Comment les partis en lice pour cette consultation ont-ils abordé cette période de précampagne ? Les partis rencontrés, l’UNDD, le PDP/PS, l’ADF/RDA et l’UNIR/MS donnent ici ce qu’ils ont pu et comptent entreprendre entre la précampagne et la campagne. Il ne sera plus question pour ces partis d’organiser de grands meetings mais maximiser sur des rencontres de proximité.

Fidèle Zoulabou (SG de la fédération UNDD Nahouri, rencontré le 21 janvier) : "Nous sommes en coalition avec le PAI..."

"Cette fois-ci, on ne verra pas l’emblème de l’UNDD sur la liste des partis en lice pour les municipales du 18 février. Pourtant, on a des candidats qu’on a eu à présenter avec le PAI du maire déchu. Nous préférons une telle coalition pour arriver à bout de nos préoccupations ; remporter la victoire. Pour notre précampagne, on a pu sillonner quelques villages, nous avons tenu des assises lors de la sélection de nos candidats. On a travaillé avec les villageois et dans les secteurs de Pô aussi. Mais, on n’a que 2 candidats dans les secteurs de Pô et les autres sont au compte du PAI.

Par ailleurs, nous profitons de votre micro pour interpeller nos responsables afin qu’ils nous donnent un coup de main pour pouvoir remporter cette élection, parce qu’on a conclu avec le PAI que après ces élections et après l’élection du maire, tous nos conseillers vont regagner l’UNDD, ils seront des conseillers UNDD. On a signé ce pacte et cela est clairement défini. Notre mission lors de la précampagne a consisté à aller expliquer aux populations comment nous comptons travailler cette fois-ci."

Saïdou Fofana (SG fédération ADF/RDA Nahouri rencontré le 22 janvier) : "La précampagne menée par tous sans l’intervention des politiciens..."

"Généralement, la précampagne est le fait des hommes politiques. Mais pour le cas spécifique, cette précampagne est menée par tous. Les gens n’attendent plus que les politiques viennent vers eux pour parler de cette élection. Cela est dû à l’indignation généralisée qui a suivi la dissolution du conseil. C’est avec juste raison puisque ce qu’on a fait à notre commune est un vrai coup de force. On a placé un parti politique au-dessus de toute une commune. Ce qui fait que de plus en plus, nos populations ont pris conscience. Elles sont restées sereines et entendent prendre leurs responsabilités.

Pour ce qui est de l’ADF/RDA, notre précampagne c’est la proximité. Nous passons de porte en porte pour expliquer aux populations la vision de l’ADF/RDA de la décentralisation en cours dans notre pays depuis la dissolution du conseil, et parallèlement à la campagne, nous suivons un dossier au niveau de la justice, un recours que nous avons engagé depuis la dissolution du conseil contre la décision des ministres que nous avons toujours des difficultés à accepter. Le dossier est en cours et je crois que probablement dans la semaine, nos avocats du cabinet de Me Yanogo et Yaguibou ont été entendus et seront convoqués avant l’ouverture de la campagne. Ce combat est de 2 ordres. Ce n’est pas une peur du CDP mais on s’est senti lésé et on demande réparation.

Parallèlement à cela, nous préparons aussi la reprise des élections conformément à l’invitation du gouvernement et de la CENI. Il faut dire qu’on a préparé la précampagne avec une rumeur selon laquelle notre ville aurait été morcelée et partagée entre certains responsables du CDP avec pour objectif de gagner l’élection à tout prix. Mais cela ne nous fait pas peur. Le psychologue Pierre Dako n’a-t-il pas dit que "le besoin de puissance et de domination n’est que l’apanage des apeurés ?"

Amidou Yaguibou (SG du PDP/PS rencontré le 23 janvier) :
"Plus de grands meetings..."

