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Discrimination contre les femmes : une réalité française ?

Publié le lundi 5 février 2007 à 08h14min

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Le choix de Ségolène Royal comme candidate du Parti socialiste est la première occasion qu’un grand parti politique français offre à une femme d’occuper peut-être le fauteuil de première responsable du « pays des droits de l’homme ».

Celles et ceux qui, devant cette grande première, rétorquent que la féminité n’est pas un argument politique ont plus tort que raison. En effet, s’ils ont raison sur le fait qu’on ne porte pas une personne aux plus hautes responsabilités à cause de son sexe, ils ont surtout tort d’oublier que la France contrevient depuis toujours à ce même principe en élisant systématiquement des hommes. Sinon, avec plus de femmes que d’hommes dans sa population (il suffit de consulter les statistiques officielles), elle aurait déjà confié les fonctions présidentielles à quelques femmes. La masculinité a-t-elle plus de raison d’être considérée comme un argument politique ?

Les hommes politiques et les médias de l’Hexagone critiquent souvent les pays musulmans et certains pays du tiers-monde pour la manière dont ils traitent les femmes. Et ils ont parfaitement raison ! Mais ils ne doivent pas oublier que la Turquie a accordé le droit de vote aux femmes dès 1934, soit dix ans avant la France ; que Benazir Bhutto a dirigé le gouvernement de la République islamique du Pakistan (165 millions d’habitants) pendant trois ans (alors que la seule femme Premier Ministre de l’histoire de France, Edith Cresson, a été gentiment remerciée en moins d’un an - en grande partie pour cause de féminité !) ; qu’un pays comme le Liberia a élu récemment Ellen Johnson Sirleaf comme présidente de la République ; et qu’un coup de projecteur comparatif sur le pourcentage de femmes députées ou ministres en France et dans certains pays du tiers-monde couvrirait « le pays des droits de l’homme » de honte.

En France, la discrimination contre les femmes est une réalité sociale tellement intériorisée qu’on ne s’en rend même plus compte. Il suffit, pour s’en convaincre, de songer qu’il n’y a jamais eu de femmes à la tête de grands ministères comme ceux de l’Economie et des Finances, des Affaires étrangères, de l’Intérieur ou de l’Education nationale (sous le gouvernement Jospin de 1997 à 2002, Ségolène Royal y secondait Claude Allègre !).

Et mes oreilles d’observateur attentif bourdonnent encore des ricanements entendus lorsque Michèle Alliot-Marie est arrivée au ministère de la Défense ! C’est pourquoi, lorsque j’entends dire de la candidate socialiste à l’élection présidentielle qu’elle ne connaît pas grand-chose en matière de politique étrangère, je me fais la réflexion suivante : il suffisait que les messieurs de son parti veuillent bien lui faire une place depuis plus de vingt ans qu’elle est engagée à leurs côtés et elle aurait acquis les compétences que confère la direction d’un grand ministère !

Combien de temps continuera-t-on, en France, de dire aux femmes d’attendre tout en donnant des leçons de bonne conduite à d’autres pays ?

Denis Dawendé
Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2007 à 11:15, par Dupont En réponse à : > Discrimination contre les femmes : une réalité française ?

    Bravo pour votre analyse. Elle explique en partie ce que l’on présente actuellement comme un trou d’air dans la campagne de la candidate socialiste.

    En plus d’être femme, elle a le tort d’avoir contre elle les patrons de presse, amis de Sarkozy et maintenant les instituts de sondages, qui sortent des chiffres à la tête du client.

    Qu’on dise que les banlieues font plus confiance à Sarkozy qu’à Royale, il doit s’agir ou de chiffres maquillés ou de la banlieue de Neuilly.

    On va tout voir dans cette campagne électorale qui ramène la France au niveau d’une république bananière.

    • Le 6 février 2007 à 00:12, par Burkinabe aux USA En réponse à : > Discrimination contre les femmes : une réalité française ?

      Je suis tres d’accod avec l’analyse faite plus haut et a la reponse de Dupont. A voir ce que la France fait au plan national en matiere de politique, l’on peut comprendre les nombreuses distortions politiques et sociales en Afrique. Elle donne le mauvais exemple sans oublier que leurs pays colonises en feront de meme. C’est comme si la france dit aux dirigeant africains " Faites ce que je dis mais ne faites pas ce que je fais. Pourquoi pas ? Sarkozy devait-il par exemple rester a son poste de ministre tout en battant campagne pour le fauteuil presidentiel ? Il m’a tout l’air que ce n’est pas juste mais il le fait quand meme. C’est de l’abus polique purement et simplement Sarkozyiste. Les donnees statistiques sur Segolene sont purement fausses dissuasives. Ce sont les memes problemes que nous vivons en Afrique. Demain un dirigeant Africain fera la meme chose que Sarko et la france dira NON !!! Pourquoi NON ?
      Et a voir la situation politique generale en France, je me demande meme s’il ne faut pas tirer chapeau au president Gbagbo qui tient tete a la france.
      Bonne lecture

  • Le 6 février 2007 à 09:31, par colpin didier En réponse à : > Discrimination contre les femmes : une réalité française ?

    Le "RESEAU EQUILIBRE" de la CFE CGC
    - colpin - Egalité professionnelle, CFE-CGC

    Un accord qui serait signé conjointement par les 5 syndicats salariés ET par l’ensemble des syndicats employeurs, dans le contexte encore tout chaud de feu le C.P.E., cela pourrait sembler utopique voir surréaliste...

    Pourtant il existe ! C’est celui sur l’Egalité professionnelle de mars 2004. Tout comme existe un label sur le sujet délivré par l’AFAQ AFNOR. Notons, qu’à présent cette labélisation n’est plus réservée qu’aux seules « grosses » structures puisque depuis quelques mois elle est également ouverte aux entreprises de moins de 50 salariés.

    Avec beaucoup de réactivité, la CFE CGC, qui fut le premier syndicat à demander le congé paternité, a lancé le Réseau Equilibre dès 2004. Son objectif est double : promouvoir la conciliation des temps de vie (travail / vie personnelle) et l’égalité professionnelle.

    La CFE CGC est convaincue que la mixité (concept plus fort que « parité » avec ses inévitables quotas) et la diversité constituent de véritables facteurs de modernité, d’innovation et d’efficacité pour l’entreprise. La féminisation des effectifs est une chose, mais l’accès par les femmes aux fonctions de management et d’encadrement en est souvent une autre : Les désiqulibres importants et persistants perpétuent des représentations culturelles qui doivent évoluer. L’intégration de la parentalité dans la vie professionnelle fait partie de cette évolution souhaitable. Elle constitue un facteur d’efficacité de nature, par la satisfaction apportée aux salariés, à améliorer la qualité de service et c’est « gagnant / gagnant ». De plus, avec le papy boom qui arrive à grands pas, il y ici matière à fidéliser les salariés...

    Le Réseau Equilibre, par des échanges avec l’ensemble des branches et syndicats d’employeurs promeut l’ouverture de négociations ainsi que la labellisation présentée plus haut.

    Dialogue social ? Voilà du grain à moudre...

    COLPIN Didier

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