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Accès à l’Internet à Ouahigouya : Une réalité aux multiples facettes

Publié le samedi 27 janvier 2007 à 09h34min

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L’Internet peut être un atout pour les habitants de Ouahigouya pour sortir de l’ignorance au XXIème siècle. Des enfants aux adultes, le désenclavement numérique entre dans les mœurs mais, cela n’est pas sans danger pour les jeunes.

« Cliquer », « naviguer » font partie du vocabulaire de nombreuses personnes à Ouahigouya. L’accès à l’Internet est une réalité dans l’une des régions les plus pauvres du Burkina Faso. Que ce soit par des élèves ou par des enseignants, les cybers cafés sont pris d’assaut par des fanatiques du réseau mondial à longueur de journée.

Certains y cherchent des informations relatives à leur domaine d’activité, d’autres consultent la messagerie électronique en vue de faire des rencontres, avoir des correspondants, etc. La petite Aïda de onze ans, élève en classe de sixième, « aime naviguer sur le net ». Avec ces petits doigts, assise devant un écran d’ordinateur de type PC, qui dépasse sa taille, elle navigue. Elle se sert d’un doigt, prend le temps de regarder et choisir la touche de la lettre d’orthographe qui lui convient avant de passer à une autre étape.

En cette matinée de dimanche, elle consulte sa boîte électronique à messagerie communément appelée « l’email ». Mais ce n’est pas seulement la messagerie qui attire Aïda au cyber : « je navigue sur Internet pour faire aussi mes calculs de mathématiques », a expliqué Aïda. Tout comme Aïda, les élèves trouvent leur compte en allant sur le Net. Mahamadi Sigué, élève en Tle D, parvient grâce au réseau mondial à rechercher et à traiter des exercices. « Je recherche surtout les exercices de mathématiques, de physique-chimie, des sciences de la vie et de la terre.

Ce qui est bien avec l’Internet, c’est qu’on peut trouver l’exercice et son corrigé. Cela facilite le travail », explique-t-il. A côté de la messagerie électronique qu’il consulte de temps à autre, Sigué s’intéresse aussi aux possibilités d’inscription dans les universités internationales. Quant à l’accès du plus grand nombre, le jeune Sigué reconnaît que beaucoup d’élèves ne fréquentent pas les cybers cafés.

Les centres ADEN, une solution au désenclavement numérique

Les centres d’Appui au désenclavement numérique (ADEN) semblent être une solution à la réduction de la fracture numérique entre le Nord et le Sud. Grâce à l’appui technique, matériel et financier du ministère français des Affaires étrangères et, de l’ambassade de France au Burkina Faso, des centres ADEN, ont été implantés dans certaines villes du pays (Ouahigouya, Toma pour ne citer que celles-là).

Ces centres proposent des services d’accès à la navigation à moindre coût. Et la concurrence aidant, ils ont contribué à faire chuter les tarifs de navigation en moins de deux ans. « Il y a deux ans, explique un enseignant, on ne pouvait pas penser naviguer à 100 F cfa le quart d’heure. Aujourd’hui, cela est une réalité ».
Les tarifs de connexion ont connu une chute vertigineuse. L’heure de navigation à 400 F cfa, les 3 h à 1000 F, les 5 h à 1500 F et les 10 h à 2500 F.

En cette matinée dominicale, le responsable administratif du centre ADEN de Ouahigouya, Didace Edmond Zida est en séance de maintenance. Grâce à un souffleur, il dépoussière le PC du serveur. « Nos prestations de services sont du domaine de la formation, de la navigation, de la maintenance, de l’assistance, de l’installation de logiciels, de la saisie, de la production de documents divers, de la fourniture d’outils informatiques etc », a expliqué M. Zida. Le centre ADEN de Ouahigouya est équipé d’une connexion satellite haut débit de 512 mégabits.

Pour le responsable administratif, les internautes sont pour la plupart des élèves et des fonctionnaires. Les plus accros du Net sont les turfistes ou les joueurs de PMU’B. « Ce sont les plus fidèles clients. Ils ont même le droit de veto sur les machines ». En effet, alors qu’il n’a pas fini sa maintenance, deux turfistes font leur entrée. Ils demandent au responsable « de faire vite pour qu’ils puissent naviguer ». Tasséré Zoromé, instituteur est l’un d’eux : « Je visite les sites de pronostics du PMU. Souvent, les pronostics sont bons, souvent ils ratent ».

Attention aux sites pornographiques

Les difficultés ne manquent pas. Elles vont de la non maîtrise des services de messagerie à celle de l’utilisation du navigateur. En effet, les centres ADEN utilisent le navigateur Firefox au lieu d’Internet explorer, communément connu. Même si Firefox est plus actuel et offre plus de fonctionnalités que Internet explorer, les internautes habitués qu’ils sont à explorer ont du mal à se familiariser avec les outils de Firefox. L’autre difficulté majeure est la visite par les mineurs de sites pornographiques. Malgré l’affiche de la charte électronique dans les cybers interdisant la visite des sites pornographiques, xénophobes, terroristes, racistes ou ethnicistes, certains internautes en n’ont cure selon la gérante du cyber café du lycée Yadéga, Zenabou Ouédraogo. « Certains internautes visitent les sites pornographiques et surtout ce sont des enfants.

Non seulement, ils s’exposent à des dangers d’ordre relationnel mais aussi, ils exposent les ordinateurs à l’attaque des virus », clame la jeune dame. D’autres difficultés sont le manque de climatisation dans les cybers en vue de protéger le matériel. Et c’est l’une des doléances de M. Zida : « nous avons besoin de climatiseurs et partant, étendre la salle, disposer de suffisamment d’espace pour la formation et la navigation ».

Incessamment, le centre compte lancer de clubs ADEN dans les lycées et collèges pour susciter chez les jeunes le goût des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Mais en attendant, Djénéba Ouédraogo, animatrice au centre souhaite que l’on revoie à la baisse le coût de la navigation : « pour favoriser l’accès du plus grand nombre, il est bon de ramener le tarif à 300 F cfa l’heure ». Cette donne permettra à la majorité des internautes qui ont appris sur le tas, de prendre assez de temps pour se familiariser avec l’Internet.

Daouda Emile Ouédraogo

Sidwaya

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