est l’ami personnel de certaines dirigeants tels Omar Bongo Ondimba, Denis Sassou N’Guesso...

Sommet d’adieux donc pour un grand chef blanc qui s’en va sans pouvoir garantir quoi que ce soit à ses « valets locaux ». Etant sur le départ, il ne peut, en effet, rien leur promettre, pas même les recommander à son éventuel successeur (Nicolas Sarkozy ou Ségolène Royal). D’où ce sentiment compréhensible d’attentisme au sein du syndicat des présidents africains, notamment dans sa composante francophone, très attachée à la France.

On comprend cette attitude de nos têtes couronnées, d’autant plus que le changement de génération à l’Elysée augure forcément le changement de méthode de travail et surtout des rapports avec le chef. Le côté trop personnel des relations que la présidence française avait avec certains des dirigeants va nécessairement changer. Période de vaches maigres donc en perspective pour des chefs d’Etat trop enclins à fouler le perron de l’Elysée.

A l’allure où vont les choses, la question de l’utilité de cette foire, qui a tous les traits d’un néocolonialisme, reste posée. Les sommets se suivent, de grands discours sont prononcés, des résolutions, prises, mais rien de concret sur le terrain.

De ces messes « noires », une en tout cas reste vivace dans les mémoires : c’est celle de la Baulle en 1990, au cours de laquelle François Mitterrand a prononcé son fameux discours dans lequel il a intimé aux pays africains d’opter pour la démocratie et donc le multipartisme comme système politique.

Mais là encore, les résultats sont très mitigés. Il suffit de voir le fonctionnement de certains pays pour se convaincre de la pseudo-démocratie qui y a cours. Angela Merkel, la présidente du G8 et de l’Union européenne (UE), ainsi que Louis Michel, le commissaire européen au Développement, prennent part à l’ouverture de cette conférence franco-africaine.

Un signe pour beaucoup qu’il vaut mieux évoluer maintenant vers des sommets UE/Afrique. D’ailleurs, dans le second semestre de 2007, l’Afrique et l’Europe devraient se rencontrer dans ce sens au Portugal.

Seulement, est-ce que la France va accepter de renoncer aussi facilement à « son » continent ? Là est toute la question. Une chose est sûre, au moment où les Etats-Unis et la Chine font des yeux doux à l’Afrique, la France ne va pas, si on ose dire, battre en retraite. Il serait, en tout cas, étonnant qu’elle le fasse au profit de l’Europe.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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