LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Union africaine : L’influence néfaste des chefs d’Etat

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 08h13min

PARTAGER :                          

Omar El Béchir

Le 8e sommet des chefs d’Etat de l’Union africaine (UA) s’est ouvert lundi dernier à son siège à Addis-Abeba en Ethiopie. Une fois de plus, les chefs d’Etat semblent avoir beaucoup plus été préoccupés à gérer les sujets brûlants.

C’est le cas de la très sensible question de la présidence de l’Union (confiée l’an dernier, à Khartoum au Soudan, au Congolais Denis Sassou N’guesso, faute de consensus à l’époque). Mais aussi des brûlots plus ou moins récents tels le Darfour, le Tchad, la Somalie et la Guinée.

Ce sont, hélas, autant de dossiers épineux qui ont dû éclipsé des sujets non moins importants pour le continent noir que sont la science, la technologie et la recherche scientifique pour le développement, ainsi que le changement climatique en Afrique. Pauvre continent ! Comme s’il était condamné à verser dans un tonneau sans fond, les laves incandescentes de conflits qui ne cessent de le consumer. C’est désormais connu : la présidence de l’UA passe entre les mains du président ghanéen John Kufor. Pour le Soudanais, Omar Hassan al Bachir, qui courait après le poste, les carottes sont totalement cuites.

Pouvait-il en être autrement ? D’aucuns digéraient en effet mal qu’il accédât au poste, puisqu’il continue, de façon flagrante, de défier les décisions de l’organisation continentale et de l’ONU sur le déploiement de forces de maintien de la paix au Darfour. Ce qui, évidemment, était de nature à entamer sérieusement la crédibilité de l’Union ainsi que son propre engagement à défendre les droits de l’homme en Afrique. Même s’il est vrai que d’autres estimaient qu’une présidence soudanaise aurait mis Omar Hassan al Bachir dos au mur.

D’autres encore feront certainement valoir que le Soudanais n’a pas su aménager sa monture. Les atrocités au Darfour sont restées en l’état, le chef de l’Etat soudanais n’ayant rien entrepris dans le sens de leur éradication. Comment alors attribuer la présidence de l’Union à un chef d’Etat incapable de réaliser l’unité dans son propre pays, de vivre en bonne intelligence avec ses propres voisins ?

Selon toute vraisemblance, Al Bachir partait donc presque perdant, même si d’aucuns estiment qu’en le marginalisant, il pourrait radicaliser sa position à propos du conflit du Soudan ouest. Idriss Déby Itno peut donc jublier, puisqu’il menaçait de quitter l’Union si d’aventure, le Soudanais était porté à la tête de l’organisation.

Mais pourquoi tant de convoitises pour la présidence d’une telle Union comme pour bien d’autres organisations communautaires sous-régionales ? Pourquoi autant de batailles ? C’est sans doute parce que le poste permet à certains chefs d’Etat de redorer leur blason sur le plan international.

Si la détermination de Omar Hassan al Bachir de se voir bombarder président en exercice de l’Union n’a jamais été altérée, et ses ambitions jamais émoussées, c’était probablement parce qu’il percevait ce poste comme un bouclier à usage personnel.

L’Union africaine gagnerait à s’inspirer du fonctionnement de l’Union européenne (UE) dont la présidence est beaucoup plus l’affaire d’un d’Etat que celle d’une personnalité et dont le gros du travail est assuré par le président de la commission qui dispose de pouvoirs élargis. Tout le contraire de l’UA où l’on semble plutôt avoir affaire à l’omniprésence, à la lourde et néfaste influence des chefs d’Etat. L’UA pourrait beaucoup plus gagner en efficacité et en crédibilité, si elle arrivait à engager davantage de réformes à même d’atténuer le poids de ces chefs d’Etat.

Certes, l’organisation panafricaine a été bien inspirée de placer un digne fils du continent à la tête de la commission de l’Union, en la personne du panafricaniste bon teint, Alpha Omar Konaré. Mais que peut-il faire, à vrai dire, face aux égoïsmes nationaux ? De quelle marge de manoeuvre peut-il disposer quand la volonté politique fait défaut, soulignée notamment par le non payement des cotisations annuelles et la quasi-défiance de certains chefs d’Etat à son égard.

"Le Pays"

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique