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Déclarations de Moïse Ouédraogo : Pas d’éléments nouveaux, selon la Justice

Publié le vendredi 26 janvier 2007 à 08h13min

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Le Procureur du Faso près le Tribunal de grande instance de Ouaga, Adama Sagnon, et le Procureur général près de la Cour d’appel de Ouaga, Abdoulaye Barry, ont animé dans la matinée du 25 janvier 2007 à Ouaga une conférence de presse.

Au menu de celle-ci, les récentes déclarations dans la presse du sieur Moïse Ouédraogo, demi-frère de feu David Ouédraogo, concernant l’affaire Norbert Zongo. Des auditions de l’intéressé et d’autres personnes mises en cause faites après cette sortie, la Justice a conclu que les déclarations n’apportent rien de nouveau et ne sont donc pas de nature à faire rouvrir le dossier Norbert Zongo.

La Justice burkinabè a été interpellée à bouger après ce qu’il est convenu d’appeler aujourd’hui les révélations de Moïse Ouédraogo concernant l’affaire Norbert Zongo. Elle a effectivement bougé et c’est pour rendre compte de ce qu’elle a fait que le Procureur du Faso, Adama Sagnon, et le Procureur général, Abdoulaye Barry, ont rencontré la presse. Dans l’introduction à la conférence de presse, Abdoulaye Barry a donné la personnalité de Moïse Ouédraogo qui n’est pas forcément connue de tout le monde.

Ce dernier, a-t-il fait savoir, a été jugé et condamné à 12 mois ferme dans une affaire de vol de kérosène à Air Burkina où il travaillait. Il devait sortir de prison en fin mars 2007 mais a bénéficié d’une remise de peine à l’occasion de la fête de l’indépendance et a donc recouvré la liberté le 12 août 2006.

Depuis cette date, la Justice n’avait plus des nouvelles de l’intéressé jusqu’à son interview dans le n°107 du 10 janvier 2007 du bimensuel "L’Evénement". Compte tenu des déclarations faites qui laissaient entrevoir qu’il savait pas mal de choses sur l’affaire Norbert Zongo, il a commencé à intéresser la Justice.

Une audition de près de 9 heures

L’intéressé n’attendra pas que le 3e pouvoir vienne à lui ; il ira à lui. En effet, selon le Procureur Barry, Moïse Ouédraogo a adressé le 4 janvier 2007 une requête rédigée par les soins de Me Bénéwendé Sankara au Procureur du Faso pour demander à être entendu par rapport à l’affaire Norbert Zongo. Ce qui fut fait le 18 janvier dernier avec la convocation du demi-frère de David Ouédraogo et son audition pendant près de 9 heures par le Procureur du Faso, Adama Sagnon.

Selon ce dernier, les déclarations du sieur Ouédraogo ont été les mêmes que celles faites dans la presse. Outre Moïse Ouédraogo, le Procureur Sagnon a aussi entendu des personnes mises en cause par celui-ci. Il s’agit notamment de Dieudonné Sobgo, cousin de Moïse, du directeur général de Fasoplast Mamadi Sanon et de François Compaoré qui a été entendu le 24 janvier dernier.

Selon le Procureur du Faso, Dieudonné Sobgo n’a pas corroboré toutes les déclarations de Moïse Ouédraogo. Il a par exemple réfuté les déclarations tendant à prêter des propos au directeur de Fasoplast qui aurait dit vouloir affronter Norbert Zongo ou que le journaliste a eu ce qu’il méritait (propos tenus après son assassinat). Ou encore que François Compaoré a dit avoir reçu 3 personnes venues le voir au sujet de Norbert Zongo. Par contre, le cousin, selon le Procureur du Faso, s’appuyant sur ses déclarations, a reconnu que Moïse a toujours rencontré François Compaoré qu’ils appellent tous les deux grand frère en sa compagnie.

De son côté, le frère cadet du chef de l’Etat a dit au cours de son audition, et selon le Procureur du Faso, ne pas comprendre l’attitude de Moïse Ouédraogo qu’il a aidé à avoir du travail et aussi à qui il a procuré une moto en fin 1998 début 1999. Et cela eu égard à l’estime qu’il avait pour David Ouédraogo et aussi par humanisme. Selon toujours le Procureur du Faso, François Compaoré a fourni des correspondances prouvant que les ponts n’ont jamais été rompus entre lui et la famille de David Ouédraogo. Quant au directeur de Fasoplast, il a dit au cours de son audition n’avoir jamais connu Norbert Zongo.

Agissements par pure vengeance

Après avoir évoqué les auditions et le travail d’investigation, le Procureur du Faso a conclu que les déclarations de Moïse Ouédraogo ne sont pas des éléments crédibles. Il en veut pour preuve, les dénégations de son cousin Sobgo qui ont détruit les déclarations de Moïse. De là à penser que le demi-frère a agi par esprit de vengeance la conclusion est vite tirée.

D’ailleurs, pour le Procureur général, il ne peut en être autrement vu qu’à peine sorti de prison, Moïse Ouédraogo a demandé à rencontrer François Compaoré en vain et le directeur de Fasoplast à qui il a promis de faire des révélations sur l’affaire Norbert Zongo les mettant tous deux en cause. Et cela après n’avoir pas obtenu sa reprise à Air Burkina. En outre, pour Abdoulaye Barry, l’attitude de Moïse Ouédraogo fait penser à celle d’un certain Richard Belemkoabga qui, à un moment donné, a fait des déclarations pouvant laisser croire qu’il avait des choses à dire sur l’affaire Nobert Zongo.

Une affaire dans laquelle la Justice attend toujours des témoignages nouveaux car elle est restée sur sa faim avec les déclarations de Moïse Ouédraogo. Si celui-ci a eu le mérite de témoigner comme le souhaite la Justice, ce qu’il apporte n’a rien de nouveau dans l’affaire Norbert Zongo. D’ailleurs, ses déclarations, selon Abdoulaye Barry concernent beaucoup plus l’affaire David Ouédraogo que celle Norbert Zongo, car en dehors du regretté Edmond Koama, Moïse Ouédraogo n’a pas cité par exemple l’adjudant-chef Marcel Kafando.

Moïse Ouédraogo, un deséquilibré ?

Dans leurs questions, les journalistes ont d’abord voulu savoir pourquoi tous ceux qui ont été mis en cause par Moïse Ouédraogo n’ont pas été entendus et pourquoi aussi il n’y a pas eu de confrontations. Comme réponse, le Procureur du Faso a dit qu’il n’y a pas lieu d’entendre toutes les personnes citées mais seulement celles qui sont susceptibles d’apporter des éclairages.

Par rapport aux confrontations, celles-ci ne se font pas, en droit, entre des témoins mais entre des inculpés ou des accusés. Les journalistes ont aussi, selon les 2 procureurs, cherché à savoir si Moïse n’avait pas besoin d’une expertise psychiatrique pour savoir ce qui l’a poussé à agir de la sorte. N’est-ce pas par pure folie que plutôt par esprit de vengeance ? L’expertise ne peut pas être ordonnée pour quelqu’un qui n’est pas inculpé dans une affaire, répondent les 2 procureurs.

Toutefois, il est permis de douter de la santé mentale de l’accusateur, car, selon un passage de l’audition de son cousin lu par le magistrat Sagnon, il serait un deséquilibré. Le cousin du sieur Ouédraogo n’a-t-il pas été soudoyé pour ne pas dire la vérité, et préserver du même coup son emploi à Fasoplast, entre la parution de l’interview et son audition, questionne un journaliste. Nous ne pouvons rien dire sauf que Dieudonné Sobgo travaillait à Fasoplast lorsqu’a éclaté l’affaire David Ouédraogo, répond Abdoulaye Barry s’appuyant sur l’audition de l’interessé.

Par Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 janvier 2007 à 22:12 En réponse à : > Déclarations de Moïse Ouédraogo : Pas d’éléments nouveaux, selon la Justice

    J’ai l’impression de rêver : en effet, que des déséquilibrés mentaux permettent de ré-entendre des personnes honorables dans un dossier aussi sensible que celui de Norbert ZONGO où toute la conscience nationale est affectée, le fameux Me Sankara devrait être fier de son coup médiatique. Mais à quand (?) peut durer tous ces artifices politico-judiciaires autour d’un drame aussi odieux que pitoyable et où la justice burkinabé, si elle n’y prend garde, risque de se faire instrumentaliser. Ange, France.

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