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Affaire Norbert Zongo : "Après la solution par le mortel, l’embastillement"

Publié le vendredi 2 février 2007 à 07h41min

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Norbert Zongo

Contre le musellement de la presse indépendante ; c’est l’objet de la déclaration suivante, signée de dix associations, sociétés et syndicats de défense de la liberté de presse. Elle fait suite au récent procès de L’Evénement, qui alimente la chronique.

Depuis l’assassinat de notre confrère Norbert Zongo et de ses compagnons d’infortune le 13 décembre 1998, le pouvoir n’a pas caché sa volonté d’enterrer le dossier. Ainsi, par le biais de la justice, il a joué sur le temps et usé de manœuvres diverses dans cette optique.

Après huit (08) ans d’instruction du dossier, le juge Wenceslas llboudo a prononcé un non-lieu, le 18 juillet 2006, non seulement pour monsieur Marcel Kafando, unique inculpé dans le dossier, mais également pour X.

Après ce non-lieu, nous assistons à une offensive contre les médias, singulièrement contre un genre journalistique bien précis : le journalisme d’investigation et de dénonciation des malversations économiques, des détournements de deniers publics et de l’impunité. A y regarder de près, il s’agit ni plus ni moins d’une mise au pas de la presse burkinabé, orchestrée et planifiée.

Le procès de monsieur François Compaoré contre le bimensuel L’Evénement, le 22 janvier 2007, est révélateur de cette volonté de museler (à jamais) la presse. Les débats au cours de ce procès contre L’Evénement ont montré que pour la justice, en l’occurrence le procureur du Faso, écrire sur l’affaire Norbert Zongo, après le non-lieu prononcé, c’est, à la limite, commettre un délit.

Pour lui, le dossier est clos ! Autrement dit, après qu’on ait « solutionné par le mortel » notre confrère, l’on veut commencer à expérimenter « la solution par l’embastillement », on veut contraindre la presse à ne rapporter que les cérémonies d’ouverture et de clôture des séminaires et ateliers.

La seconde leçon majeure, de ce procès contre l’Evénement, c’est la remise en cause par le parquet d’un droit constitutionnel : la liberté de la presse de faire des commentaires et d’analyser des faits. C’est une première, et cela ne doit pas être considéré comme un fait banal !

Le journalisme ne se limite pas à rapporter les faits. Rapporter les faits est un devoir pour le journaliste, commenter les faits est un droit. C’est ce droit que le procureur dénie à la presse. C’est ce droit que le procureur confisque.

Solidarité avec les médias indépendants

Enfin, dans la panoplie des vicissitudes rencontrées par la presse au Burkina Faso, on retient que des journaux ont été condamnés à des peines d’amende, que des journalistes ont été interpellés, d’autres incarcérés dans l’exercice de leur fonction ; mais l’on retiendra que c’est Norbert Zongo qui a payé le plus lourd tribut : son assassinat odieux sur la route de Sapouy. Son crime : ne s’être pas contenté de rapporter les faits, mais surtout et justement d’avoir analysé ces faits pour éclairer l’opinion publique.

Le procureur du Faso, Adama Sagnon, dans son réquisitoire contre nos confrères Germain Nama et Newton Barry de l’Evénement, a requis la peine d’emprisonnement de trois (03) mois avec sursis et la suspension du journal pendant six (06) mois.

« C’est à cela donc que l’on voulait aboutir », s’est écrié l’un des avocats. Certes, le tribunal n’a pas suivi le procureur sur ce dernier point à savoir la suspension du journal, mais c’est un fait nouveau, qui n’est pas passé inaperçu pour les hommes de médias. Il est révélateur de l’état d’esprit de cette justice acquise et de l’arsenal répressif qui pèse sur les médias burkinabé.

Au regard de ces velléités de museler la presse, de la contraindre à n’écrire que sur les cérémonies d’ouverture et de clôture des séminaires et colloques, nous appelons les professionnels des médias à se mobiliser pour :

la défense effective de la liberté de la presse ;
dénoncer ces tentatives de bâillonnement de la presse ;
exiger des pouvoirs publics la garantie, dans les faits, des libertés d’expression et de presse telle que stipulées dans la Constitution et le code de l’information.

