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Sommet de l’Union africaine : Kufuor à la place de Sassou

Publié le mercredi 31 janvier 2007 à 07h45min

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John Kufuor

Le président du Faso, président en exercice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Blaise Compaoré, a pris part à l’ouverture solennelle de la huitième session ordinaire de l’Union africaine, lundi à Addis Abéba qui a porté à la tête de l’institution, le Ghanéen John Kufuor en remplacement du Congolais Denis Sassou Nguesso.

Blaise Compaoré est arrivé à Addis Abeba, dimanche en début de soirée, en compagnie du ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Youssouf Ouédraogo. Cette huitième session ordinaire placée sous le thème « la contribution de la science, de la technologie et de la recherche scientifique au développement et les changements climatiques en Afrique » a connu la présence d’une trentaine de chefs d’Etat et de gouvernement. L’enjeu majeur restait l’élection du président en exercice de l’Union en remplacement du Congolais Denis Sassou Nguesso.

De toute évidence, l’élection du président de l’Union est allée très vite. Le huis clos de quelques minutes survenu juste après une cérémonie d’ouverture de près de quatre heures d’horloge, a permis aux chefs d’Etat de porter par consensus, leur choix sur le Ghanéen John Kufuor dont le pays abritera le prochain sommet en juillet. 2007 au plan continental, semble l’année de ce pays qui célèbrera les cinquante ans de son accession à l’indépendance.

C’est une forme de reconnaissance à l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), le Dr Kwamé Nkrumah et une manière de témoigner la reconnaissance continentale au président Kufuor. Du reste à cette occasion, l’Afrique qui a placé cette année sous le signe de l’année du football, magnifiera les cinquante ans de la création de la Confédération africaine de football (CAF). Le choix de Kufuor, on s’en doute, a mis fin à ce qui aurait pu constituer un nœud gordien.

En effet entre la revendication du Soudanais El Béchir qui estimait « légitime » que ses pairs lui attribuent ce qui lui revient et la question d’honneur du Tchad de ne pas voir le Soudanais auréolé du titre de président en exercice de l’Union africaine, on aurait pu assister à une autre « guéguerre” inutile tout comme celle du Darfour, source de divergences profondes entre Tchadiens et Soudanais.

De sources proches du sommet, les arguments n’ont pas manqué pour dissuader le président El Béchir. D’abord, le Soudanais se trouve être à la fois président en exercice de l’IGAD, des ACP/UE et de la Ligue arabe. Des charges auxquelles il fallait peut-être éviter d’ajouter celle de président en exercice de l’UA. Qui plus est, l’engagement pris à Khartoum pour faire respecter la paix et au Darfour et dans la sous-région, est demeuré une ligne d’horizon. Toute chose qui ne plaidait pas (plus) en faveur de nouvelles charges.

Ce huis clos a également permis de porter à la tête du Comité des chefs d’Etat chargé de la mise en œuvre du NEPAD, le Premier ministre éthiopien Mélès Zénawi à la place du Nigerian Olusegun Obasanjo. Peu avant ce huis clos, la cérémonie solennelle d’ouverture de la huitième session ordinaire de l’Union africaine a enregistré une bonne dizaine de discours. Le président en exercice sortant, le Congolais Denis Sassou Nguesso a dirigé la cérémonie d’ouverture marquée par une dizaine de discours.

La série des interventions a été ouverte par le président de la Commission de l’Union, le Malien Alpha Oumar Konaré, suivi d’autres personnalités dont le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, le Coréen Ban Ki-moon, du président en exercice sortant et du Premier ministre éthiopien, Mélès Zénawi qui ont chacun regretté les multiples crises que le continent africain connaît, source de désastre. La Côte d’Ivoire, mais aussi la Guinée-Conakry, le Darfour, le Tchad, la Somalie, toutes ces différentes zones de turbulences qui freinent le développement de l’Afrique. Un continent frappé par la famine, le sida, le paludisme et la tuberculose.

Parlant de la Guinée, il a dit un oui, mais pour le choix du futur Premier ministre « mais pour quel programme ? » s’est-il interrogé. Pour lui, la note de satisfaction vient de la RD Congo qui, quarante ans après son indépendance, a organisé pour la première fois, une élection présidentielle sans dommage. Il a également salué l’ouverture du continent à d’autres pôles de partenariats, notamment avec la Chine, l’Amérique du Sud, alors que se profilent à l’horizon de nouveaux cadres de concertations avec l’Inde. A l’endroit des partenaires, Alpha Oumar Konaré a indiqué qu’il a un double cri. Il faut, a-t-il dit, accepter l’Afrique responsable, il faut respecter l’Afrique responsable.

Pour sa part, le tout nouveau secrétaire général de l’Organisation des Nations unies qui s’est dit honoré par l’Afrique, a rendu un vibrant hommage à Kofi Annan, son prédécesseur. « Après quinze ans de gestion par l’Afrique, l’ONU est aujourd’hui gérée par un non Africain », a dit Ban Ki-moon qui a affirmé qu’il reste « résolu à poursuivre sur la lancée de son prédécesseur ». Il demeure conscient des difficultés du continent. Les défis dans ce sens sont de taille. « Les épidémies qui menacent la paix et la sécurité, alors que le sida, la tuberculose et le paludisme font environ quatre millions de morts par an.
Parlant des effets du changement climatique, il a indiqué que 30% des infrastructures côtières en Afrique peuvent être submergées.

Il a alors appelé les Africains à « être sûrs que les questions du changement climatique sont sa priorité ». Le président en exercice sortant pour sa part, a dit que le thème de cette huitième session ordinaire épouse les ambitions et les objectifs poursuivis par l’UA. Le choix est heureux puisque science et technique dominent la vie de l’homme et doivent être au cœur des ambitions.

Son regard politique sur le continent demeure marqué par la même analyse que le président de la Commission. Le président Sassou a terminé son discours par une vision optimiste de l’Afrique qui, selon lui, « lentement mais sûrement, s’emploie à prendre son destin en main ».

Jean Philippe TOUGOUMA,
Envoyé spécial à Addis Abeba
Photos : Léonard BAZIEresse présidentielle

Sidwaya

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