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8e sommet de l’Union africaine : Les préoccupations du continent traitées en 48 heures

Publié le jeudi 1er février 2007 à 08h04min

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La 8e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine (UA) s’est tenue du 29 au 30 janvier 2007 à Addis Abeba en Ethiopie sous le thème "Science, technologie et recherche technologique pour le développement".

Faits marquants de cette grand-messe annuelle : l’élection du président ghanéen John Kufuor à la présidence en exercice de l’organisation pour 1 an, le lancement de l’année du football africain, l’adoption d’une charte africaine de la démocratie, la création d’un comité de sages sur les conflits.

Le thème du sommet de ce début d’année pourrait faire croire que les chefs d’Etat et de gouvernement africains vivent sur un autre continent. En effet, alors que l’Afrique est en proie à des conflits, est tenaillée par la faim, la pauvreté, la maladie, les dirigeants ont choisi, pour leur rencontre annuelle dans le cadre de l’UA, de se pencher sur un thème a priori loin de ces préoccupations.

Mais la réalité finissant toujours par s’imposer lors de ces grand-messes, ce que l’on qualifie de questions d’actualité ou préoccupantes s’est invité au sommet d’Addis Abeba. Cela a donc conduit à ce qu’à côté du thème officiel, il a été notamment et beaucoup question des conflits sur le continent comme le conflit au Darfour (Soudan), celui de la Somalie, la crise ivoirienne, la situation en Guinée Conakry.

Ces questions préoccupantes ont été longuement au centre du discours du président de la Commission de l’UA, Alpha Omar Konaré, à l’ouverture du sommet le 29 janvier au siège de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA). Dans son franc-parler habituel, Alpha Omar Konaré qui a été le premier des 13 intervenants, a condamné les massacres de civils en Guinée lors de la manifestation des syndicats et appelé les protagonistes au dialogue.

Sur le Darfour, l’ancien président a appelé à l’application des accords de paix d’Abuja dans les plus brefs délais. Concernant la Somalie, un autre point d’instabilité, l’ancien président malien n’a pas hésité à déclarer que ce qui s’y est passé récemment c’est-à-dire le coup de main des troupes éthiopiennes au gouvernement d’union nationale est de la responsabilité de tout le monde. "Les troupes envoyées en Somalie ne devraient pas aller faire la guerre", a-t-il lancé, du haut de la tribune de l’UA avant de se réjouir du retrait desdites troupes. Pour terminer, il a appelé, et concernant toujours la Somalie, au déploiement rapide des 8 000 soldats dont a besoin l’Union africaine (à peine 4 000 ont pu être déjà mobilisés) pour ne pas aggraver la situation.

Toutefois, le président de la Commission reste convaincu que la solution est politique et "il ne suffit pas d’envoyer des troupes en Somalie, il faut des négociations politiques sans exclusive". Pour qu’il n’y ait plus de troubles sur le continent, Alpha Omar Konaré a sa recette : le respect des principes de non-ingérence, de non-impunité et du devoir de mémoire.

Outre les conflits, le président de la Commission de l’UA a évoqué aussi le développement du continent. C’est ainsi que par rapport à l’intégration régionale, il a appelé à son accélération et au renforcement de la Commission. Aux partenaires au développement, il a tout simplement demandé que l’Afrique soit traitée avec respect. "Ne nous humiliez pas dans la façon de donner l’aide, a-t-il supplié.

Sassou fait son bilan

La session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement est toujours l’occasion pour le président en exercice sortant de faire le bilan de son mandat. Le président congolais, Denis Sassou N’Guesso, placé en orbite au sommet de Khartoum a donc sacrifié à la tradition.

En prenant les rênes de l’organisation, a-t-il fait savoir, ses préoccupations étaient l’harmonisation des communautés économiques régionales, la mise en place du gouvernement de l’Union, le renforcement de la démocratie en Afrique, la mise en place des instruments de prévision, de gestion et de maintien de la paix, l’avenir du nucléaire, etc. Mais au terme du mandat tout n’a pas pu être concrétisé, surtout les questions de paix, de sécurité et de stabilité qui "continuent effectivement de se poser avec beaucoup d’acuité sur notre continent".

Ainsi, la paix n’est toujours pas revenue au Darfour dont d’ailleurs le dossier "achoppe sur la question de la substitution d’une force onusienne à celle de l’Union africaine", selon Sassou N’Guesso. La Somalie n’est pas toujours pacifiée et le président en exercice sortant a demandé un appui "franc et massif" de la communauté internationale au gouvernement d’union nationale qui vient de s’installer dans la capitale Mogadiscio.

A côté de ces tumultes, il y a tout de même eu des avancées, des progrès significatifs, selon le président Sassou. Ainsi, la région des Grands Lacs est en train de devenir un "espace dynamique de développement" avec, d’une part, la tenue d’élections en RD Congo et, d’autre part, la création d’un fonds spécial de reconstruction, la signature en décembre 2006 par les 11 Etats de cette région des décisions, protocoles et programmes d’action connexes du Pacte de sécurité, de stabilité et de développement.

Le sommet spécial des chefs d’Etat et de gouvernement sur le Sida, la tuberculose et le paludisme, l’organisation ou la participation à des réunions et forums sont des exemples pris par le président sortant comme pour dire que tout n’a pas été négatif sous son mandat.

La science et la tehnologie comptent aussi pour l’Afrique

Concernant le thème du sommet qui semble être éloigné des préoccupations des peuples, Denis Sassou N’Guesso estime que "la science et la technologie dominent la vie des hommes et commandent leur destin. Elles doivent être au service du progrès de l’humanité, au coeur de nos ambitions de développement". Pour ce faire, il pense qu’il faut à l’Afrique une "Internationale des chercheurs" afin de "mettre en valeur nos intelligences, de mobiliser nos ressources financières, techniques et humaines, afin de combler les lacunes de notre continent dans ce domaine vital des sciences et des technologies".