"Depuis la dissolution du conseil, on essaie de faire de petites réunions. On a presque parcouru tous les villages pour mettre en place des bureaux. Nous avons mené une politique de proximité. Car on ne fera plus des grands meetings et autres. Notre démarche a consisté à approcher les électeurs pour leur expliquer nos points de vue.

Car on pense qu’il faut faire du concret maintenant. On avait dit aux populations de se réveiller parce que quelque chose allait se passer. Il s’agit pour nous de repasser rééditer ce qu’on leur avait dit. On leur fera comprendre que des gens sont en train de faire du chantage et ils ne doivent pas céder à cela. Car nous avons entendu que des partis sont allés dire aux populations que si celles-ci ne les votent pas ils ne feront plus rien pour elles.

On va alors leur faire comprendre que c’est du chantage politique. Car depuis que l’on nous dirige, rien ne va. Ce n’est pas maintenant qu’ils sont coincés qu’ils vont proférer de tels propos. Personne ne peut venir développer Pô à la place des habitants de Pô. Il faut que les populations elles-mêmes se réveillent. Je profite de votre micro pour lancer un appel à tout ressortissant de Pô de faire tout pour que la mairie revienne à l’opposition. Je voudrais aussi faire une doléance auprès de la CENI.

Car aux élections passées, bon nombre d’électeurs ont perdu leurs cartes ; d’autres ne se sont pas fait inscrire, et il y a eu des erreurs chez certains. Le recensement ayant repris, on souhaite que la CENI livre les cartes avant les élections du 18 février. A l’endroit de l’Administration, on a vu beaucoup de choses anormales qui se sont passées. On a senti une mainmise quelque part. Cette fois-ci, on demande à cette administration de rester neutre."

Frédéric Tiétiambou (Coordonnateur provincial de l’UNIR/MS rencontré le 24 janvier) : "Les populations doivent montrer leur dignité..."

"Pour des raisons indépendantes de notre volonté, on n’avait pas pu déposer nos listes pour l’élection du 23 avril dernier. Mais cette fois-ci, l’effort est venu de notre bureau national et nous en sommes fiers. Pour notre part, nous avons pu faire comprendre à ceux que nous avons rencontrés que cette fois-ci, on ne veut plus battre la campagne comme au temps de la présidentielle et autres.

Car si les populations sont dignes d’elles-mêmes, si elles sont honnêtes, elles iront voter pour l’opposition, elles devraient savoir voter parce qu’en réalité, il n’y a plus rien à expliquer. Ce qui se passe à Pô, c’est du concret. Les gens ont compris qui veut le développement de Pô. Quand nous les avons rencontrés, beaucoup sont ceux-là qui nous ont fait comprendre qu’ils ont marre des distributions de thé et autres 1000 F CFA. Alors, à eux d’exprimer maintenant leur désarroi à travers leur vote. On leur a fait savoir que ce sont des votes utiles et qu’ils ne doivent pas s’amuser avec.

Nous avons été fermes à ce sujet et resterons toujours dans cette lancée, et nous espérons que tous les moyens vont être mis à notre disposition pour veiller à ce que ces élections se passent dans la transparence. Nous avons vu et verrons certainement des véhicules fond rouge circuler à Pô, des véhicules à double immatriculation. Cela veut dire qu’il y a quelque chose de pas normal qui se passe et que nous devons combattre. Nous avons fait savoir à nos militants de ne pas se laisser impressionner par ces véhicules car ils nous appartiennent tous. Il y a eu des rumeurs tendant à diviser les partis de l’opposition à Pô.

Mais ce que nous dirons aux uns et aux autres, c’est de ne pas se tromper d’ennemi. Nous sommes unis et le serons car nous menons le même combat, libérer Pô du néocolonialisme, des mains de nos frères vendus et pires que le colonisateur. Pour ce faire, je pense que nous, partis politiques de l’opposition, nous ne devons pas nous battre sur le terrain."

Propos recueillis par Nouffou ZONGA

Le Pays