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Genre et quotas : Equité ou force de la faiblesse ?

Publié le mercredi 7 février 2007 à 08h14min

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Si la journée mondiale de la femme est due essentiellement à l’attitude quasi révolutionnaire de femmes américaines réduites à la portion congrue par une phallocratie tacite, il n’en demeure pas moins que malgré cette lutte engagée depuis 1800 et quelque aux Etats-Unis, c’est seulement le 5 septembre 2006 que Katie Couric, quarante-neuf ans à l’époque, fut la première femme à présenter le journal télévisé de 18h 30 sur une des trois chaînes nationales américaines.

Longue fut la route avant une telle concession (et c’est peu dire) pourtant cela se passe au pays même où commença la lutte des femmes et par ailleurs champion de la démocratie et de la promotion par l’excellence.

Un regard genré sur la superpuissance américaine ou sur l’évolution de vieilles entités politiques telles la France , la Grande-Bretagne , la Chine ou le Japon montre que l’apport de la composante féminine de la société, quoiqu’indéniable est resté relativement discret, à la mesure précisément du rôle alors dévolu à la femme.

L’irruption du genre dans le processus de développement même si de prime abord elle établit un semblant d’équité dans une société discriminationiste à l’égard de la gent féminine, induit surtout un questionné plus large sur le sens même de cette équité et sa pertinence réelle en supposée dans des rapports qui ne la magnifie ni ne la désavoue.

La mathématisation abrupte de l’équité des genres dans des contextes où celui-ci n’a pas un sens véritable risque au mieux de déclencher une guerre du genre là où il faut parler excellence et fragiliser encore plus les démocraties émergentes qu’on imagine sans mal engluées dans des discussions sans enjeux.

En effet, si le genre n’a jamais été une donnée fondamentale dans la construction des sociétés, son imposition comme réponse à une fracture structurelle dans les rapports hommes/femmes, en le rendant cette fois fondamental, introduit une norme sans incidence sur les objectifs ultimes de la société. Favoriser une péréquation par le nombre par souci d’équité satisfera sans doute les projections théoriques et "normalisera" les statistiques mais en terme de qualité et d’opportunité, les choses resteront en l’état. La recherche de l’équité, en faisant l’impasse sur la qualité, pose le problème de la faiblesse de l’une des parties en termes de revendication et non de participation.

Les quotas apparaissent alors comme une manière faible d’être fort ce qui, au bout du compte fera de certains des acteurs et d’autres des figurants, l’essentiel se réduisant seulement à une présence nominale. La lutte des femmes, même dans les entités politiques les plus poreuses aux souffles nouveaux, évolue d’une manière spécifique du fait de la nature des changements souhaités et ce n’est pas faute d’avoir essayé quoi que ce soit qu’elles en sont toujours presqu’au même point plus d’un siècle après avoir exprimé leur ras-le-bol face à la dictature du "tout masculin".

Plutôt que d’exiger que des extrapolations théoriques prennent pied dans un monde qui se façonne à coups de "tangible" la lutte des femmes prendra un sens nouveau si à la force transitoire et illusoire à laquelle elles aspirent vis-à-vis de l’homme, elles substituent et valorisent la force de la féminité tout court qui, elle, permanente depuis toujours, les mets au-dessus de l’homme, qui qu’il soit.

Luc NANA

L’Hebdo

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Vos commentaires

  • Le 7 février 2007 à 20:50, par Tara En réponse à : > Genre et quotas : Equité ou force de la faiblesse ?

    L’équité doit être valorisée en ce qui concerne les droits quelque soit le genre : le droit au travail, à compétences égales- salaire égal, le droit au savoir, et tant d’autres droits...

    Les quotas sont un mal nécessaire pour permettre aux femmes de se lancer dans des domaines où jusqu’alors les hommes ont tant bien que mal défendu ou tenter de défendre leurs causes. Il est important que les femmes prennent position dans divers domaines sociaux et politiques et ainsi faire passer leurs préoccupations et proposer leurs solutions qui sont souvent empreintes d’un réalisme étonnant.

    Les quotas sont le passage peut-être obligé pour une équité future.

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