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Cinéma : De Berlin à Ouagadougou, deux festivals de films aux mêmes dimensions

Publié le lundi 5 février 2007 à 08h00min

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Pendant que Baba Hama et son commissariat général se préparent activement pour la 20ème plus grande fête de l’image et du son de l’Afrique , la Berlinale, le festival international de film de Berlin, démarre sa 57ème édition du 8 au 18 février.

Sur plus de 5000 films reçus seulement 400 venus de 116 pays seront vus par les cinéphiles. Ce plus grand festival ouvert au public dans le monde, avec ses 400.000 spectateurs par an, n’est pas un marché de la vanité à la mode hollywoodienne, mais un festival de films d’art, un espace d’expression privilégié au cinéma de proximité reflétant la réalité du monde.

Malgré la bataille pour fouler le tapis rouge le week-end inaugurant le festival comme lors d’une remise des oscars, la Berlinale se présente comme l’un des festivals de films proche du Fespaco. Cette biennale du 7ème art africain prévu pour le 24 février au 03 mars, et qui reçoit en moyenne 300 à 400 000 visiteurs composés de professionnels, de critiques du cinéma africain, est une occasion de rendez-vous personnels décontractés, ouvert aussi au grand public qu’aux personnalités et des institutions qui soutiennent le cinéma africain.

Production, distribution, exploitation et promotion du cinéma africain, telle est la philosophie que poursuit le Fespaco depuis sa création. Il est bien vrai que son Délégué Général, a apporté quelques innovations comme des projections grand public dans les stades et d’autres lieux grands ouverts afin de permettre á tous les Burkinabè et á tous les visiteurs d’êtres de la fête.

Le Fespaco est aujourd’hui l’un des rares festivals où l’on ne vient pas que pour voir des films. Il est aussi une plate-forme de réflexion, de discussion souvent suivie d’actions concrètes. Baba Hama pourrait se réjouir avec les différents réseaux qui se mettent en place comme en 1999 avec le réseau d’exploitants, les formatios de critiques de cinéma.

Mais malgré l’envergure d’une telle manifestation, M. Baba Hama ne dépliera pas un tapis rouge au mois de février-mars pour un comédien ou réalisateur quelque soit son notoriété. Le prix d’achat et d’entetien de ce 30m2 et les dépenses pour un tel glamour seront nécessaires à injecter à ne point douter dans des projets dont a toujours besoin les cinémas d’Afrique.

M.Dieter Kosslick, le directeur de la Berlinale quant à lui malgré la concurrence avec les deux autres grands festivals européens, à Cannes et à Venise, crée et innove ses propres réseaux pour donner un profil individuel à son programme.

Faisant tout d’abord de la promotion du cinéma allemand, son cheval de bataille, il a réussi en peu de temps à revigorer le cinéma allemand à l’étranger avec des films comme « Good Bye Lénine » de Wolfgang Becker ou , « Head-on » de Fatih Akin, le premier film allemand, après une absence de 18 ans, à remporter l’Ours d’or à Berlin, puis le Prix du film européen.

La Berlinale, festival du cinéma mondial se veut pour Dieter Kosslick, ce souabe allemand connu pour sa bonne humeur, une nouvelle image de l’Allemagne dans les films, tout comme le Fespaco pour ce peulh Burkinabé, Baba Hama, toujours réfléchi, une vitrine de la diversité culturelle africaine.

M. Kosslick, comme pour tendre la main á M. Hama a réussi á faire fonctionner un projet de subvention « le World Cinema Fund » envers les pays du sud. Ce soutien à la production et à la distribution devrait permettre aux cinéastes des pays dits pauvres non seulement de relever le niveau professionnel de leurs films à concurrence 100.000 Euros, mais aussi à faciliter la distribution de leurs films dans les salles allemandes. Un projet qui pourrait peut-être remédier à l’absence des films d’Afrique en Allemagne.

Les liens avec l’Afrique, renforcés l’année dernière avec le projet « Focus on Africa » caractérisé par divers ateliers sur le cinéma africain ne se feront pas sentir à cette édition de 2007 de la Berlinale. L’attention que porte la Berlinale sur les productions sur ou en provenance de l’Afrique crée cet équilibre entre cinéma populaire et cinéma politique auquel aspire le festival sous Kosslick.

Si la compétition et les scènes médiatiques des grands festivals comme Berlin, Venise, Locarno exposent encore assez peu de films d’Afrique, il est évident de se poser des questions sur les raisons. On ne saurait plus avancer les questions de techniques et d’esthétiques. À titre d’exemple « Drum » de Zola Maseko, « Tsotsi » de Gavin Hood écrits et produits par les Africains en Afrique pourraient être projetés dans n’importe quel festival de ce monde. Ces films n’ont rien à envier aux grandes productions occidentales tels que « Babel » de Alejandro González Inárritu, ou « Sophie Scholl » de Marc Rothemund.

Les grands critiques tenteront de recentrer les débats sur les thèmes abordés dans les films. Qui pourrait feindre le thème que trame « Bamako » de Abderrahmane Sissako , ou de « la nuit de vérité » de Fanta Nacro ». Ils évoquent tous les deux des situations capitales qui mettent l’homme aussi bien du Nord que du Sud avec son prochain en perpétuelle interrogation.

Tant qu’il n’y aura pas de véritable intérêt pour les films d’Afrique et que le manque des critiques de cinéma issu de ce continent persistera, les films africains ne seront jamais considérés comme universels.

Au soir du 18 février, lorsque l’Ours d’or sera remis au plus méritant des 26 films en compétition à la Berlinale, le Fespaco aura encore une semaine pour préparer l’Etalon d’or du Yennenga pour les nombreux prétendants.

Alex Moussa Sawadogo
Lefaso.net
Correspondant à Berlin, Allemagne

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 5 février 2007 à 11:28 En réponse à : > Cinéma : De Berlin à Ouagadougou, deux festivals de films aux mêmes dimensions

    Très bonne analyse des deux festivals de film. Bravo pour la pertinence de votre article. Je ne peux dire que le cinéma africain ainsi que les autres formes d’ arts contemporains d’Afrique ont leur place partout dans ce monde. Il suffit de chercher à les comprendre.
    Bravo à au correspondant du journal à Berlin !

    Boukari

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