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Bamos-Théo, artiste musicien : “Le Seigneur est mon berger”

Publié le jeudi 25 janvier 2007 à 08h03min

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Depuis pratiquement 7 ans, BAMOS Théo, le fils de Man, artiste musicien, initiateur du mouvement « N’sambissi » n’est plus devant la scène musicale. Il a traversé des moments difficiles qui l’ont rapproché davantage de Dieu nous a-t-il confié et il entend revenir dans les prochains mois avec un album qui fera oublier à ses fans le long temps de silence discographique.

Avec BAMOS Théo, donc nous avons passé en revue les différentes péripéties de sa jeune carrière musicale, tout en jetant un regard critique sur l’actualité artistique au Faso.

Comment vont tes affaires ?

BAMOS Théo (BT) : Par la grâce de Dieu mes affaires sont « cools ». Je me débrouille comme beaucoup d’autres de mes frères burkinabè. Artistiquement ça va aussi car je suis dans la cuisine pour préparer une bonne galette qui fera plaisir aux mélomanes. Je suis très heureux d’annoncer que je viens d’être père d’un bel enfant.

Quelles explications tu donnes à ta longue absence sur la scène musicale ?

BT : Je comprends les N’sambissi, c’est tout à fait normal qu’ils trouvent que ça fait longtemps que je n’ai pas mis un album sur le marché.
Mais personnellement, je ne vois pas le temps passer, car tout dépend de ce que j’ai vécu comme problèmes.

Quels sont ces problèmes ?

BT : Est-il nécessaire de l’expliquer ?

Oui pour mieux te faire comprendre ...
BT : Ok ! Après mon album « pousgo » qui a très bien marché, je suis parti à Abidjan et là-bas j’ai eu des problèmes sérieux de santé et le vieux (NDLR -Jean-Claude BAMOGO dit Man) est venu personnellement me chercher pour me ramener au Faso. Sans rien cacher, j’étais à l’hôpital psychiatrique de Bingerville et j’ai eu la chance de séjourner dans un centre de prière et grâce à Jésus Christ, j’ai recouvré la santé. J’ai donc passé au moins deux ans pour me retrouver et juste après c’est le vieux qui a eu des problèmes de santé.

J’étais préoccupé par cela et donc musicalement je ne pouvais rien faire. Lorsque le vieux a recouvré la santé, j’ai préféré travailler sur son projet d’album sorte de participation à son retour sur scène, Dieu merci, le vieux a mis son album sur le marché donc la voie est libre pour moi maintenant de réaliser mon projet.
C’est pour ces raisons que je ne trouve pas que j’ai mis un long temps sans sortir d’album car il y avait des raisons valables. Les N’sanbissi ont raison car beaucoup n’avaient pas toutes ces explications.

Que signifie pour toi « N’sanbissi » ?

BT : Les « N’sambissi » c’est un peu comme les « Bramogo » des Ivoiriens, les « Potes » chez d’autres. Je trouve que « N’sambissi » est original mais ne s’adresse pas seulement à ceux qui parlent le mooré, pour moi tous les frères burkinabè sont des N’sambissi ; le peulh de Dori est un N’sambissi, le Bissa de Tenkodogo est un N’sambissi tout comme le Bobo ou le Gouin de Banfora. C’est depuis Abidjan que j’ai commencé à utiliser cette expression et entre potes ivoiriens et burkinabè on s’appelait N’sanbissi, j’au même fait adopter l’expression par des amis français.

Que penses-tu du takiborsé qui est aussi original que N’sanbissi ?

BT : Le takiborsé est une belle création. C’est vrai qu’on peut trouver quelques ressemblances avec le « couper-décaler » mais il n’y a rien de mal en cela. Les Ivoiriens qui ont créé le « couper-décaler » se sont inspirés de la musique congolaise. Si les Burkinabè à leur tour s’inspirent du couper-décaler, c’est une bonne chose, le monde fonctionne ainsi comme l’a dit un scientifique, « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

En son temps tu invitais les N’sanbissi à ne pas prendre les mauvais côtés de leur camarade mais d’être positifs, penses-tu avoir été entendu aujourd’hui ?

BT : Mon constat est que beaucoup de N’sanbissi ont bien compris mon message. Mais il y a toujours du travail à faire pour toujours faire comprendre à ceux qui résistent encore.

Peut-on dire que tu files le parfait amour aujourd’hui avec Seydoni après les bisbilles ?

BT : C’est fini, vite oublié ! Nous sommes aujourd’hui de très bons partenaires. La langue et les dents vivent dans la bouche mais ils vivent quelquefois des accrochages. Entre nous les artistes et les structures techniques c’est comme cela, mais ça ne va pas loin. Seydou Richard est un Tonton pour moi, je m’entends avec tout le monde à Seydoni. C’est là-bas que l’album du vieux a été enregistré et le mien se fera aussi à Seydoni.