Nous sommes solidaires des médias indépendants, qui ne font que leur devoir : celui d’informer, d’analyser et de commenter les faits. Nous les invitons, en signe de désapprobation du musellement de la presse, à mener de façon concertée des actions significatives et déterminantes.

Ouagadougou, le 1er février 2007

Pour l’Association des éditeurs et publications des journaux en langues nationales (AEPJLN),
Evariste Zongo

Pour l’Association des journalistes du Burkina (AJB),
Jean-Claude Méda

Pour l’Association des médias communautaires (AMC),
André Eugène Ilboudo

Pour l’Association des radiodiffusions communautaires du Burkina (ARC),
Le président, Jacob Sou

Pour l’Association des radios et télévisions privées du Burkina Faso (ARTPB),
Moustapha Laabli Thiombiano

Pour la Ligue pour la défense de la liberté de la presse (LDLP),
Le président, Sibiri Eric Kam

Pour la Société des éditeurs de presse privée (SEP),
Chériff Sy

Pour la Société pour le développement des médias en Afrique (SODEMA-Burkina),
Le secrétaire général,
Ramata Soré

Pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture (SYNATIC)

Le secrétaire général,
Justin Coulibaly

Pour l’Union nationale de l’audiovisuel libre du Faso (UNALFA)
Charlemagne Abissi

L’Observateur Paalga

P.-S.

Lire aussi :
Affaire Norbert Zongo

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Vos commentaires

  • Le 2 février 2007 à 09:52, par NATTY En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : "Après la solution par le mortel, l’embastillement"

    aucun peuple n’a le droit de dormir et attendant quelqu’un pour inventer son avenir.
    chaque peuple est responsable et doit preparer sa jeunesse de sorte que le futur se
    lis dans le present et non dans les cimetiere.
    LA PATRIE OU LA MORT NOUS VAINCRONS

    • Le 11 février 2007 à 19:58 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : "Après la solution par le mortel, l’embastillement"

      NATTY, message pompeux, vague et inutile. Que faites vous, concrètement, pour mettre en oeuvre tous ces voeux pieux ? N’oubliez jamais que la gestion du pouvoir d’Etat ne relève pas de l’amateurisme. Monsieur COMPAORE et toute son équipe n’ont pas mis en place les institutions démocratiques du Faso pour s’en désintéresser subitement et de si tôt. Que ceux qui ont des yeux regardent et ceux qui ont des oreilles entendent. Avez-vous compris mon message ou je dois encore usiter moins de parabole. Ange, France.

  • Le 11 février 2007 à 20:16 En réponse à : > Affaire Norbert Zongo : "Après la solution par le mortel, l’embastillement"

    Bonjour à toute l’opinion publique internaute,
    S’agissant de cet article, je fais observer que vous, les professionnels de la presse, vous n’êtes pas justes dans votre analyse ci-dessus. Je rappelle, si besoin en était, que vous n’êtes pas au-dessus de la loi et votre qualité de journaliste ne vous autorise pas à écrire ou raconter n’importe quoi au préjudice d’honorables citoyens. Il paraît que certains journalistes sont des "faiseurs et des défaiseurs de rois". Je commence à y croire et je me méfie, le plus souvent, des journalistes... Je constate depuis un certain temps que la procédure pénale dans le dossier "Norbert ZONGO et les autres victimes" n’est pas la chose la mieux partagée par les journalistes qui, le plus souvent, ne vont pas au puits avant de puiser l’eau" comme le dit l’adage populaire moaga. Un bon journaliste chroniqueur juridique doit avoir de solides connaissances en droit...avant de se lancer dans des diatribes éhontées et vaseuses. Vous serez surpris de vos méprises si vous ne restez pas rigoureux dans vos écrits et analyses concernant ce dossier. Je vous mets en garde et ce, dans votre intérêt. Il y va de la crédibilité de vos plumes et de vos articles et surtout de celle de la famille de presse entière du Burkina. Concernant le dossier Norbert ZONGO, tant qu’il n’y aura pas de charges nouvelles, venir accuser à tort qui que soit sera toujours considéré comme une infraction de diffamation et "santionnable" par la justice burkinabé. Ouvrez l’oeil ou les deux yeux. Les temps ont changé. Maintenant c’est la démocratie....Et, jouez, franc jeu. Ange, France.

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