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Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

Publié le jeudi 8 février 2007 à 08h03min

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Bernard Lédéa Ouédraogo est, on ne peut plus, connu au Nord du Burkina Faso pour son œuvre de pionnier dans le développement du monde rural. Cet "esclave du développement" s’est aussi engagé dans la politique et y a fait beaucoup d’exploits avant de rendre le tablier, tant le milieu est difficile.

A travers les lignes qui suivent, Moussa Ouédraogo, un exploitant agricole fait la revue de l’œuvre du "vieux" et demande au président du Faso de le réhabiliter.

Si tu ne fais pas la politique, la politique te fera, a dit quelqu’un. En d’autres termes, il vaut mieux se ranger dans les coulisses de la politique que de se mettre à l’écart, croyant être à l’abri des prédateurs. Mais les accointances actuelles entre les leaders du parti majoritaire ne laissent-elles pas à désirer, au point que même le profane en la matière peut se faire une triste lecture de la guerre de positionnement ?

On s’émeut que ce soit surtout le développement, fondement de la raison d’être de la politique vue sous l’angle scientifique de l’exercice du pouvoir d’Etat, qui en pâtisse. Toujours, c’est l’égoïsme des hommes politiques qui dicte les lois et tant pis pour les populations à la base, abandonnées au suicide à l’arsenic des eaux de forages « politiquement offerts » à grand renfort de publicité à l’approche de chaque campagne électorale.

C’est encore tant pis pour les communautés de base, abandonnées à leur sort et dépourvues de tout moyen d’autosuffisance alimentaire, de tout pouvoir d’achat et de prise en charge des soins primaires en matière de santé.

Se quereller futilement

Messieurs les ténors politiques, arrêtez de vous quereller futilement, pour vous occuper honnêtement de la masse paysanne laborieuse.

Le cas le plus illustratif est le divorce consommé dans le nord du pays entre les tout-puissants du CDP (parti au pouvoir), les docteurs Salif Diallo et Bernard Lédéa Ouédraogo. Que vous manque-t-il pour vous entendre pour le grand bonheur des paysans, qui constituent le groupe cible bénéficiaire de votre lutte ?

Le premier cité, Salif Diallo, est venu sur le terrain auprès des agriculteurs trouver le second, Bernard Lédéa Ouédraogo, patron des Six "S" et des Groupements Naam, qui s’était déjà investi dans la promotion et la vulgarisation des techniques agraires et la lutte contre la pauvreté à travers un cri du cœur : « Développer sans abîmer ».

En cela, toutes les personnes averties doivent reconnaître que ces deux ténors se devaient de travailler la main dans la main en vue de capitaliser leurs expériences pour le bonheur du monde paysan. Très malheureusement, le docteur Salif Diallo, qui jouit de tous les pouvoirs politiques et de l’Etat, sera vite courtisé par des leaders locaux sans scrupules qui, visiblement, ne pouvant pas s’affirmer devant le vieux sur le terrain, utiliseront les raccourcis pour en finir avec lui.

Ce qui nous préoccupe le plus dans cette mafia politique, ce n’est guère le devenir de chacun de ces leaders qui, du reste, très nantis, n’ont que faire des yeux doux de personne, mais les lourdes conséquences de ce qu’il convient d’appeler divorce politique au grand dam du monde paysan.

Ceux qui suivent l’actualité de près savent ce que le dernier Congrès du CDP a pris comme sanctions diverses à l’encontre de certains de ses militants. Le pire à craindre n’a pas pu être évité, et les uns et les autres commencent à taper du point sur la table. A ceux-là s’ajoutent les anciens aigris du système qui n’attendent que le moment venu pour sortir leur arsenal de guerre.

Le médiateur accusé

Le docteur Bernard Lédéa Ouédraogo, à travers une interview accordée à la télévision nationale, a clairement manifesté son désarroi face aux tortures des responsables locaux du parti (indirectement cités) et a décidé de renoncer désormais à toute candidature à un poste électif, tout en restant CDP.

Au dire de certains de ses proches collaborateurs, le vieux est victime de trahison, alors qu’il a été envoyé comme médiateur dans la crise qui a longtemps secoué et qui secoue toujours Gourcy par les partisans du ministre Lassané Savadogo et ceux du Député Tahéré Ouédraogo interposés.

La sagesse de l’action de médiation a donc conduit le vieux à nouer le dialogue entre l’un et l’autre camp, et c’est là, semble-t-il, que les mauvaises langues, sans attendre le compte rendu de mission de celui-ci, se sont précipitées pour dire à son commanditaire que son médiateur a opté pour un camp, celui du Député Tahéré Ouédraogo.