Peux-tu lever un coin de voile sur ton prochain album ?

BT : Je reste toujours dans le même esprit qui est de rassembler, de créer la solidarité entre les N’sanbissi. Globalement c’est un album qui va lutter pour la positivité et qui va montrer que j’ai pris du galon et sur le plan rythmique et sur le plan des paroles. Il y aura huit titres plus deux remix.

Y aura-t-il du takiborsé dans cet album ?

BT : Ce n’est un pas exclu pour le moment. Ahmed Smani est N’sanbissi que j’aime bien ; je l’ai connu comme danseur sous le nom Papa Zaïko, puis batteur dans un groupe. Je respecte son esprit.

Que penses-tu du mouvement musical qui s’intensifie de plus en plus au Faso ?

BT : Je suis très heureux de constater que ça bouge énormément chez les musiciens. Cela m’encourage surtout quand je vois les tout-petits. Les enfants suivent le mouvement, je suis ravi car l’avenir est prometteur. Musicalement la relève est assurée et le Burkina va occuper une place plus importante sur la scène africaine. Il faut toujours y mettre les moyens en plus de la volonté politique.

Que dis-tu de ceux qui trouvent que les artistes demandent trop à l’Etat ?

BT : Ce n’est pas très gentil de dire que les artistes demandent trop. Il y a beaucoup de créations qui dorment dans les tiroirs parce qu’il n’y a pas de moyens. Ici au Faso, il y a peu de mécènes, les sponsors sont rares ; alors tout le monde se tourne vers le ministère de la Culture qui fait ce qu’il peut faire. Les artistes ne sont pas des mendiants, ils veulent des coups de pouce pour travailler et cette lutte a besoin de l’apport des journalistes. Si tu n’as pas la foi, tu ne peux pas faire la musique au Faso.

On sent dans tes paroles une sagesse religieuse, comment expliques-tu cela ?

BT : J’ai toujours été chrétien.

Pourtant, on dit que tu étais un moment porté vers le wak ?

BT : J’ai eu la chance de naître dans le Christ. J’en suis sorti un moment pour aller voir ailleurs, ce que vous appeler wak. J’ai eu la grâce et le Christ m’a récupéré. Je sais de quoi je parle après l’expérience douloureuse que j’ai vécue. Pour moi Jésus Christ est la Puissance des Puissances, ma foi est bien stabilisée maintenant.

Quels sont tes rapports avec le ministère de la Culture ?

BT : Le ministère de la Culture est notre maison, il y a une bonne entente entre les artistes et le ministère. Nous savons que le ministère veut bien faire beaucoup de choses, mais les moyens ne suivent pas ; c’est pourquoi, je demande à ceux qui gèrent le budget national de faire un effort de plus pour la culture. Je ne suis pas l’avocat du ministère mais je sais qu’il allait faire plus si son budget le permettait.

Et entre artistes, comment vont les choses ?

BT : Personnellement, je n’ai pas de problèmes avec les autres artistes. Je suis un rassembleur et un médiateur pour unir tous les frères. Quand je suis à un endroit où on met le mal d’un artiste je ne peux m’empêcher de le défendre. Il y a l’entente entre nous et il faut toujours travailler à la positivité.

Il y a l’entente et la Cour Suprême a mis le mal des « Premières Dames », comment tu l’expliques ?

BT : Je ne veux pas juger quelqu’un, seulement il faut savoir que c’est un jeu artistique qui n’a pas été bien compris. Il y a eu incompréhension, sinon c’est du marketing commercial. Mais le niveau du showbiz de notre pays ne permet pas de bien capter un tel concept. Les mentalités visiblement ne sont pas bien préparées pour comprendre que ce n’est qu’un jeu artistique.

Comment peut-on qualifier ta musique ?

BT : Je fais de la variété avec un œil dans la tradition, un autre dans le modernisme genre soul, et jazz. Je travaille avec un arrangeur Zakaria MOMBOUE, qui me comprend très bien.

Quels sont tes vœux du nouvel An ?

BT : Avant les vœux je tiens à dire un grand merci au ministère de la Culture qui m’a apporté un soutien financier pour mon album. Je souhaite que les opérateurs économiques s’impliquent dans la production musicale, cela va aider notre musique à mieux se positionner.

Pour le nouvel an, je souhaite à tous et à chacun une bonne santé, de l’argent car la santé sans argent, constitue une autre maladie. Tout cela doit se passer dans la paix et l’amour de Dieu.o

Par Issa SANOGO

L’Opinion

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