Dans son combat pour la stabilité et le développement, l’Union africaine, et partant l’Afrique, peut compter sur un certain nombre de pays et d’organisations. C’est le cas de l’Organisation des Nations unies (ONU), dont le secrétaire général Ban Ki-Moon, qui a participé pour la première fois à un sommet de l’UA, a fait savoir dans son discours que "la réussite ou l’échec de l’ONU les années à venir dépend de l’Afrique".

Il a également dit placer le Darfour parmi les préoccupations de son mandat avant de demander que soit renforcé le partenariat entre l’ONU et l’UA. Autres amis de l’Afrique ayant pris la parole pour exprimer leur solidarité avec le continent : le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erologan, le Premier ministre palestinien, Mahmoud Abass, celui de Trinidad et Tobaggo, Patrick Manning et le président du Conseil italien, Romano Prodi.

Du foot au sommet

Le football s’est invité à ce 8e sommet des chefs d’Etat et de l’UA. En effet, le Premier ministre éthiopien et hôte de la rencontre, Meles Zenawi, a lancé au cours de la cérémonie l’année du football africain qui coïncide avec les 50 ans de la Confédération africaine de football (CDF). A cette occasion, le président de ce conglomérat de fédérations nationales de football, Issa Hayatou, et le président de l’instance mondiale du ballon rond (la FIFA), Sepp Blatter, ont fait le déplacement d’Addis Abeba. Dans leurs discours, ils ont rendu hommage aux dirigeants africains pour cette initiative. A l’issue de la longue cérémonie d’ouverture, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont enfermés à huis clos pour élire le nouveau président en exercice de l’UA.

Alors que l’on s’attendait à ce que ce conclave dure au regard des tiraillements par rapport à la volonté du Soudan d’occuper coûte que coûte ce poste, la question a été tranchée, en moins de temps que prévu. Au bout d’une demi-heure, les chefs d’Etat et de gouvernement ont désigné le président ghanéen John Kufuor, dont le pays abritera en juillet le prochain sommet, à la tête de l’organisation panafricaine. Le Soudanais Umar al-Bachir est une nouvelle fois de plus écarté de ce poste qu’il convoite tant.

Trop de casquettes à la fois sur la tête de Umar al-Bachir

Selon des indiscrétions, ses chances étaient minces vu que non seulement il n’a pas pu pacifier le Darfour comme on le lui avait demandé mais aussi il est actuellement président de la Ligue arabe et de l’IGAD. Ce qui fait un peu trop de casquettes pour une seule tête. Le président en exercice élu, il reste maintenant celui de la Commission pour laquelle l’actuel président, Alpha Omar Konaré, n’est pas candidat à sa propre succession. L’élection du nouveau président se fera au sommet d’Accra ainsi que celle du vice-président et des commissaires. En attendant, les candidatures sont recevables au siège de l’UA jusqu’au 30 mars pour le poste de président et en avril pour les postes de vice-président et de commissaires.

Avant de se séparer le 30 janvier, les têtes couronnées, après avoir évoqué les changements climatiques et leurs conséquences sur le continent, ont adopté une charte africaine de la démocratie et désigné 5 sages chargés de la prévention et de la gestion des conflits sur le continent.


Le bilan du président Blaise Compaoré

Au 2e jour du sommet de l’UA et avant de quitter Addis Abeba, le président du Faso a fait le bilan des travaux à l’attention de la presse.

"Le somment a été l’occasion d’évaluer la vulnérabilité des systèmes naturels, économiques et sociaux au regard des changements climatiques car l’Afrique a une responsabilité à prendre avec la communauté internationale pour arrêter la dégradation de l’environnement. Sur ce terrain, l’Afrique a encore manifesté sa disponibilité à s’assumer aux côtés des autres acteurs du monde pour la préservation de l’environnement.

Aujourd’hui (NDLR : 30 janvier), il a été question des conflits sur le continent mais aussi des perspectives qui doivent se dégager avec plus de clarté pour l’Union africaine.

Nous sommes encore en débats sur la structuration qu’il faut aujourd’hui pour nous permettre d’atteindre les objectifs des Etats Unis d’Afrique. Nous allons décider au sommet d’Accra en juillet, de l’organisation de débats approfondis sur les différentes étapes à franchir et aussi les objectifs à fixer pour atteindre cette communauté que nous voulons beaucoup plus solidaire pour l’Afrique.

Nous devons aborder les conflits et pour ce qui concerne notre région (NDLR : l’Afrique de l’Ouest) on peut d’abord saluer le fait qu’au cours de cette année 2007, nous avons 10 à 11 processus électoraux qui vont s’engager. Ce qui montre bien que l’Afrique de l’Ouest s’organise sur un plan politique avec beaucoup plus de vigueur et d’engagement pour l’Etat de droit.

Nous avons aussi noté qu’il y a encore des situations difficiles comme en Guinée, des conflits non résolus comme en Côte d’Ivoire. Mais au regard des perspectives offertes par les différents engagements et déclarations, il est certain que nous allons pouvoir gérer ces questions de façon à trouver des solutions et des réponses aux préoccupations des populations concernées."


Les 7 prochains sommets de l’UA

* Juillet 2007 : Ghana
* Janvier 2008 : Ethiopie
* Juillet 2008 : Angola
* Janvier 2009 : Ethiopie
* Juillet 2009 : Madagascar
* Janvier 2010 : Ethiopie
* Juillet 2010 : Egypte

Source : JAI n° 2300 du 6 au 12 février 2005

Par Séni DABO

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