L’étau commença à se resserrer autour du vieux, qui dut se rendre compte qu’il s’agissait d’un piège : trouver quelque chose à lui reprocher en vue de le ballotter. A entendre les proches du vieux, il semble aussi que les acteurs du monde rural qui ont de l’estime pour lui et qui ont travaillé à l’implantation du CDP (depuis l’ODP/MT) se voyaient boutés sans motif des instances locales du parti.

Et pour parfaire le crime, le vieux reçut un blâme à l’issue du Congrès de son parti, au motif qu’il a battu campagne pour l’ADF/RDA contre le CDP.

Si le vieux a péché, il en est de même pour ses bourreaux, qui ont sacrifié du même coup la cause du développement des communautés à la base. Au lendemain de ce crime de lèse-majesté, le vieux a pris la sage décision de se reposer. Il constitue une pièce maîtresse, désormais en moins, sur la scène politique dans le Nord pour ses innombrables actions comptabilisées et jamais réalisées au dixième par un autre fils de la région, fût-il un grand homme politique.

En témoignent les centaines d’emplois par lui créés, les nombreux cadres professionnels sortis des Six "S" et des Groupements Naam et qui jouent actuellement les premiers rôles dans des institutions, ONG, projets et associations de développement et dans de nombreuses communes rurales de ce pays. Cela devrait lui valoir de la reconnaissance. Les techniques agricoles apportées par le vieux dans le terroir doivent également appeler les honnêtes citoyens à un devoir de mémoire.

Les œuvres du vieux

La lutte contre la faim et la pauvreté constitue, depuis des dizaines d’années, un objectif du docteur Bernard Lédéa Ouédraogo, qui a, du reste, obtenu de nombreuses distinctions honorifiques et de reconnaissances aussi bien sur le plan international que sur le plan national.

Les politiques actuelles de l’Etat en matière de développement dans la région ne suffisent pas pour démystifier les œuvres du vieux. Les paysans sont ouverts aux nouvelles techniques d’exploitation agricoles par le canal de radios communautaires privées implantées un peu partout dans le pays, dont l’une des plus importantes, « la Voix du Paysan » à Ouahigouya, est l’œuvre de Bernard Lédéa Ouédraogo.

L’esprit inventif et créatif du vieux lui a également permis, depuis, d’instituer le microcrédit et les activités génératrices de revenus pour les femmes. La lutte contre le mariage forcé, l’excision et la création d’une Cellule chargée de la promotion de la femme, bien avant même que l’Etat ait institué un ministère en charge de ces oubliées, sont également à mettre à l’actif de Bernard Lédéa Ouédraogo.

Loin de chanter les louanges d’un homme qui s’est interdit une vie de luxe (malgré ses nombreuses et importantes relations), pour la cause des paysans, nous nous faisons le devoir de porter certaines réalités à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, parce que nous avons constaté, une fois de plus, que l’ingratitude humaine a fait une victime et que personne n’ose élever la voix pour dénoncer et dont l’ultime objectif est de réduire à néant ce vaillant fils du Burkina.

Un esclave inégalé

Nous devons instruire les uns et les autres de regarder plus loin que le bout de leur nez et de reconnaître les valeurs de cet esclave du développement rural, qu’aucun de ses prédateurs d’hier et d’aujourd’hui ne pourra jamais égaler en initiatives.

Quelqu’un a encore dit que le Burkina est un pays de savane où tout le monde se voit. Aujourd’hui, qui d’autre que Son Excellence Blaise Compaoré, Président du Faso, en dehors de toute considération politique et rien qu’au nom du développement, peut et doit réhabiliter le vieux, cet acteur rompu au développement communautaire, en pleine disgrâce psychologique et morale et victime d’injustice politicienne ?

N’est-ce pas pour lui et par lui que le vieux a accepté de s’engager dans la vie politique pour protéger, dans l’intégrité, les intérêts de son ONG et ceux des paysans, pour lesquels il s’est toujours battu ? Nous disons et prenons le Président du Faso à témoin, que des querelles de leadership bassement instruites ne doivent en aucun cas occulter les efforts des pionniers qui se sont battus depuis belle lurette, pour le bien-être des populations à la base.

