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Arts et spectacles : Comment Amélie de "Ma famille" a conquis le faso

Publié le jeudi 8 février 2007 à 07h49min

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Amélie Wabéhi et Alain Héma

Vendredi 22 décembre 2006. 23h (GMT). Centre international du théâtre de Ouagadougou (CITO), en face du Stade municipal. Le visage radieux, et les yeux humides, Amélie Wabéhi se laissent allègrement congratulée par les spectateurs, en ce début de week-end. Ils sont à peu près une centaine de personnes qui viennent d’assister à la grande première de la pièce théâtrale dans laquelle elle joue. Parmi « ses » fans, des Blancs, beaucoup de femmes.

Depuis le 1er novembre, cette comédienne du téléfilm ivoirien à succès « Ma famille » est à Ouagadoudou. « J’ai été contactée par le directeur de la Compagnie Eclair, Alain Héma. C’était en février 2006 lors d’une tournée que l’équipe de "Ma Famille" a faite ici », raconte Amélie.

« Nous avons fait un casting et Amélie est celle qui répondait au profil que nous recherchions », précise Alain, qui joue lui-même dans cette pièce intitulée « Dragonnier ». Dans cette production théâtrale, évolue également un Français, Bruno Rochet. La pièce est écrite par un dramaturge belge, Eric Durney.

« Dragonnier » parle du Sida, de l’amour, des rêves qui ne restent que des illusions... « Dragonnier » parle de la vie, des relations entre le Nord et le Sud, entre l’occident et l’Afrique. Elle parle des contradictions de la vie. Mais le message que la troupe entend distillé est que l’espoir est possible malgré le tableau assombri par les problèmes. Des problèmes dont l’expression ont fait pleuré la comédienne ivoirienne sur la scène. « J’ai pleuré avec tout mon corps. J’ai pleuré parce que nous venons de sortir d’une situation que nous avons déjà connue en Côte d’Ivoire », témoigne-t-elle. « L’Afrique n’a pas besoin de tout cela. Nous avons plutôt besoin d’amour entre les continents, entre les pays », soutient-elle.

Cette scène de pleures fait partie du scénario, mais Amélie semble dire qu’elle vient de loin. En allant au-delà de ce que le scénario avait prévu. Avec les violences des 19 et 20 décembre 2006 qu’a connu Ouagadougou, elle a en effet cru pendant quelques instants que la représentation de « Dragonnier » n’était plus pour maintenant.

Programmée pour démarrer le jeudi 21 décembre, c’est le lendemain que la première séance a commencé. Sans les personnalités, dont certains se comptaient parmi l’entourage de la première dame du Faso.

La douleur aurait été certainement insurmontable si la troupe avait dû annuler les séances. « Nous avons travailler très dur, de façon assidue. On commençait la répétition à 8h30, pour faire une pause à 13h. Puis, on recommençait à 18h pour se séparer autour de 22h.

A l’approche de la date de la grande première, on travaillait souvent entre 18h et 4h du matin », explique Amélie. Révélant qu’en environ deux mois de présence à Ouagadougou, elle n’a pas encore « découvert » la ville.

« Maintenant que ça démarre, mon programme va être plus relaxe », se réjouit-elle devant une admiratrice. Une dizaine d’autres représentations de la pièce sont pourtant prévues au CITO. Un lieu conçu par les artistes eux-mêmes et où joue souvent un autre comédien ivoirien, Fargas Assandé, précise-t-on.

« Les Burkinabè m’ont adoptée »

Le 6 janvier 2007. C’est ici que s’arrête la tournée Ouagalaise d’Amelie avec « Dragonnier ». C’est cependant loin d’être terminé pour la pièce qui doit parcourir d’autres contrées. Avant cette date, Amélie a déjà une idée de la suite du trajet. « Il est prévu des représentations à Bobodioulasso (capitale économique, NDLR), puis nous devons jouer en France et dans d’autres pays de l’Europe, à partir de mars 2007 », révèle-t-elle.

Elle se prend alors à croire que les populations abidjanaises pourront voir ce spectacle. « Nous sommes trois à jouer, si on joue chez mes deux compagnons, pourquoi ne jouerions-nous pas en Côte d’Ivoire, chez moi ? », interroge-t-elle, d’un air taquin. « On démontrera alors que Ivoiriens, Burkinabé et Français peuvent cohabiter et construire quelque chose ensemble », fait-elle savoir. « En tant qu’artistes, nous sommes aussi des ambassadeurs. Notre travail peut contribuer à l’amélioration des relations entre les peuples », soutient-elle.

Samedi 23 décembre. Il règne un soleil de plomb dans la capitale burkinabé. Dans les rues, Amélie est interpellé, félicité au passage...Les yeux cachés derrière des lunettes noires, elle savoure avec appétit le « mal » qu’éprouvent des gens à la reconnaître. « Souvent, on me demande si c’est vraiment Amélie du téléfilm Ma famille. Et quand je réponds oui, ils me disent qu’eux ne feront pas comme Decothey qui veux que je paie la dote et qu’ils sont prêts à payer la dote », témoigne-t-elle. Avant de conclure : « les Burkinabé m’ont adoptée ».

Barthélemy KOUAME
Envoyé spécial à Ouagadougou
Fraternité Matin

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