LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Union africaine : promesse, c’est pas promesse ?

Publié le mercredi 31 janvier 2007 à 07h37min

PARTAGER :                          

Comme ça, les présidents africains sont devenus des spécialistes de promesses non tenues. Pour le président soudanais, Omar El Béchir, ce constat est évident. En effet, pour lui, les Sommets de l’Union africaine (UA) se succèdent, mais se ressemblent. Le costume taillé sur mesure, excusez le boubou, il y a de cela un an pour son sacre, s’est retrouvé, cette année encore, trop étroit.

Décidément, on se demande si Béchir finira un jour par être sacré président de l’UA. S’il le veut réellement, il sait ce qui lui reste à faire.

Aider à stabiliser le Darfour et il sera fait roi. S’il ne prend pas en compte cette réalité qui lui colle à la peau et reste fermé à tout dialogue constructif, alors Omar El Béchir peut dire adieu à la présidence de l’Union africaine. Tant que le Darfour restera un "no man’s land" où exactions, tueries et génocides sont perpétrés et étouffés, l’Afrique martèlera inlassablement son refus de le consacrer. Pour lui donc, promesse, c’est pas promesse. Et cette fois, c’est pour la bonne cause.

Si l’Afrique n’a pas unanimement apprécié le lâchage de Charles Taylor, aujourd’hui, elle salue cette capacité des présidents à pouvoir, de temps en temps, lever leur tête. Il faut donc que cet engagement responsable soit désormais le credo des présidents africains. Savoir dire "oui" ou "non", ensemble. C’est ainsi que l’union fera leur force.

S’il y avait un syndicat des chefs d’Etat, qui cultivait jadis la solidarité même dans le mal, à présent, cette force syndicale est mise au service de la cause juste. C’est cette nouvelle vision qui aidera à redorer le blason terni de l’Afrique et transformera les Sommets des chefs d’Etat de "messes dites" à l’avance, en de véritables cadres de réflexion, d’échange, d’engagement et de prise de décisions courageuses et responsables.

Avec l’installation du président John Kufuor à la tête de l’UA, succédant au président Denis Sassou N’Guesso, l’Afrique prouve que ce ne sont pas des hommes et des femmes qui manquent pour diriger son organisation continentale. Il est donc temps de revoir profondément le mode de désignation à la tête de l’Union africaine. Cela doit se faire par le mérite et non en signe de récompense. La capacité d’organiser un Sommet des chefs d’Etat de l’UA n’est pas un critère d’appréciation raisonnable. Car entre conduire une organisation stratégique telle que l’UA et dresser le tapis rouge pour les apparats, il y a un pas à ne pas franchir.

Cette révolution doit se faire. Il faut finir avec les promesses. Ces promesses qui peuvent se transformer en pièges pour présidents. Les compromis et compromissions ne doivent pas être de rigueur. Chaque chef d’Etat doit savoir désormais que la présidence de l’UA se mérite. Le Soudanais Omar El Béchir vient de l’apprendre doublement à ses dépens.

Michel OUEDRAOGO

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique