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<I>Droit dans les yeux</I> : La semaine sociale de l’Eglise

Publié le mardi 30 janvier 2007 à 07h56min

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Une semaine sociale a été organisée du 22 au 29 novembre 2006 par la commission épiscopale Justice et Paix ; mais la justice est égale pour toutes les religions.

L’organisation dans l’Eglise est toujours un peu lente. Avec cette commission, l’Eglise a une voix officielle ; elle est sortie de sa trop grande discrétion, juste au moment du non-lieu de l’affaire Norbert Zongo, et elle s’est prononcée très clairement pour une reprise du dossier Norbert Zongo par une motion des participants à cette semaine sociale.

Les participants ont exprimé leur indignation devant les richesses de quelques-uns, dont beaucoup de hautes autorités, et la pauvreté de beaucoup de gens et devant la souffrance de la majorité à cause du coût de la vie trop cher. A été soulignée l’aberration des cellules politiques dans l’Administration et des privilèges exorbitants pour les adhérents au parti majoritaire (l’attribution des marchés publics et l’exemption de poursuites en cas de délit). On a aussi regardé le cas du monde rural (la majorité de la population) qui se sent abandonné. L’accès aux services sociaux de base est encore impossible pour beaucoup, alors que s’élèvent à Ouagadougou de luxueuses villas dites "de l’impunité".

Une motion fut adoptée pour renforcer l’éducation à la culture de la paix et promouvoir de vraies politiques sociales qui nous conduisent à la paix. L’engagement de la société civile et de l’Eglise pour la justice était jusqu’à maintenant timide ; l’engagement des citoyens tarde à se faire jour.

A remarquer qu’ici, les participants n’accusent pas seulement "les autres", mais ils se mettent eux-mêmes en cause. C’est une invitation à nous, chrétiens particulièrement, à nous réapproprier la dimension prophétique de notre religion, à agir et dénoncer pour construire une société plus juste, pour bâtir la paix.

Une motion fut adoptée pour nous inviter au discernement, à l’action courageuse, à l’engagement en faveur de la justice et de la paix, sans jamais nous laisser instrumentaliser, comme cela arrive parfois hélas. Aujourd’hui, il faut qu’à travers nos engagements, l’Eglise retrouve sa crédibilité.

Une session pas comme les autres. M. Bado, secrétaire exécutif de la commission et organisateur de cette semaine sociale, a fait un travail exceptionnel. Sous son impulsion, la commission a déjà fait des réalisations dans la lutte contre l’injustice. Dans les diocèses de Nouna, de Dédougou et de Ouahigouya sont formés des parajuristes. Des animateurs choisis par chaque paroisse ont suivi d’abord une formation sur les lois, sur les droits et les devoirs des citoyens, et sur les instances de jugements et leur fonctionnement.

Processus : sensibilisation et dialogue avec les curés. Présentation aux communautés de base et aux autorités et services administratifs. Organisation des tournées d’information et de sensibilisation des parajuristes. Une attestation a été remise à chaque parajuriste pour faciliter le contact avec la population et les autorités administratives et coutumières.

C’est au bout de tout ce processus que les parajuristes ont commencé à recevoir des plaintes. Ils ont dans chaque paroisse un bureau d’écoute. Souvent, ils doivent partir dans les villages, pour voir les situations sur place. Ils donnent des conseils et accompagnent aussi les gens dans leur démarche pour la saisine des institutions administratives et judiciaires compétentes.

Depuis novembre 2005, les parajuristes ont commencé leur travail. Ils se réunissent régulièrement, s’informent et se conseillent. A Nouna, fin mars 2006, ils avaient enregistré 96 dossiers dont beaucoup ont été résolus et d’autres sont encore en cours. Les cas les plus fréquents : conflits entre éleveurs et agriculteurs, mariages forcés, violences faites aux femmes, escroqueries, abus de confiance, difficultés pour obtenir certains documents administratifs.

La grande difficulté est le manque de financement pour le travail. Si vous comparez le budget de la HACLC et son inefficacité et le travail efficace des parajuristes, simples citoyens avec un peu de formation, je suis en admiration pour ces gens qui luttent contre les injustices, les petites injustices, mais le mariage forcé n’est pas une petite chose. La lutte contre l’injustice est possible.

Pour faire avancer notre pays, achetons et consommons les produits burkinabè. Que tous les hommes achètent au moins une fois par année une chemise tissée par des Burkinabè, si possible avec des bandes de coton faites par les tisserands traditionnels. Ne nous demandons pas seulement : "Qu’est-ce que le Burkina peut faire pour moi ?", mais demandons-nous : "Qu’est-ce que je peux faire pour le Burkina".

Bonne nouvelle : Pascal Lamy, Commissaire européen à Bruxelles, a déclaré (24-07-2006) que les négociations du cycle de Doha sont en faillite après cinq ans de négociations parce que les puissants et les riches n’ont pas réussi, grâce à l’opposition des petits à ce que l’OMC (Organisation mondiale du commerce) impose des règles avantageuses pour les riches, mais mortelles pour les simples paysans, soit la moitié de la population mondiale.

F Balemans
B.P.332
Koudougou

Le Pays

P.-S.

Voir le site de l’Eglise du Burkina :
http://www.egliseduburkina.org

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