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Législatives 2007 : L’UNDD prépare des campagnes de protestation

Publié le lundi 12 février 2007 à 07h28min

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Hermann Yaméogo rebelote à la tête de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD). Ainsi en a décidé le premier congrès ordinaire du parti, tenu à Ouagadougou les 10 et 11 février. L’UNDD a également changé d’orientation politique.

Elle dit être désormais un parti de centre-gauche. Ligne idéologique : la social-démocratie. Elle a également exigé que « les Burkinabè de l’extérieur puissent voter », et affiché ses positions par rapport aux prochaines législatives et au dialogue actuel entre les protagonistes de la crise ivoirienne.

Le bureau exécutif national est composé de 51 membres. Me Hermann Yaméogo a été réélu président. Dans son premier discours, il n’a pas hésité à donner des galons au parti : « L’UNDD est une puissance en action », a-t-il déclaré. Les militants, à l’unisson, ont répondu par une salve d’applaudissements. Le leader du « tékré » a aussitôt demandé que « les élections législatives, prévues le 6 mai prochain, soient repoussées ». Objectif : « corriger certaines imperfections afin de rendre ce scrutin crédible ».

Que fera l’UNDD le cas non échéant ? Ira ? Ira pas ? La réponse de Hermann Yaméogo est fracassante : « Même si nous y allons, ce sera par des campagnes de protestations. Il faut que le Burkina arrête sa comédie démocratique. » Le président de l’UNDD estime que le pouvoir a commis trop de crimes électoraux : « Lorsque tu voles le pouvoir du peuple, c’est un crime contre le peuple." Il a en outre invité les militants à dénoncer toutes les injustices qui grippent le processus démocratique. L’UNDD « exige » que le mode de scrutin soit revu et corrigé. Il a même rédigé à ce sujet « une motion sur le retour au scrutin régional ».

Et ce n’est pas tout. Le parti souhaite vivement « que les Burkinabè vivant à l’extérieur puisse prendre part aux élections ». Le président du mouvement de la jeunesse UNDD de Côte d’Ivoire, Dominique Gnissi, a particulièrement insisté sur ce point. « Ou on vote, ou ça casse ; ce n’est pas une plaisanterie », a-t-il averti, de vive voix. Puis il a rappelé que l’article 12 de la Constitution garantissait le droit de vote à tous les Burkinabè.

« Nous sommes Burkinabè "pian !" Et après ? »

« Toute élection qui ne tient pas compte des Burkinabè de l’extérieur est une élection impopulaire. D’ailleurs, si on ne tient pas compte d’eux, il n’y aura pas d’élections. Je serai l’ambassadeur par intérim du Burkina en Côte d’Ivoire, et Hermann Yaméogo président du Faso. » « Nous sommes Burkinabè "pian !" Et après ? » a-t-il ajouté, un peu emporté par la nervosité.

Dominique Gnissi a par ailleurs rendu hommage au président de l’UNDD : « Pendant les moments forts de la crise, quand on tuait les Burkinabè, on les assassinait, Hermann a été le seul leader de parti à venir nous voir, à partager nos souffrances. » « La meilleure récompense que nous pouvons lui offrir, c’est de voter UNDD aux prochaines élections pour que Hermann, le panafricaniste, puisse diriger ce pays. Il est le seul à pouvoir réconcilier le Burkina et la Côte d’Ivoire, la Sierra Leone, la Mauritanie et bien d’autres pays. »

Le dialogue direct Gbagbo-Soro ? Sur ce point, l’UNDD a été formel : « C’est ce que Hermann a préconisé depuis le début de la crise qui est en train de se réaliser. » Dans une motion, le parti souhaite que « ce dialogue soit irréversible » afin que « les peuples burkinabè et ivoiriens puissent se rapprocher davantage ». Mais, à ce sujet, Hermann Yaméogo souhaite que le président Compaoré mette de l’ordre aussi dans son propre pays : « Ce qu’il fait pour le Togo et la Côte d’Ivoire, qu’il le fasse aussi pour le Burkina. »

Dominique Gnissi du MJ/UNDD de Côte d’Ivoire émet, lui, des réserves : « Personnellemet, je n’ai pas foi en ce dialogue direct. Mais nous le soutenons, à condition que l’erreur ne soit pas permise. » Le reste tient en une phrase : Hermann Yaméogo a annoncé que l’UNDD était désormais du centre-gauche et qu’elle se réclamait de la social-démocratie. Raison invoquée : le parti veut se dresser davantage « contre la néo-domination et être plus proche de certains partis partenaires comme le MPLA d’Angola et le FPI de Côte d’Ivoire ». Dernier acte : le parti a souhaité la création d’un tribunal international pour juger l’affaire Norbert Zongo.


Recommandation sur le dossier Norbert Zongo

- Considérant les conditions inhumaines de l’assassinat à Sapouy de Norbert Zongo et de ses trois compagnons d’infortune,
- Considérant les conclusions pertinentes de la Commission d’enquête indépendante,
- Considérant la rétention de la justice par le pouvoir,
- Qu’il en résulte un refus systématique de mouvementer le dossier,
- Considérant le souci maintes fois exprimé par toutes les couches de la nation par rapport au jugement de cette affaire et les réactions dans le même sens de bien de partenaires extérieurs,
- Considérant que le non-lieu ordonné par le pouvoir constitue des motifs de frustration qui exacerbent la vie nationale,

Le congrès de l’UNDD tenu à Ouagadougou les 10 et 11 février 2007 en appelle à la mobilisation de tous, à des positions conséquentes des partenaires techniques et financiers pour que cette affaire ne soit pas passée par pertes et profits ; en appelle aussi publiquement, se référant au précédent assassinat de Rafic Hariri au Liban, à la signature d’une convention entre l’Etat du Burkina Faso et l’ONU afin qu’il soit créé un tribunal international sur le quadruple assassinat de Sapouy.

Le congrès

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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