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Mme Aminata Zoanga/Traoré et le micro : Des astuces et des idées pour toutes les femmes

Publié le mercredi 31 janvier 2007 à 07h25min

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Aminata Zoanga-Traoré

Mme Aminata Zoanga/Traoré est animatrice julaphone à Radio Savane FM. Elle a fait du micro, une passion à travers laquelle elle véhicule des messages fort enrichissants pour la femme.

Sa conception est que toute femme doit exercer une activité pour aider le mari à subvenir aux besoins de la famille et même prendre en charge l’éducation des enfants si le père venait à y renoncer. Mme Zoanga donne ainsi des conseils dans son émission « Musoya yi ferèè » : « Etre femme, c’est avoir beaucoup d’astuces ». Sidwaya a rencontré cette dame du micro pour vous.

Sidwaya (S.) : Comment est né votre amour pour la radio ?

Aminata Zoanga (A.Z.) : C’est par hasard que je suis arrivée à la radio. Un jour, j’ai entendu un communiqué du PDG des radios Horizon FM, Moustapha L. Thiombiano qui recherchait une animatrice julaphone, pour présenter le journal. Je suis donc allée, séance tenante, me présenter et faire enregistrer ma voix. C’est ainsi que je me suis retrouvée à la radio.

Je parle bien le jula mais c’était difficile pour moi au départ car je n’ai eu aucune formation. Il m’arrivait d’être essoufflée à l’antenne quand je présentais le journal en jula. Par la suite, le directeur m’a demandé d’assurer également la tranche d’animation.
J’ai accueilli cette nouvelle avec plaisir. Trois ans après, mon mari a été affecté à Bobo-Dioulasso, je l’ai suivi. Dès que j’y suis arrivée, j’ai été nommée directrice à la radio locale Horizon. Dès lors, la tranche d’animation est devenue une aubaine pour moi de sensibiliser, d’éduquer et former les femmes aux avantages de la propreté dans le ménage, du travail qui libère et rend indépendant financièrement, de l’éducation des enfants qu’elles peuvent assurer si elles exercent une activité etc.

S. : Comment ont été vos débuts à la radio ?

A.Z. : Le début n’a pas été facile. Je titubais, j’ai mis six mois pour apprendre à maîtriser la lecture en dioula et le micro. En même temps, je passais des concours mais je n’ai jamais été admise.
C’était au moment où l’on avait besoin des instituteurs révolutionnaires. Il suffisait d’avoir le BEPC pour être recruté. Cependant, j’ai refusé de partir enseigner à cause de mon mari et de mon enfant. Actuellement, j’ai trois enfants.

S. : Pourquoi avez-vous quitté Horizon FM pour Savane FM ?

A.Z. : Après Bobo-Dioulasso, mon mari a été affecté à Ouagadougou. Une fois dans la capitale, j’ai décidé pour des raisons personnelles, de rompre avec la radio et de faire le commerce de pagnes, de bijoux et accessoires, à travers la sous-région. Et jusqu’à présent, je continue dans mon commerce. Sidnaba que je connais très bien, m’a contacté un jour et m’a informé qu’il allait mettre en place une radio et qu’il aurait besoin de mon expérience. J’ai donc accepté de partager mes idées, connaissances et de mon expérience de femme voyageuse au profit des auditeurs. Mon public-cible, ce sont les femmes. Mon émission se fait en jula et s’intitule « Musoya yi ferèè ». En français, cela signifie : « être femme, c’est avoir beaucoup d’astuces ».

S. : Comment préparez-vous vos émissions ?

A.Z. : Je les conçois à partir de ce que je constate, chaque jour, autour de moi et aussi de mon expérience personnelle. Je dénonce les mauvais comportements des femmes dans la société. Je leur donne des conseils pour assurer la propreté dans les ménages. En ce qui concerne les femmes fonctionnaires, je les exhorte à faire elle-même la cuisine et le ménage les week-ends, pour libérer la « bonne ».

S. : Quelles sont les qualités d’un bon animateur ?

A.Z. : Le bon animateur est celui qui sait innover, créer, parler aux auditeurs et qui sait accepter les critiques. Personnellement, j’accepte les critiques de mes auditeurs et de mon entourage.

S. : Que représente pour vous, la radio aujourd’hui ?

A.Z. : Actuellement, la radio est comme un jeu d’enfant pour moi. Je m’amuse bien à l’antenne. La radio est une passion que rien ne peut éteindre en moi. C’est vrai que, parfois, ce n’est pas facile, parce que tout le monde ne m’aime pas et les auditeurs ne sont pas toujours gentils. On m’a insultée une fois en direct sur les antennes.

S. : Comment arrivez-vous à concilier votre métier et votre vie de famille ?

A.Z. : Mon mari n’a jamais accepté mon métier, mais il me laisse travailler. Une fois, au cours d’une émission, un auditeur m’a déclaré ses sentiments. Certains auditeurs n’hésitent pas à me faire ouvertement la cour sur les antennes et cela ne plaît pas à mon mari. Mais j’arrive facilement à concilier mon foyer et mon travail.

S. : Quels conseils avez-vous à donner aux femmes ?

A.Z. : Il faut savoir respecter son mari et son entourage et surtout savoir mener une activité pour avoir une source de revenus et aider le mari à assurer les dépenses. Il faut que les femmes apprennent à se battre pour être autonomes financièrement. En réalité, les femmes ont plus besoin d’argent que les hommes car, quand elles en ont, elles entretiennent toute la société et pensent à tout le monde. Il leur faut donc travailler ou mener une activité génératrice de revenus, pour éviter de tendre toujours la main à leur mari. A Savane FM, je travaille une seule fois dans la semaine (chaque samedi) et je me dis que ça doit être dur pour les femmes des médias qui travaillent tous les jours et qui rentrent chez elles à des heures tardives.

Je les plains car elles n’ont pas le temps de bien s’occuper de leurs enfants qui sont laissés à eux-mêmes. Une femme qui n’est pas à la maison ne sait pas ce qui se passe avec ses propres enfants et ne peut pas suivre, de près, leur éducation. Néanmoins, on ne peut faire autrement car c’est nous les femmes qui exigeons l’égalité homme-femme. Donc si les hommes peuvent travailler toute la journée et rester au bureau jusqu’à des heures tardives, pourquoi pas les femmes ?

Propos recueillis par Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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