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Candidatures CDP aux législatives : Des surprises de taille !

Publié le mercredi 31 janvier 2007 à 07h57min

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La journée de dimanche 28 janvier 2007 a été très mouvementée au Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Le parti majoritaire a diligenté des missions dans toutes les provinces pour superviser les travaux des collèges d’appréciation des candidatures aux législatives de mai 2007.

Les observations des structures de base sont perçues comme un camouflet pour certains candidats et pas des moindres. D’autres par contre, ont été propulsés voire plébiscités.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) semble avoir tiré les leçons des législatives 2002. N’ayant pas totalement écouté les propositions de sa base, le parti majoritaire a vu certains de ses membres se rallier à d’autres formations politiques pour se porter candidats. Ce qui a fait évidemment perdre des sièges au parti de « l’eau, des épis et de la daba ».

Pour glaner toutes les voix de la base aux consultations électorales de mai prochain, une directive du CDP a été adoptée pour indiquer la voie à suivre pour la confection des listes CDP aux élections législatives. Elle fixe « d’une part les conditions que doit remplir tout militant aspirant à être candidat sur une liste CDP et d’autre part, les modalités de choix des candidats du parti aux élections législatives de mai 2007 ».

En dehors des conditions d’éligibilité et d’inéligibilité prévues par le code électoral, le CDP a établi ses propres règles. Tout aspirant à la candidature doit « être un militant actif du parti, détenir sa carte de membre et n’être pas sous sanction, être de bonne moralité et ne pas faire l’objet de poursuites judiciaires, jouir d’une popularité dans la localité, être inscrit sur une liste électorale et détenir sa carte d’électeur, être à jour de ses cotisations des trois dernières années ».

Les dossiers de candidature sont appréciés, en l’absence de tout candidat, au cours d’une assemblée. Le Collège d’appréciation des candidatures est constitué des membres du bureau de la section provinciale, des secrétaires généraux des sous- sections, des maires militants du parti. Les travaux sont supervisés par trois (3) membres du Bureau politique national (BPN) non ressortissants de la province. Ils sont présidés par le secrétaire général de la section provinciale.

Le Collège d’appréciation des candidatures portent sur chaque dossier, les mentions suivantes : « Excellent » (très populaire), « Bon » (populaire), « Moyen » (assez populaire), « Passable » (un peu populaire). Les missions diligentées dans toutes les provinces, dimanche 28 janvier dernier par le Bureau exécutif national (BEN), ont regagné Ouagadougou avec des observations effrayantes pour les uns et réconfortantes pour d’autres.

Camouflet, rejet, réhabilitation et plébiscite

Des observateurs de la scène politique burkinabè qualifient les travaux du Collège d’appréciation des candidatures sur les listes CDP de « primaires déguisées ».
Des sources bien introduites confient que les structures de base du parti ne sont pas allées du dos de la cuillère pour donner leur avis sur les dossiers de candidatures. Des militants tantôt appelés caciques du parti tantôt bonzes, ont brillé par leur impopularité. Les postes de « candidats titulaires » ont été âprement disputés.

La grosse surprise serait venue de la province des Balé.
Selon des indiscrétions, Oubkiri Marc Yao, premier vice-président de l’Assemblée nationale, deuxième vice-président du CDP et coordonnateur régional du parti dans la Boucle du Mouhoun aurait recueilli très peu de mentions « Excellent ». Arsène Bongnessan Yé viendrait loin en tête, suivi de Mohamadou Touré. Dans la Kossi, le ministre Tiémoko Konaté, secondé de Barthélemy Diarra, auraient séduit la base.

Dans le Mouhoun, Korotimi Koté et Sina Séré auraient ravi la vedette aux actuels députés de la province. Tandis que Dieudonné Bonané reste seul maître à bord au Nayala. Au Sourou, Bibia Robert Sangaré viendrait largement en tête suivi de la députée Saran Sérémé.

Les structures de base du Kénédougou auraient bien apprécié Jules Décrin Traoré au détriment du député Soma Barro et Adèle Traoré. Dans le Houet , Thomas Sanon, Alfred Sanou, Soungalo Ouattara, Balamine Ouattara et Michel Ouédraogo auraient reçu plus de mentions « Excellent » du Collège d’appréciation des candidatures.

Le ministre d’Etat, Salif Diallo confirmerait ses assises au Yatenga. La ministre Gisèle Guigma et Mahamadi Napon se tiendraient au coude-à -coude dans la Sissili. Même scénario dans la Comoé où le ministre Benoît Ouattara et Léonce Koné seraient en ballottage. Souleymane Zibaré se serait imposé au Nahouri. Le Collège d’appréciation des candidatures du Sanguié aurait préféré Etienne Bado et Evariste Bassolé.

Dans le Séno, ce serai le ministre Kader Cissé et le chef de Dori (il a rejoint le CDP avec 28 conseillers municipaux) qui ont été bien notés. Pendant que dans les Banwa, Abou Sanou aurait ravi la vedette au gouverneur de la région du Centre-Ouest, Banworo Seydou Sanou. Affaire à suivre pour les autres provinces... Car la base veut cette fois-ci dicter sa loi dans le choix de ses futurs représentants au Parlement.

Des inquiétudes à l’horizon

La liste des « préferés de la base » n’est certes pas exhaustive. Mieux les travaux des Collèges d’appréciation ne sont que des propositions. Mais si elles sont enterinées au sommet du parti, les observations du collège d’appréciation seront un bon baromètre de la popularité des élus souvent « très proches de l’Assemblée nationale, mais très loin du peuple ». La base aura donné son verdict même si le dernier mot (le choix définitif des candidatures) revient au Bureau exécutif national (BEN).

Cette instance reçoit les dossiers de candidatures avec les avis du collège d’appréciation et les soumet à un comité d’étude des candidatures. « Le BEN procède à la validation et l’investiture des candidats après concertation des membres du Bureau politique national (BPN) relevant de chaque province », précise l’article 15 de la directive. Cette disposition inquiète de nombreux candidats « populaires ».

La grosse inconnue étant ce qui peut bien se passer comme tractations, influences et tripatouillages entre les travaux (appréciations) des structures de base et ceux du comité d’étude. Des sources bien informées indiquent que d’ores et déjà des « candidats (officieusement) malheureux » redoubleraient de subterfuges pour ne pas que la volonté de la base soit respectée. Certains auraient même menacé de mettre à mal l’unité du parti et la cohésion sociale dans leur localité au cas où leur candidature ne serait pas retenue.

« Tout militant non retenu sur la liste du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) qui viendrait à s’inscrire sur la liste d’un autre parti ou à soutenir des candidats autres que ceux investis par le parti s’exclut de fait du parti », « Tout militant qui participerait de manière active à une campagne contre le parti, ses intérêts, ses candidats et son programme sera passible d’une exclusion du parti », préviennent les articles 21 et 22 de la directive relative à la désignation des candidats sur les listes CDP aux élections législatives de mai 2007.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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