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Hu Jintao en Afrique : L’offensive de charme continue

Publié le mercredi 31 janvier 2007 à 07h33min

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Ce n’est plus qu’un secret de polichinelle : la Chine de Pékin s’est lancée dans la reconquête du continent africain. C’est ce qu’on peut en tout cas affirmer avec le périple de son président, Hu Jintao, qui a entamé depuis hier 30 janvier 2007 une tournée dans huit pays de l’Afrique. Sont concernés le Cameroun, le Liberia, le Soudan, la Zambie, la Namibie, l’Afrique du Sud, le Mozambique et les Seychelles.

Ce périple, faut-il le noter, semble être une suite logique des opérations de charme diplomatique dont cette Chine fait montre en direction du continent africain ces trois dernières années, surtout depuis l’accession au pouvoir de Hu Jintao. On se rappelle qu’au nombre des actions initiées pour fasciner les dirigeants africains, la dernière en date et qui est la plus illustrative à cet égard a été l’organisation du forum sur la coopération Chine/Afrique le 25 novembre 2006.

Une rencontre qui avait accouché de huit mesures non moins alléchantes pour les Africains. Entre autres : le doublement de 2006 à 2009 l’assistance à l’Afrique, l’octroi d’ici trois ans de cinq milliards de dollars de crédits préférentiels à ce continent, la mise en place d’un fonds de développement de cinq milliards de dollars pour encourager des compagnies chinoises à investir sur le continent noir,

la construction d’un centre de conférences pour l’Union africaine afin de soutenir les efforts d’unité africaine et le processus d’intégration du continent, l’annulation de toutes les dettes gouvernementales dues à la Chine par les pays africains lourdement endettés, moins développés et qui ont des relations diplomatiques avec elle, la construction d’écoles rurales, l’envoi d’agronomes, l’ouverture de centres agronomiques, l’aide à la mise en place d’infrastructures de santé publique en Afrique, la fourniture de médicaments pour soutenir la lutte des Africains contre le paludisme, etc.

Cette visite est la troisième que le président Hu Jintao effectue en Afrique depuis son arrivée au pouvoir en 2003. Pour d’aucuns, ce voyage est une suite logique du sommet sur la coopération sino-africaine pour le renforcement de leur partenariat. Cependant, sans balayer du revers de la main ces bonnes intentions prêtées à la Chine, on ne peut perdre de vue l’autre objectif inavoué de Pékin, qui est de mettre en difficulté les relations de Taïwan avec l’Afrique. Nul n’est dupe que la Chine insulaire s’est fait beaucoup d’alliés sur notre continent.

C’est dire que les propositions issues du forum de Beijing peuvent apparaître comme des appâts pour embarrasser les pays africains, qui, sans doute par intérêt, pourraient être amenés à rompre leurs relations avec l’ex-Formose. Pour d’autres aussi, l’objectif est de rétablir son image sur le continent africain, elle qui est accusée de faire les yeux doux à l’Afrique pour ses matières premières.

Tout cela pour dire qu’il y en a qui demeurent tout de même sceptiques quant à cette appréciation positive de l’offensive diplomatique de la Chine de Mao en Afrique. Le choix des pays visités, de leur point de vue, en est une preuve. Car, les matières premières de certains d’entre eux appâtent les Chinois. C’est le cas de la Zambie et de l’Afrique du Sud pour leurs richesses minières et du Soudan pour son gisement de pétrole.

Et d’aucuns n’hésitent pas à parler, par exemple, de la position chinoise dans le conflit meurtrier soudanais au Darfour, une attitude qui s’expliquerait par l’importance des investissements de l’Empire du milieu dans l’exploitation pétrolière au Soudan. Même s’il faut ajouter que cette position chinoise, condamnée entre-temps par l’opinion, a évolué puisque l’acceptation formelle par le gouvernement soudanais d’un déploiement de forces onusiennes, en renfort à celles de l’Afrique au Darfour, plus vaste que la France, serait l’œuvre de Hu Jintao.

Avec toutes ces données, mais sans inciter donc l’Afrique à rejeter systématiquement la main tendue de Pékin, il y en a qui conseillent donc à ses dirigeants la vigilance pour ne pas sortir perdants de cette coopération avec la République populaire de Chine. En somme, que nos dirigeants africains ne s’avisent pas de lâcher la proie pour l’ombre.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur

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