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Groupe Justice et démocratie : "Le palais de Kosyam n’était pas une priorité"

Publié le jeudi 25 janvier 2007 à 08h35min

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Le groupe parlementaire "Justice et démocratie" a animé une conférence de presse le 24 janvier 2007 à Ouagadougou. Au menu de cette rencontre, le bilan des activités parlementaires de la dernière session, la gestion du pays par le parti au pouvoir et le code électoral. Le groupe "J&D" a justifié son choix de voter contre la loi de finance 2007 et dénoncé la mauvaise gestion du parti au pouvoir. Pour les conférenciers, "le palais de Kosyam n’était pas une priorité".

Un clin d’oeil à la presse pour la récente condamnation des directeur de publication et rédacteur en chef de "L’Evènement" dans l’affaire Norbert Zongo. Un bref aperçu des incidents des 20 et 21 décembre 2006 qui ont opposé forces de l’ordre et forces de sécurité. Une situation qui serait liée selon les députés du groupe, à "l’impunité, l’injustice et au désordre ambiant dans la conduite des affaires de l’Etat sous la IVe république. Et le décor est planté."

C’est le député Djéjouma Sanon, président du groupe parlementaire "Justice et démocratie" qui a ouvert le bal le 24 janvier dernier. Après le bilan de la session budgétaire ouverte le 27 septembre 2006, il s’est lancé dans le vif du sujet.

"Blaise a la paranoïa"

Il a justifié le choix de son groupe de voter contre la loi de finance 2007 par le fait que "le projet de budget soumis à l’examen des députés, ne peut ni lutter contre la pauvreté dans notre pays, ni fournir un espoir à notre peuple." Selon lui, il y a des incohérences entre la politique du gouvernement et sa manifestation chiffrée qu’est le budget de l’Etat. Et ce ne sont pas les arguments qui manquent.

Pour le groupe, la loi de finance 2007 pêche par : la faible capacité de l’Etat à financer le développement national, une affectation non prioritaire des crédits dans les infrastructures de prestige au détriment des secteurs prioritaires, le faible crédit accordé à la recherche, la faible considération accordée à l’éducation et la santé. Pour étayer ses propos, le député a avancé des chiffres.

Selon lui, le budget de l’Etat, gestion 2007, prévoit après arbitrage, 818 334 441 000 F CFA en recettes (soit une progression de 3,20% par rapport à 2006), 925 135 151 000 F CFA en dépenses (soit une progression de 3,70%). L’épargne budgétaire est donc de 27 596 823 000 F CFA et le besoin de financement de 101 800 710 000 F CFA, soit une hausse de 7,73%. Les dépenses totales auraient augmenté de 3,70% par rapport à l’année écoulée. Pour ce qui concerne les dépenses d’investissements exécutés par l’Etat, elles sont estimées à 465 726 974 000 F CFA.

A la suite du président du groupe "J&D", c’est le député Salif Ouédraogo de l’UNDD qui prend la parole. "Lorsque les ressources d’un pays sont limitées, il faut qu’on apprenne à vivre selon ses moyens. Il faut réduire le train de vie de l’Etat. Il faut éviter de faire des dépenses improductives ou de prestige. Nous sommes dans un pays classé parmi les 3 derniers du monde. Et on a aussi trop de ministères. Cela engendre beaucoup de dépenses", fera-t-il savoir.

Plus précis, le député Fidèle Hien, lui, se prononcera sur le fait que le pouvoir en place n’ait pas de priorité. Pour lui, il n’y a pas de raison d’ investir des milliards dans la construction d’un nouveau palais et des casernes qui l’entoureront pendant que les étudiants n’ont pas suffisamment d’espace dans les amphis. Et de continuer, "on peut accepter le fait qu’on construise un palais, mais un président élu avec plus de 80% des voix a-t-il besoin de casernes autour de lui ? C’est de la paranoïa. Une république a mieux à faire".

Les députés n’ont plus droit aux 3 millions

Ces remarques ne sont-elles pas synonymes d’une certaine jalousie des députés de l’opposition ? N’y a-t-il pas également beaucoup de députés à l’Assemblée nationale ? Les députés ont-ils encore touché les 3 millions cette année ? A combien est estimé le budget annuel de l’Assemblée nationale ?

Pour Salif Ouédraogo, les remarques du groupe ne sont nullement liées à une quelconque jalousie. C’est la démocratie qui demande cela : "Si nous étions au pouvoir, nous allions faire mieux". Djéjouma Sanon a quant à lui fait savoir que le nombre de députés a été établi sous la base d’un calcul et en fonction du nombre de Burkinabè, soit 1 député pour 100 000 habitants. L’opposition burkinabè n’a fait que conquérir le nombre de sièges proposés à l’Assemblée. Selon lui, le budget annuel de l’Assemblée nationale est d’environ 7 milliards de F CFA. Pour ce qui concerne les 3 millions des députés, il a déclaré que les honorables n’y ont plus droit.

Pour ce qui concerne le code électoral, le groupe J&D a dit regretter le fait que le CDP ait modifié le code électoral pourtant consensuellement élaboré en 2001. "Les calculs électoraux et le souci forcené de conserver le pouvoir contre toute éthique et même au mépris de la paix sociale, ont conduit le parti au pouvoir, le CDP à modifier ce code en avril 2004. Ces ajustements pirates ont vite montré leurs limites objectives au cours des scrutins présidentiel et municipaux précédents", a déclaré Djéjouma Sanon. Et d’ajouter qu’une proposition de loi visant à corriger l’incohérence juridique est actuellement en cours au niveau de l’opposition.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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