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Dialogue direct inter-ivoiriens : L’ONUCI fait entendre sa voix

Publié le mardi 13 février 2007 à 08h54min

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Les acteurs politiques ivoiriens poursuivent leurs discussions à Ouagadougou pour un retour de la paix dans leur pays. Lundi 12 février 2007, l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) est venue faire entendre sa voix au médiateur, le président du Faso, Blaise Compaoré.

Cela fait maintenant une semaine, jour pour jour que le président du Faso, Blaise Compaoré tente de convaincre les acteurs politiques ivoiriens de fumer le calumet de la paix. Et pour fournir tous les éléments au président Compaoré afin de lui permettre d’avoir une vue d’ensemble de la situation, l’Opération des Nations unies (ONUCI) en Côte d’Ivoire s’est déplacée à Ouagadougou.

Conduite par son chef de mission par intérim, le Tchadien Abou Moussa, la délégation a eu d’abord un entretien avec le ministre burkinabè de la Sécurité, Djibrill Bassolé, le « monsieur négociation » avant de rencontrer le chef de l’Etat lui-même.

« L’ONU ne fait pas de fixation sur la Résolution 1721, mais sur le retour de la paix en Côte d’Ivoire » a indiqué un membre de la délégation.

La résolution 1721, adoptée en octobre 2006 par le Conseil de sécurité des Nations unies a prolongé d’une année supplémentaire le mandat du président Laurent Gbagbo avec des pouvoirs élargis au Premier ministre Charles Konan Banny. Cette Résolution n’a jamais connu une application, le Groupe de travail international (GTI) ayant constaté le blocage « total » de la situation de sortie de crise.
Les cinq membres de la délégation, a-t-on indiqué restent dans notre capitale jusqu’à ce soir.

Hier lundi, ils ont rencontré les Forces nouvelles (FN) avec à leur tête Guillaume Soro. Avant leur départ, ils rencontreront les délégués du président Gbagbo au dialogue direct. Désiré Tagro et Alicide Djédjé qui sont rentrés à Abidjan vendredi nuit pour faire le point de l’évolution des discussions au président Gbagbo ont regagné Ouagadougou lundi après-midi.

Gbagbo espère un accord au plus tôt

Apparemment, le président Gbagbo est confiant quant à l’issue du « dialogue direct » dont il est l’initiateur. Lundi, le président ivoirien qui présidait un séminaire de réflexion sur le service civique à Grand Bassam, a déclaré que le « dialogue direct marche bien » à Ouagadougou, espérant la conclusion d’un accord d’ici à la semaine prochaine.

Visiblement, les acteurs politiques ivoiriens semblent s’acheminer vers un accord pour sortir le pays de la crise profonde dans laquelle il est plongé depuis bientôt quatre ans. En effet, les Forces nouvelles apprécient la démarche adoptée par le médiateur et espère eux aussi parvenir à un accord. « Nous continuons de discuter. Je peux vous assurer que les choses se déroulent très bien », avait déclaré jeudi, le porte-parole des Forces nouvelles, Sidiki Konaté.

Même des observateurs comme le conseiller politique du Premier ministre Charles Konan Banny, Adama Bictogo présent à Ouagadougou avec son collègue Léon Koffi, sont confiants quant à une issue « heureuse » des négociations. « Nous, nous sommes des observateurs. Nous ne participons pas directement aux discussions. Mais d’après le point que nous a fait le ministre Djibrill Bassolé, tout se déroule bien », a indiqué M. Bictogo.

Romaric Ollo HIEN


Et si on parlait d’amnistie ?

Alors que le dialogue direct inter-ivoiriens rentre dans sa deuxième semaine, le médiateur Blaise Compaoré aurait rencontré dans la soirée d’hier, une délégation de l’ONUCI conduite par son représentant intérimaire Abou Moussa. L’occasion sans doute de discuter ces fameuses sanctions prises contre des ivoiriens des deux camps et d’envisager leur levée, car, si la paix n’a pas de prix ; elle a un coût.

Au plus fort de la fronde « prédémocratique » des années 90, conduite par Laurent Gbagbo, feu le président Félix Houphouët-Boigny, avait déclaré à peu près ceci :»je préfère l’ordre dans l’injustice à la justice dans le désordre ». Cela pour dire que la raison d’état voulait bien que l’on torde le cou de temps à temps à l’orthodoxie juridique dès lors que la préservation de l’intérêt général en était la finalité. Dans le cadre du dialogue direct inter-ivoiriens, on en arrivera sans doute à cette extrémité dans la mesure où l’épée de Damoclès de la justice internationale plane sur certaines têtes, lesquelles ne voudront pas faire la paix tant que cette hypothèque ne sera pas levée.

Certains leaders, des jeunes patriotes du camp présidentiel, tout comme certains « com-zones » (commandants de zone) des Forces nouvelles avaient été épinglés par des rapports onusiens pour exactions, voies de fait et autres délits divers. Des sanctions dont une certaine presse vient de se faire l’écho, ce qui n’a pas manqué d’inquiéter leurs « destinataires ». Lesquels, en dépit de ce que l’on peut leur reprocher ne sont pas si haïssables que cela, si tant est qu’ils se seraient comportés de façon anormale dans une situation anormale.

Et le premier à l’avoir reconnu fut le président Laurent Gbagbo lui-même, l’amnistie figurant en bonne place dans son plan de sortie de crise. Il ne siérait donc pas d’être plus royaliste que le roi en faisant montre d’un puritanisme juridique de mauvais aloi et pouvant amener des « fritures » sur la ligne que le gouvernement et Forces nouvelles tentent d’établir entre eux. Il faut donc « absoudre » les uns et les autres pour qu’ils s’attaquent au chantier gigantesque de la paix.

Un chantier gigantesque dans la mesure où il nous revient que la connexion n’est pas encore totalement établie entre les vues du camp présidentiel et celles des Forces nouvelles. Des détails que l’on qualifierait de superfétatoires en seraient la cause. Désarmement, réunification, identification ou identification puis le reste, on semble tergiverser, même si l’on avance résolument vers la paix.

Personne n’envisage un échec qui pourrait entraîner le « chaos final ». Et si Blaise Compaoré donne du temps au temps, c’est qu’il a pris la mesure de cette responsabilité historique qui est la sienne d’éviter cette occurrence. Alors, il prend le soin d’associer le volet politique (les négociations) au volet pratique (la mise en œuvre des accords) pour que les fruits du dialogue ne soient pas « torpillés ».

Et si d’aventure l’amnistie que nous évoquions était obtenue, il ne faudrait pas que les hommes de terrain s’accrochent à leurs privilèges pour refuser de rentrer dans le rang. Cette tâche de pacification du terrain appartient plus aux deux camps qu’au président Compaoré qui, faut-il le rappeler, n’est qu’un facilitateur. Le Sommet France-Afrique de cette fin de semaine pourrait lui donner l’opportunité si le président Gbagbo s’y rend, d’accélérer la signature d’un accord politique global entre frères ivoiriens.

Soro étant venu à Ouagadougou la semaine dernière, nul doute qu’ils ont échangé « vivo voïce » sur les désidérata des Forces nouvelles. En se prêtant au même exercice avec Laurent Koudou Gbagbo à Cannes, il ne restera plus qu’à arrondir les angles pour que le compromis soit trouvé. On croise donc les doigts.

Boubakar

Sidwaya

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