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Commandement spécifique pour l’Afrique : La tentacule noire du Pentagone

Publié le vendredi 9 février 2007 à 07h33min

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Quand Ronald Reagan est arrivé au pouvoir en 1981, il n’a pas caché sa volonté déterminée de construire un vaste consensus stratégique antisoviétique et de se démarquer de la conduite de la précédente administration, jugée alors trop velléitaire.

Depuis 1975 déjà, l’engagement direct des Etats-Unis sur le continent africain tendait non seulement à s’amplifier, mais également à revêtir un caractère structurel, prioritairement dans un espace géopolitique allant de l’Afrique australe à la Corne de l’Afrique.

Un commandement unifié pour aller à l’assaut d’Al-Qaida en Afrique, c’est ce que Washington a décidé d’établir d’ici fin septembre 2008. Il s’agira d’un nouveau commandement militaire, qui aura pour rôle de superviser ses opérations sur le continent noir, ont annoncé le président américain, Georges W. Bush, et son secrétaire d’Etat à la Défense, Robert Gates.

Ce dernier a, en outre, affirmé que ce commandement serait chargé de développer la coopération militaire avec les pays africains, d’apporter un soutien à des missions non militaires et de mener des opérations militaires sur le continent africain si elles sont décidées par le gouvernement des Etats-Unis.

Jusque-là, au Pentagone, la responsabilité de l’Afrique était partagée entre le commandement central (Centcom), qui s’occupe du Moyen-Orient et assure le contrôle de la Corne de l’Afrique (l’Egypte, le Soudan, l’Erythrée, l’Ethiopie, le Djibouti, la Somalie et le Kenya) ; le commandement pour le Pacifique, qui a la mainmise sur l’océan Indien (Madagascar et les Seychelles) ; le commandement pour l’Europe, quant à lui, a la charge du reste, c’est-à-dire de la plus grande partie de l’Afrique.

Le commandement unifié, selon Robert Gates, offre une approche plus efficace et plus intégrée que l’organisation actuelle, qui date de la guerre froide. En décidant d’un commandement unifié, les Américains expriment par là même leur crainte de voir certains pays africains servir de repaire aux mouvements terroristes.

Ils veulent, coûte que coûte, éviter que l’est de l’Afrique soit une réplique de l’Afghanistan, en devenant une aile d’Al-Qaida. On comprend alors aisément leur soutien de l’offensive militaire éthiopienne qui a écarté, en fin d’année 2006, les islamistes somaliens, qui avaient sous leur contrôle la majorité du sud et du centre du pays, en raison de leur protection supposée ou réelle de membres du réseau islamiste.

A travers cette intervention américaine, on a vite fait de voir Washington poursuivre ses objectifs géostratégiques dans la Corne de l’Afrique, par le renforcement de sa coopération de sécurité avec le continent et la création de nouvelles opportunités pour soutenir les capacités de ses partenaires noirs.

Le nouveau commandement à créer reflète donc l’augmentation de l’intérêt stratégique des Etats-Unis pour le continent noir et leur préoccupation du fait que les terroristes sont en train d’élire domicile en Afrique. Il est question de réduire les conflits, d’améliorer l’environnement de sécurité, de lutter contre ou d’exclure tout développement des terroristes ou des réseaux terroristes et de soutenir la réponse aux crises. Par cette décision, le Pentagone veut aussi diversifier ses zones d’influence en Afrique, au regard des nombreux enjeux que représente cette dernière.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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