C’est donc un choix délibéré où les intérêts des deux parties priment sur les sentiments. C’est pourquoi les politiques (les chefs d’Etat) opèrent souvent des choix parfois incompris des populations. Pourtant, une analyse froide et raisonnée pourait commander de dire que rien n’est fortuit, tout est calculé.

Et il faut souvent pousser l’audace jusqu’à la satisfaction de ses aspirations. N’est-ce pas ce qui a justifié "l’affront" du Burkina Faso en 1998, lorsque le président Blaise Compaoré a été le premier à franchir le rubicon en violant l’embargo qu’avait imposé le gendarme du monde (les Etats-Unis) à la Libye au milieu de la décennie 80, au prétexte que ce pays était un Etat "terroriste" ? Aujourd’hui, l’on peut dire sans se tromper que la Libye et les Etats-Unis, à défaut de filer le parfait amour, forment un "couple harmonieux". Tout cela pour indiquer le primat des intérêts sur les raisons de cœur en matière de relations internationales.

A ce sujet, De Gaulle disait "La France n’a pas d’amis, elle n’a que des intérêts". Ainsi, toutes ces amitiés qui se nouent donnent à la coopération tout son sens. Et le Burkina Faso en choisissant de tisser des relations privilégiées avec Cuba a ses raisons que les diplomates du département d’Etat américain de même que les stratèges du Pentagone ne comprennent pas forcément. Et ce ne sont pas les 600 élèves formés dans cette île qui diront le contraire, ni même les nombreux malades burkinabè soignés par les médecins cubains à travers le territoire national . Il en est de même avec Taïwan aujourd’hui, isolé sur la scène internationale.

En effet, nombreux sont ceux qui se posent la question de savoir s’il est opportun pour le Burkina de "convoler en justes noces" avec l’île de Taïwan. Si vraiment l’on doit tenir compte du nombre de pays (une vingtaine dont cinq Africains) qui coopèrent avec cette partie du monde, la question mérite d’être posée. Cependant, comme la coopération est loin du snobisme, l’engagement du Burkina Faso aux côtés de ce pays trouve sa justification ; car "un tiens vaut mieux que deux tu l’auras" comme le dit l’adage.

En attendant la fin des spéculations, le pays des Hommes intègres attend paisiblement son palais des sports, ses centres de formation technique et professionnelle... C’est cela aussi la diplomatie de développement, engagée et pragmatique sans a priori, ni griotisme contemplentatif encore moins criticisme de mauvais aloi.

Verlaine A. KABORE

Sidwaya