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Dialogue inter-ivoirien : Les Ouagalais entre espoir et doute

Publié le vendredi 9 février 2007 à 07h39min

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Soro et Gbagbo

Depuis quelques jours, la capitale burkinabè est le théâtre de concertations entre les protagonistes de la crise ivoirienne, conformément au dialogue direct souhaité par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, et sous la supervision du président du Burkina Faso et de la CEDEAO, Blaise Compaoré, en vue d’une sortie de crise en Côte d’Ivoire. Quel regard les Burkinabè jettent-ils sur ces pourparlers ? Quelles sont leurs attentes ? Ont-ils foi en une issue favorable ? Micro-trottoir...

Yacouba Ouédraogo, journaliste : "Dans le principe même, déjà, c’est une bonne chose que les Ivoiriens acceptent de faire des efforts allant dans le sens du retour à la paix. On sait aussi que le Burkina Faso a toujours été accusé, à tort ou à raison, d’être impliqué dans ce qui se passe en Côte d’Ivoire. Je crois donc que c’est une belle occasion pour le Burkina de s’investir, même si c’est pour se racheter, pour que la paix revienne en Côte d’Ivoire.

Qu’il soit impliqué ou pas, c’est l’occasion pour le Burkina, à travers le président Compaoré, de réhabiliter son image. Mais il faut également faire attention à ne pas marginaliser certaines personnes dans cette recherche de paix. Jusqu’à présent, je n’ai pas entendu parler des populations étrangères qui résident en Côte d’Ivoire. Or on sait qu’en partie c’est de leur problème qu’est née la rébellion.

En outre, à l’allure où vont les choses, je me demande ce qu’il sera de la résolution 1721 des Nations unies. Est-ce que ce règlement va se faire en dehors de ce qui avait été institué comme cadre par la communauté internationale ? Bref ! L’essentiel, c’est que les Ivoiriens fassent violence sur eux-mêmes pour que la paix revienne dans leur pays."

Chantal Ouattara, directrice du Centre de formation technique Ouattara (CFTO) : "C’est une très bonne chose que le dialogue interivoirien ait lieu. Et si le président Blaise Compaoré pense qu’il peut vraiment aider la Côte d’Ivoire à résoudre ses problèmes, c’est tant mieux. Le choix du Burkina Faso pour abriter la rencontre, à mon avis, réside dans le fait qu’on le qualifie de "pays des hommes intègres" et que le président Compaoré est sérieux.

Sinon il y a beaucoup d’autres chefs d’Etat qui auraient pu être choisis. Il ne faut pas non plus oublier que c’est à cause de la guerre que les choses ont un peu changé ! Autrement, Ivoiriens ou Burkinabè, nous sommes tous frères."

Abas Pafadnam, chauffeur : "S’il y a entente entre les Ivoiriens, cela arrange les Ivoiriens eux-mêmes, de même que les Burkinabè. C’est bien que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro se parlent et s’entendent. Sans cela, il ne peut y avoir de paix, ni en Côte d’Ivoire, ni entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso."

Roger Sam, infirmier : "Le problème ivoirien concerne toute la sous-région ouest-africaine. Il faut qu’il soit résolu le plus vite possible. Et quand on sait que beaucoup de nos compatriotes résident en Côte d’Ivoire, cela suppose que le problème peut être résolu sur le sol burkinabè, surtout que telle est la volonté des Ivoiriens eux-mêmes. Si ton voisin a un problème et que tu estimes pouvoir l’aider, c’est une bonne chose. Il faut la paix en Côte d’Ivoire et j’ai confiance au président Compaoré. C’est un grand médiateur et il n’est pas à sa première expérience. Il a les moyens et l’intelligence nécessaires pour résoudre le problème ivoirien."