Ouagadougou, le 04/02/07

Ouédraogo Moussa,
Exploitant agricole

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 8 février 2007 à 12:40, par M’nifou En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

    voici qui est bien dit Que ceux qui n’ont encore compris que la politique se fait avec des idées et non pas par les raccourcis mal négociés le comprennent pour de bon. Gloire et longue vie au vieux

    • Le 8 février 2007 à 21:05, par kakaphonie CDP En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

      Bonjour a tous ceux qui ont lu l`interview du grand( B.L.O) .je trouve que le CDP a vraiment eu tord d`avoir blamer ce grand messieur qui a toujour lutter pour le bien du pays qui n`a jamais profiter des deniers publique pour s`enrichir,qui n`a jamais ete blamer au paravant en temps que fonctionnaire de l`Etat avant de se retirer pour lutter,pour la cause de nos parents paysans ;et voila que des parvenu comme salif Diallo un intru avec ses complices viennent denigrer un parfait homme,un grand homme a cause de cette salle politique.

      UNE simple question aux gourous du CDP avec leurs allies : Etait-il difficille pour vous de consulter monsieur ledia en privee et lui dire de se retirer ?
      car il n`a rien fait de grave, pas du tout, au burkina et au burkinabe.au contraire S`est le CDP qui fait du mal.

      NB:Monsieur DIALLO reflechissez bien avant de reagir.
      De toute les manieres ont verra un jour trop ou tard. A bon attendeur salut

      • Le 14 février 2007 à 17:30, par M’nifou En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

        Je le repète : Gloire et longue vie au vieux. Honte à ses détracteurs.
        L’histoire lui donnera certainement raison. Il a le mérite de ne pas avoir marcher sur des cadavres pour parvenir à son parcours glorieux. En temps opportun, il nous sera donné de connaitre comment chacun de ces louchards a parachuté dans l’histoire de notre Yatenga.

  • Le 8 février 2007 à 17:13, par Bersany Touré En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

    Bonjour
    Il n’ aque faire de cette réhabilitation car la reconnaissance du monde paysan et des pauvres est mille fois mieux que cette mascarade auquel vous allez encore le soumettre. Laissez le se reposer loin de cette jungle insalubre

  • Le 9 février 2007 à 12:01 En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

    Oui c’est cela ! Tôt ou Tard ! Personne n’est le plus fort pour rester eternellement le plus fort ! oui ! tôt ou tard ! longue vie à nous tous.

  • Le 9 février 2007 à 18:13 En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

    Tant pi pour le vieux si il croit que le CDP c’est le paradi ; c’est bien d’espérer toujours dans le parti au pouvoir ; si j’étais à la place du vieux, j’aurais fait ouvertement menage avec d’autres partis. Il n’avait pas besoin d’aller se faire honir par des gens de petite cullote. Si c’est Blaise qu’il doit attendre ce sera dommage. Voila un vieux que nous aurions aimé voir sortir de la politique par la grande porte et que nous serions allés consulter tout parti confondu pour la bonne marche du pays. Si gagne une réhabilitation de Blaise, il ne sera plus rien pour nous autres. Il n’a pas besoin de cette réhabilitation. Il doit aussi arrêter de voir faire les yeux doux aux dirigeants. Il est un sage et cela suffit. C’est Blaise et son CDP qui ONT besoin de sON PARDON ET DE SA réhabilitation

  • Le 14 février 2007 à 21:34 En réponse à : > Ouahigouya : Blaise doit réhabiliter Bernard Lédéa Ouédraogo

    Bonjour à tous !!!
    Je ne vois pas, en quoi, le Président du Faso doit réhabiliter un Grand Monsieur comme Bernard, qui porte en lui-même les germes de la sagesse, de la droiture, de l’intégrité et d’un vrai burkinabé. J’ai assisté, en tant qu’invité de Ministre des Transports, Me Gilbert OUEDRAOGO, au discours de Monsieur Lédéa lors de l’intronisation du Nouveau Maire de Ouahigouya. J’ai beaucoup apprécié les termes de son discours alternant la bible et l’humour des hommes. Pour ce faire, j’ignore vraiment si la notion de "réhabilitation " est bien utilisée dans ce contexte, dans ce débat, dans ce forum. En effet, on réhabilite quelqu’un qui a été condamné à une peine afflictive ou infamante.
    Or, en l’espèce, aux dires des uns et des autres, je ne vois pas le mal que Monsieur Lédéa aurait fait à une mouche et, encore moins, la sanction pénale ou politique qui lui aurait été infligée pour que le Président du Faso le réhabilite.
    Quant au mauvais procès qui est fait à Monsieur Salif DIALLO, cet homme dont j’admire l’adversité au travail, j’observe, simplement, qu’il s’agit là, de combat politique qui exclue, naturellement les sentiments affectifs. Tout le reste n’est que tergiversation inutile car Monsieur Lédéa est bien conscient de ses valeurs et a, souverainement, décidé de se retirer du sérail politique de Ouahigouya. Laissez- le donc savourer proprement son repos bien mérité compte tenu du travail merveilleusement accompli par ce serviteur de la Nation.... Ange, France.

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