Anselme Tiahoun : "Que le dialogue interivoirien se déroule au Burkina Faso, je pense que c’est une preuve de la souveraineté de notre pays, et de fraternité entre Africains. C’est un acte très positif. L’initiative est à saluer, surtout si nous jetons un coup d’oeil dans le rétroviseur, avec les difficultés que nous avions avec la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, l’honneur est fait au président Blaise Compaoré de lui donner la possibilité de ramener la paix dans ce pays et dans la sous-région en général, c’est déjà un signe que la paix est en train de s’installer de façon très concrète. Si le président du Faso a osé s’engager, c’est qu’il saura gérer l’affaire afin qu’elle aboutisse."

Germaine Sawadogo, agent commercial : "Si le dialogue interivoirien se passe bien, nous dirons merci au Seigneur, surtout que c’est la sous-région qui est concernée, et les Ivoiriens sont nos frères. Ils ont aussi bien fait de choisir le président Blaise Compaoré. Avec nos prières et le soutien des uns et des autres, il va réussir. Je souhaite qu’à l’issue de ce dialogue il y ait une vraie réconciliation et que les coeurs s’apaisent pour qu’il y ait la paix en Côte d’Ivoire. S’il y a paix en Côte d’Ivoire, c’est qu’il y a la paix ici aussi."

Léon Nikiéma, commerçant : "J’attends de ce dialogue quelque chose de concret parce que la crise a assez duré. Depuis lors, ils ont cherché la solution, sans aller à la racine. Ils s’en prenaient aux branches et aux feuilles. Le Burkina et la Côte d’Ivoire sont deux pays frères. Ce n’est pas nous qui avons provoqué la crise, mais c’est nous qui pouvons la résoudre. C’est pourquoi je voudrais saluer l’initiative des deux parties antagonistes et celle de Blaise Compaoré que le dialogue soit mené dans notre pays. Sinon, je pense que tout a été déjà dit, il y eu beaucoup de rencontres autour de cette crise. Il appartient seulement aux deux camps (ndlr, pro-Gbagbo et pro-Soro) de respecter leurs engagements."

Hama Sondé, étudiant : "J’étais en Côte d’ivoire lors du déclenchement de cette crise. Après maintes tentatives de solutionnement, on en est encore au départ. On se rappelle aussi que dès le déclenchement de la crise Laurent Gbagbo avait accusé le président Compaoré d’être le parrain des rebelles. Mais si aujourd’hui, après toutes les tentatives de solutionnement du problème, il faut revenir à Blaise Compaoré, je crois c’est une bonne chose.

Seulement, personnellement je n’ai pas vraiment foi en cette histoire. Le problème ivoirien, il est clair : les rebelles ne vont jamais désarmer tant qu’on ne va pas procéder à l’identification. Laurent Gbagbo, lui, bloquera l’identification tant qu’on ne réunifiera pas le pays, et désarmera les rebelles. Je crois donc que le problème ivoirien est un problème ivoiro-ivoirien et, donc, devra seulement se régler entre Ivoiriens.

Le président Blaise Compaoré, on peut le dire, se mêle de ce qui ne le regarde pas, alors qu’il y a encore beaucoup de problèmes ici, comme la récente marche-meeting du Collectif pour exiger la réouverture du dossier Norbert Zongo.

Il gagnerait à trouver solution aux préoccupations de ses concitoyens au lieu de s’immiscer encore dans cette crise - ce dialogue - dont je n’attends, du reste, aucun fruit. Toutefois, si sa contribution aboutissait à la résolution de la crise, on ne pourrait que s’en réjouir. Mais, je le réaffirme, je n’attends pas grand-chose de ce dialogue parce que les positions sont très antagonistes."

Adeline Kanfiogo, étudiante : "Le dialogue, en lui-même, est une très bonne chose. Mais reste à savoir si, au sortir, le bilan sera positif. Car il y a eu plusieurs tentatives qui n’ont rien donné. Si, toutefois, le président Compaoré réussissait, ce serait un grand pas. Je pense que son implication dans l’organisation de ce dialogue est un bonne chose, surtout que nous sommes voisins de ce pays."

Propos recueillis par Lassina SANOU

Le Pays

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